Accueil Chronique album : Michael Kiwanuka - Home Again, par Philippe
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Critique d'album

Michael Kiwanuka : "Home Again"

Michael Kiwanuka :

Soul Funk Rap

Critique écrite le 24 mai 2012 par Philippe

"Je serai un soulman normal"... Osons une analogie avec l'actualité : si vous en avez marre du bling-bling souvent très présent dans la soul music (voir pour cela le flamboyant Cee-Lo Green, ou la très regrettée Amy Winehouse), voici ce qu'il vous faut : un chanteur discret, élégant et feutré. Qui a pourtant pas mal attiré les feux des médias récemment, signe des temps et de cette envie de simplicité, peut-être ? Londonien d'origine ougandaise, Michaël Kiwanuka mérite en tout cas un joli coup de projecteur....
D'abord parce qu'il a une voix claire, arrivant à être belle et marquante, et ce sans aucune ostentation ni fêlure particulière - quelque part entre Otis Redding et Bill Withers, si vous voyez. Lui-même paraît très discret - difficile d'imaginer plus humble que son clip de Home Again, qui comme plusieurs autres titres (superbe I'll get along), sonne instantanément comme un classique. Impression ô combien étrange pour un titre de soul 60's, surtout quand le chanteur n'a que 24 ans ... et en 2012 ! Et impression qu'on ne ressent généralement que pour les choses qu'on va aimer longtemps - dans le style, on repense par exemple aux tous premiers titres de Ben Harper.
Ensuite, parce qu'on entend dès Tell Me a Tale, derrière l'humble voix, des arrangements discrets mais d'une profondeur vertigineuse (voir par exemple Always Waiting ou I won't Lie), qui sont dûs à un certain Paul Butler, chanteur des plutôt confidentiels The Bees. Arrangements où l'on croit entendre, entre autres choses, des flûtes traversières directement décongelées des albums 60's joyeusement psychédéliques de Van Morrison !
Du coup, chacune des 10 chansons de cet album apporte une nuance de joyeuse mélancolie particulière (Rest). Et nombreuses d'entre elles agissent comme des baumes apaisants (les "Oh, Lord" d'I'm getting Ready donneraient presque envie d'entrer se recueillir dans une chapelle fraîche). Ou donnent au contraire une petite envie de faire valser les chaises : la chatoyante Bones mériterait bien qu'on fasse virevolter doucement cette jolie fille en robe, assise là-bas sous l'arbre ! Tandis que la complainte blues finale, Worry walks besides me, vous reste dans l'oreille bien après sa fin...
Alors peu importe qu'il ne révolutionne rien et qu'il soit assez référencé dans son style : force est de constater que 38 minutes seulement avec Michael Kiwanuka sont affreusement trop courtes, et entraînent généralement sans hésitation une deuxième, puis une troisième écoute. Vivement que ce jeune homme revienne jouer en France cet été, et si possible un peu plus longtemps que ça !

(2012)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 24 mai 2012 par Philippe
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