Accueil Chronique album : Deap Vally - Sistrionix, par Philippe
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Critique d'album

Deap Vally : "Sistrionix"

Deap Vally :

Pop - Rock

Critique écrite le 22 juillet 2013 par Philippe

Récemment, on se moquait ici assez peu charitablement de Hanni el Khatib, bogoss' ténébreux de Los Angeles, artisan correct d'un garage rock très plaisant... et totalement sans originalité. Force est de reconnaître que les Deap Vally, de la même cité des anges, émargent dans la même catégorie : "groupe qui aurait pu être génial, s'il n'était pas arrivé après un autre qui a tué à jamais le style". Hanni passera sans doute sa vie à imiter les Black Keys ? Fuck ! Les deux jolies minettes ne feront peut-être jamais rien de mieux que les à jamais référentiels White Stripes. C'est vrai que ce n'est pas fair-play pour elles d'arriver maintenant... Que peut-on faire en blues-rock bruyant et salingue, joué à deux sans tricher, en formation guitare/chant + batterie, que n'aient pas déjà fait le guitar hero de Third Man Records et sa frangine ? Sans doute rien.
En commençant leur album avec une très référencée The End of the World au power riff gras comme un chichi fregi, et en le finissant avec une chanson nommée Raw Material, on ne peut certes pas s'attendre à de l'ouvrage finement ciselée ! Et alors, who cares ? Est-ce pour autant qu'on aimera moins cette série B, furieusement attachante ? Cette chanteuse à la voix éraillée, geularde, sensuelle à s'en rouler par terre ? Qui rappelle assez fortement celle, ultrasexy, de Karen O (des Yeah Yeah Yeahs), par exemple sur les explosives Lies & Bad for my Body ? En plus, faut-il le rappeler, les White Stripes sont morts (enfin, on se comprend) et déjà à l'époque ils ne passaient pas souvent en France. Alors, on est bien content(e)s d'avoir une relève et on s'en contentera largement...
Car nom de Lemmy, elles savent y faire, les pétroleuses californiennes ! Pendant que Lindsey Troy braille et fracasse des riffs tous plus roboratifs les uns que les autres, Julie Edwards défonce ses caisses et cimbales avec l'enthousiasme d'un gorille violant un jeune juge en bois brut, d'un pitbull bouffant la gueule de son maître violent, ou d'un toro éviscérant un matador dans une belle gerbe de sang ! Bref, la chanteuse a beau avoir un prénom bucolique, elle n'est vraisemblablement qu'une pile électrique en surcharge démolissant conscienscieusement cordes et mediators jusqu'à ce qu'on lui remette sa camisole. Et la batteuse a beau avoir un prénom qui évoque la douceur, elle n'est vraisemblablement que violence déchaînée, dans un grand maëlstrom de cheveux, de baguettes fracturées et de peaux éventrées...
Evidemment l'ensemble des onze chansons de Sistrionix - exceptée la splendide et très sexuelle balade finale - est quelque peu monolithique. Mais monolithiquement bon ! Presque chaque titre semble avoir été scientifiquement pensé pour être jouissif guitaristiquement, batteriestiquement et vocalement. Non, étranger, même si toi avoir tout White Stripes en vinyle, toi pas possible résister à la trilogie Baby I Call Her, Walk of Shame, Gonna Make my own Money !... Et à la fin du disque, l'aficionado et l'aficionada n'auront que cette question aux lèvres : "Rhââââ, Deap Vally ! Où sont-elles programmées, quand vais-je pouvoir les voir, et comment je vais faire pour attendre d'ici là ?"
Pour ne pas devenir comme eux, une seule solution : ne commencez pas.
(2013)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 22 juillet 2013 par Philippe
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