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Chronique de Concert

Cabaret

Cabaret en concert

Dôme - Marseille 15 Février 2012

Critique écrite le par

Alors, pour tout dire, après avoir entendu Leslie Venus (chroniqueuse dans Monte Le Son, excellentissime émission proposée par Gaël Leforestier sur France 4) décrire l'émotion qu'avait provoqué en elle la vision des fesses d'Emmanuel Moire, dans la nouvelle version de Cabaret ... J'ai bien compris qu'il ne me restait pas d'autre choix que de vérifier cela par moi même. Et oui, je sais, toujours ce grand sens du sacrifice qui me caractérise et cette soif d'en apprendre toujours plus sur le beau monde du spectacle !

Direction donc Le Dôme pour : 1 - me faire ma propre opinion de la chose et 2 - voir ce spectacle sur-primé, qui a fait les beaux jours de Broadway et du Studio 54 à New-York, sans parler de son adaptation cinématographique par Bob Fosse (avec rien de moins que Lisa Minnelli et Michael York dans les rôles principaux !) ... Bref, un spectacle peu un mythe quand même, qui va, je l'espère, garder ce soir son caractère juste politiquement incorrect, comme je les aime. En tout cas, la salle est pleine et le décor qui nous est déjà dévoilé laisse présager du meilleur : Un cadre géant, façon miroir de loge de cinéma, légèrement délabré et une scène sur deux niveaux. Chaises de bistrot, escaliers en colimaçon et portes vieillies ... Autant de promesses pour une belle mise en scène.



L'orchestre se met en place petit à petit et les danseuses s'échauffent en tenues négligées. On relace ses chaussures. On ajuste son costume. On a le sentiment de les surprendre pendant une répétition générale. Vision très Savaryenne du spectacle, qui me séduit déjà. Les filles viennent même scruter nos bobines avec leurs petits minois trop maquillés et nous lancent quelques regards impertinents. L'univers du Cabaret se met en place.

Mais c'est bien sûr Emcee (le bel Emmanuel Moire) qui va ouvrir le bal comme il se doit, en digne maître de cérémonie qu'il est. Le message est simple et clair : "Ici, la vie est magnifique ... Les filles sont magnifiques ... Même l'orchestre est magnifique ...!". Ensuite, va suivre l'entrée de l'héroïne de l'histoire, la belle Sally Bowles, qui nous lance un "Maman pense que je vis dans un couvent très retiré dans une belle province de France ..." Chanson merveilleusement pétillante (dont le texte est, j'imagine, un clin d'œil au titre du bouquin de Séguéla : Ne dites pas à ma mère que je suis dans la publicité ... Elle me croit pianiste dans un bordel). Le tout avec les filles (aussi bien celles de l'orchestre que les danseuses) en nuisettes et les garçons quasi torses nus. Tout le monde est dans le délire et c'est excellent pour mettre en place cet univers du Berlin un peu glauque et décadent des années 30. L'impertinence que j'espérait est au rendez-vous : Les chorés sont déjantées et un peu trash ... On parle de prostitution, d'homosexualité et même de bi-sexualité, on boit sans remords et Sally fume : Vive la loi Evin ... Enfin un spectacle qui s'assume !!

L'action se déplace sans cesse, tantôt sur le plancher de la scène, tantôt dans le cadre de lumière qui joue le miroir de star aux ampoules fatiguées, avec un Maître de Cérémonie qui évolue au milieu de tout cela comme un poisson dans l'eau. L'alternance des parties chantées et narratives se fait tout naturellement, avec les musiciens qui se mettent parfois à la rambarde pour regarder la scène en papotant ou en se poussant du coude. Quant à nous, nous sommes spectateurs tantôt de la représentation, tantôt de la la vie même de ce Cabaret. Côté pile, côté face. Avec un casting qui va réconcilier les femmes avec le monde des danseuses : Des filles gouailleuses, au tempérament bien trempé et au physique bien loin des images papier glacé des magazines ... Et des hommes qui assument tout, même leur part de féminité. Avec une mention spéciale pour ce petit moment de pur folie qui prône l'apologie du couple à trois, à grand renfort d'images pour le moins évocatrices en ombres chinoises (qui vont jusqu'à l'évocation du fist-fucking ... Ames sensibles s'abstenir ;) !!)



