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Chronique de Concert

Guns n' Roses

Guns n' Roses en concert

Stade de France, Paris 7 juillet 2017

Critique écrite le par

6 juin 1992, les Guns N' Roses débarquaient pour la première fois en France pour soutenir leur Nouvel album : "Use Your Illusion (I et II)". La tournée s'appelait "Get in The ring", et le concert avait lieu à L'hippodrome de Vincennes devant près de 100 000 personnes. La moyenne d'âge du public était de 15 / 25 ans. A quelques jours du Bac, bon nombre d'entre eux avaient bravé des interdits familiaux pour aller voir le gang de Los Angeles. Celui-ci était alors au sommet de son art. A moins de trente ans, Axl , Slash, Duff, Gilbie clark, Matt sorrum et Izzy stradlin étaient, grâce aux raz de marée d' "Appetite for Destruction" et de "Use your illusion", le plus gros groupe du monde.

C'est un concert d'Anthologie que donnèrent les Guns en ce 6 juin 1992. Les premières parties étaient assurées par Soundgarden et Faith No More. Ils se payaient le luxe d'inviter Lenny Kravitz et Aerosmith pour jammer en guest star avec eux. Le public était en ébullition ! Ça sautait, poussait, hurlait, pogotait, slammait comme jamais je n'avais vu cela et probablement comme jamais je ne l'ai revu par la suite et le groupe jouait dans une osmose et une communion parfaite... Ce sommet était quelque part aussi leur chant du cygne. Dans les semaines qui suivirent, l'explosion de Nirvana et du grunge allait littéralement ringardiser la posture hard rock à l'ancienne du groupe. Les querelles sur fond de drogues et d'égo et le manque d'inspiration ne tardèrent pas à faire exploser le groupe juste après un concert parisien raté à Bercy pour la promotion de l'album de reprises "The spaghetti incident". Slash et Duff quittèrent le groupe en laissant les reines à Axl Rose, alors totalement alcoolique et névrosé, qui transforma ce qui restait du groupe (son nom) en un projet solo.



Après des années de silence et l'accouchement dans la douleur d'un album anecdotique malgré un budget pharaonique, Axl et son backing band, retrouvèrent le chemin des salles de concert sous le nom des Guns n' Roses, sans que personne ne soit dupe de la supercherie et surtout sans retrouver ne serait-ce que l'ombre de la légende du groupe. Car les Guns ne peuvent pas se résumer à Axl Rose. Comme MacCartney et Lennon avec les Beatles, Jagger et Richards avec les Stones, Page et Plant chez Led Zeppelin, Iommi et Osbourne dans Black Sabbath, Gore et Gahan dans Depeche Mode, Gilmour et Waters dans Pink Floyd, les Guns n' Roses ne peuvent être les Guns n'Roses uniquemente si Axl Rose et Slash sont présents ! Et lorsqu'on demandait ces dernières années si une réunion des deux têtes pensantes du groupe était envisageable, la réponse était cinglante : "Not in this LifeTime !!!"

Mais à l'époque où les disques ne se vendent plus, ou les droits d'auteurs générés par les plates forme de streaming se sont réduits à des peaux de chagrins, les temps sont durs pour des musiciens ayant connu l'apogée du Music Business. Leurs trains de vie délirants, les pensions alimentaires, les gouffres laissés par des placements hasardeux ainsi que les excès de générosité dispensés auprès d'un entourage vampirique ont vite fait de ramener des musiciens comme les Guns sur les pas de leur légende.

Et quand, la world company Live Nation leur propose de faire une tournée Mondiale de 119 concerts, et que le cachet est de 2 millions de dollars par concert pour chaque musicien d'origine, les querelles, même ancestrales finissent par s'estomper... C'est ce qui nous vaut de nous retrouver sur le chemin du Stade de France pour applaudir Axl, Slash, Duff McKagan et Dizzy Reed qui sont les seuls rescapés du groupe, 25 ans après le concert de l'Hippodrome de Vincennes pour une tournée qu'ils ont baptisé avec humour : "The not in this Life time tour".

