Critique d'album
Mano Negra (Manu Chao) : "Out Of Time / DVD (x 2)"
C'était (déjà) en 1993 que l'aventure se termina (et plutôt mal comme il se doit) après 6 ans et 4 albums d'une tournée phénoménale, qui a traversé aussi bien toutes les MJC des banlieues de Paname, que tous les claques à filles de mauvaise vie de Pigalle, toutes les places du village d'Equateur et du Pérou, et même quelques salles bien crado au Japon et en Allemagne. Le groupe ayant à l'époque soigneusement évité toutes les salles de plus de 2000 spectateurs, ce qui lui a valu gloire et respect de la part du public français gavé de Téléphone (et a permis à un ado mal dans ses pompes de voir son premier - et à ce jour encore un de ses meilleurs concerts à Epinal, Vosges).
Et ce DVD n'est pas une compil bâclée d'images d'archives, loin de là ! Environ 2 ans de travail pour les anciens de la Main, qui l'ont pensé comme un ultime CD : identité visuelle soignée et affirmée, menus classieux, bonus archi-copieux, inédits... Principalement 4 documentaires (et quelques heures de live) dont le plus émouvant est Pura Vida !, qui retrace le tout en 96 minutes, des premières images de Manu Chao jouant du rockabilly à 15 ans (avant même les Hot Pants), aux dernières étapes de ce train égaré en Colombie, la tournée de trop qui a fait éclater (de façon mystérieuse et largement mythifiée depuis) un groupe pourtant au firmament de sa gloire.
De la petite histoire (un musicos expliquant, schéma à l'appui, comment dormir à 9 dans une camionnette) à la grande (par exemple, le dernier concert à la Défense qui était alors devenu une affaire d'état), avec interview de tous les protagonistes ou presque. Manu Chao qui a pourtant participé activement à l'opus, a en effet choisi de rester dans l'ombre pour laisser un peu causer les autres et on lui en sait gré : du roadie au bassiste, de celui qu'a pas changé de gueule ni de métier, à celui qui officie comme directeur et coacheur de Popstars chez Universal, ils ont plein de trucs sympas à raconter !
Au fil du visionnage on se rend compte qu'au fond, on a peut-être plus jamais aimé un groupe si fort que Mano Negra, même si on suit avec intérêt la carrière fluctuante de Manu Chao. Et puis surtout ici, on danse, on chante (voire, on pogote comme un débile) dans son salon au son de Sidi H'Bibi, Junky Beat, Malavida..., et tant et tant d'autres, et on se prend à rêver (puisque la porte reste entrouverte) d'une reformation, l'ultime, la seule qui nous rendrait plus heureux que celle des Pixies... Fut-elle à l'autre bout du monde qu'on s'y rendrait volontiers à pied, et en rampant même ! Bref un achat, comme d'ailleurs tout ce qui relève de Mano Negra, in-dis-pen-sa-ble.
Patchanka for ev'rybody con la Mano Negra !
(2006)
Critique écrite le 13 janvier 2006 par Philippe
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