Inventivité, énergie, humour, talent : tout est là. L'orchestre au balcon est vraiment fantastique et le jeux d'étage qu'offre ce décor aux chanteurs et aux danseurs est super bien trouvé. Même les déplacements d'accessoires opérés par les Boys de la troupe trouvent leur place dans le spectacle. Les artistes sont magnifiés par toute la mise en scène et par la consistance qui est donnée aux personnages. On en prend plein la vue, dans un humour intelligent et subtil, avec chaque petit détail qui devient le prétexte pour laisser libre court à la fantaisie des auteurs ... Le vieux locataire qui offre un ananas à sa logeuse et se sont des fruits géants qui tombent des cintres et surtout les filles qui font un usage insoupçonné du chanceux bromeliaceae (perso, je ne regarderai plus jamais un ananas de la même manière !!).

Une fin de première partie en apothéose : Un Money magnifique (j'avais un peu peur de cette version en français, qui finalement est parfaite) et une satyre de la montée du nazisme dans cet entre deux guerres, avec une chanson bavaroise accompagnée par Fraülein Fritzie Kost à l'accordéon, dont la dernière note est saluée par le fameux cul d'Emmanuel Moire marqué d'une croix gammée (et je suis d'accord Leslie, ça vaut effectivement le détour ;) !!!!)

Après la pause, on retrouve notre orchestre, décidément toujours aussi rigolo ainsi costumé façon bastringue. C'est encore une fois Emcee qui ouvre le bal et dans tous les sens du terme. Il nous fait son show en commençant par faire coucou aux pauvres du fond de la salle. Descend ensuite dans le public pour y choisir sa victime ... Et c'est Mylène qui va décrocher le gros lot et gagner une valse sur scène. "Bon, les femmes c'est fait ... Les pauvres c'est fait ... Maintenant les hommes ... Mais il faut qu'il soit beau !" Cette fois, c'est Michael qui va avoir l'honneur d'être son cavalier, avec une petite séance de drague toute en poésie : "Tu veux quelque chose de germanique en toi ?!!"



Bref, l'histoire des locataires de la Fraülein Schneider et du Kit Kat Klub reprend son cours. Les musiciens, qui semblent s'éclater à la manière d'un bœuf entre potes, prennent la pause dans la cadre, avec toujours cet esthétisme ludique. En dessous, on a des Bluebell Girls en bottes à clous, avec Emcee en tête de lice. Encore quelques moment de pur bonheur, avec entre autre la déclaration de Comme Je La Vois interprétée en duo avec ... une gorille !! Toujours cet excellent sens du décalage avec, à chaque fois, les phrases les plus sérieuses du monde servie au milieu de la plus grande des dérisions. Respect à 100% de l'âme et l'esprit de Cabaret. Une approche intelligente et subtile du pire et du meilleur. A noter également et même tout particulièrement, un solo de Claire Perot absolument fabuleux, nous offrant une présence et une voix à tomber par terre.

Au terme de toutes ces péripéties, notre héros Cliff Bradshaw se retrouve seul. Son aventure berlinoise s'achève bien tristement et la fameuse inspiration qu'il recherchait pour écrire son roman lui vient enfin, comme une évidence. L'histoire recommence, ou plutôt se termine pour laisser place à l'Histoire, la vrai. Cette triste réalité de l'Histoire, qui reprend ses droits. La fin est terrible et magnifique à la fois. Splendide. Ils nous saluent ensuite sobrement et finissent vraiment dignement ce très beau spectacle. Une superbe soirée et une tournée à suivre, sans le moindre doute.



Emmanuel Moire : Emcee
Claire Perot : Sally Bowles
Geoffroy Guerrier : Cliff Bradshaw
Patrick Mazet : Ernst Ludwig
Jocelyne Sand : Fraülein Schneider
Pierre Reggiani : Herr Schultz
Delphine Grandsart : Fraülein Fritzie Kost (Accordéon)

Acte 1
1 - Willkommen
2 - Qu'importe
3 - Ne Dite Rien A Maman
4 - Mein Herr
5 - Le Plus Merveilleux Des Bonheurs
6 - Deux Ladies
7 - Un Ananas
8 - Demain N'appartient Qu'à Moi
9 - Peut-Etre Bien
10 - Money
11 - Marié
12 - Demain N'appartien Qu'à Moi (Reprise)

Acte 2
13 - Entracte
14 - Marié (Reprise)
15 - Comme Je La Vois
16 - Que Feriez Vous ?
17 - Je M'en Fous
18 - Cabaret
19 - Final

Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte

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