Il n'est jamais bon de courir après ses souvenirs de jeunesse. 25 ans après, on a toutes les chances d'être déçu et de briser la magie qui reste de souvenirs iconiques. C'est d'autant plus vrai au Stade de France, qui est le pire endroit pour voir un concert de rock. Cette enceinte sinistre et aseptisée est toujours le théâtre d'un son froid et compressé qui raisonne contre le béton des tribunes. Elle aspire les clameurs et tue toute la chaleur propre à l'expression d'un public lors d'un grand Concert de rock.



Pourtant les Guns n'Roses version 2017 font le job ! Avec un concert de plus de 3 heures où seront joués 28 titres, on ne peut pas dire qu'on n'en a pas eu pour notre argent ! Cependant, c'est à un concert nécrophile auquel on a l'impression d'assister.
Les plus grands titres sont joués, Axl et Slash sont bien là et eux aussi, ils font le job aussi bien qu'ils le peuvent.Mais, si Slash, affublé de son traditionnel chapeau haut de forme, surnage totalement pendant tout le concert, car il est encore meilleur techniquement qu'il ne l'était il y a 25 ans, on ne peut pas en dire autant d'Axl Rose ! Comme tous ceux qui étaient à Vincennes, Axl, malgré ses bandanas, ses bagouses et son look de redneck, a pris 25 ans dans la vue, et même s'il fait preuve d'un professionnalisme sans faille (ce qui est assez nouveau chez lui), on ne sent pas de conviction, ni de plaisir dans sa prestation. Sa voix est parfois chancelante, mais elle l'a toujours été, mais c'est le vide de son regard qui frappe. Un regard vitreux qui témoigne d'années d'excès en tout genre, ce qui fait qu'à aucun moment, on ne le sent en osmose avec le reste du groupe. C'est donc une prestation désincarnée, presque sans âme à laquelle on assiste.

Ce sentiment est renforcé par le fait que les Guns ont commencé le concert très tôt, en plein jour, ce qui est loin d'être idéal pour l'ambiance, et que le public, qui a désormais 40 à 50 ans, écoute finalement poliment les Guns en s'encanaillant à prendre des selfies, qu'il postera ensuite sur les réseaux sociaux pour dire : J'y étais !! C'est d'ailleurs assez triste car, non, il n'y était pas. Pour y être il faudrait revenir en 1992 ! Et le mec qui se serait amusé à tenter un selfie dans la fosse de l'hippodrome de Vincennes n'aurait probablement jamais retrouvé son téléphone...



Malgré tout, les Guns n' Roses ont de grandes chansons et arrivent à nous emmener avec eux sur "Sweet child of Mine", "Civil War", "Coma" ou "november rain". Ils ont plus de mal sur les brulots comme " My Michelle", "Nightrain" ou "Yyou Could be mine".
Les moments où ils sont les meilleurs sont probablement dans les grandes phases instrumentales ou les solos de Slash s'envolent, ou quand ce dernier ferraille avec le deuxième guitariste. La relecture du "Thème du Parrai"n, ou du final de "Layla" de Clapton dans "Les affranchis", montrent que les Guns ont de solides références cinématographiques, mais aussi qu'ils restent un groupe très au-dessus de la moyenne !

Ce qui frappe aussi, c'est que malgré un répertoire en or massif, les Guns sont un très bon groupe de reprises. Outre "Le parrain" et "Layla", leurs versions de "Knocking en Heaven's door" et de "Live and let die" font partie de la légende et ont bien entendu été jouées au Stade de France. Mais, au cours du concert, ils ont aussi repris "New rose" des Damned, "Wish you were here" de Pink Floyd, "Black Hole sun" de Soundgarden et "Whole lotta Rosie" d'AC/DC. Le concert se terminera sur un très court rappel qui les verra reprendre "Don't Cry" avant de finir sur "The seeker",( une reprise des Who), puis comme il se doit sur "Paradise City".

C'est au final un sentiment mitigé qui m'habite au moment où je quitte le concert. Bien sûr, je suis heureux d'avoir vu les Guns une nouvelle fois sur scène et j'aurais été très malheureux de ne pas les voir. Mais au final ce concert est à l'image de son époque : froide et désenchantée... Celui de Vincennes était à l'image d'une autre, pleine d'effervescence de naïveté et d'optimisme. La moralité est que cette tournée porte bien son nom et que les Guns n' Rroses sur scène seront désormais pour moi: "Not in this lifetime" !! Une promesse qui, on l'a vu, n'est pas nécessairement faite pour être tenue...


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