Accueil Chronique de concert Les Pirates Marginaux + Le Brame
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Chronique de Concert

Les Pirates Marginaux + Le Brame

Les Pirates Marginaux + Le Brame en concert

La Salle Gueule, Marseille 2 avril 2016

Critique écrite le par

Un samedi à la météo d'angoisse qui s'achève à La Salle Gueule avec un concert de hip hop indé, ‘or ‘ des sentiers battus du rap old school gangsta-resta sous le feu des projecteurs marseillais. Ce soir, Panda Records présente les locaux Pirates Marginaux ( Poètes ? mettez vous d'accord les gars, entre le flyer et le bandcamp..) et le lingrois Le Brame (aka le son flippant du cerf en rut).


Les Poètes Marginaux ( Pirates ?..) toastent à deux puis trois avec un "ordi pourri", parlent galère, fume et gardav ; ça sent les fonds de cendars, les fins de mois kebabs, l'apéro de la débauche. L'instru est parfois playful, travaille les influences orientales, voire les clins d'œil improbables ( Prodigy ) mais reste sombre et plombée, paranoïaque, bien résumée dans Green House . Leur LP Frontière explore les frontières de l'esprit, malmené, sclérosé, qu'on laisse volontiers s'envoler entre deux coups de Disqueuse . Le toast à plusieurs voix donne du rythme, accentue les punchline, habille l'espace. Ils ne délivrent pas le cliché marseillais à grand renfort d'accent ni de références mais distillent du vécu, de la dédicace aux prolos, de la routine rouillée qu'on embrase à coup de bédos bien chargés.


Enchaine Le Brame . Forcément, pour avoir un nom comme ça, on se dit que le type a des accointances forestières, alors on fait des recherches, et bingo, on découvre que son bourg d'origine (oui, oui, en deçà d'un certain nombre d'habitants, on ne peut plus décemment dire "ville") se surnomme volontiers "la Carcassonne du nord". Ça sent donc la chasse à cour et pourtant son flow est confidentiel et ses lyrics intelligents. Dans l'instru (du même "ordi pourri"), on retrouve bien des samples d'instruments à cordes (qu'on a aussi en version acoustique dans son bandcamp) ainsi qu'une ambiance dark, mais c'est un pont-levis que je ne m'abaisserai pas à relever. L'electro minimaliste porte bien les lyrics existentielles d' "un éternel recommencement" sur une "banale planète". Ça fonctionne, et malgré le public clairsemé, ça joue le jeu et l'on reprend les punchlines en chœur. Ses quelques faux départs et son charisme timide nous séduisent, enfin moins que sa petite meuf du premier rang en mode full support. En tout cas, l'homme est productif, il a déjà sorti un LP en 2014, Bramaturgie à l'esthétique canon et aux nombreux featurings. On retrouve bien la veine saillante du hip hop français newskool de petit blanc middle-class, sombre, désabusé et minimaliste, de thug emo à la prod ciselée et couturée plus que brute et suturée. Mention spéciale pour Le texte parfait , inspirant et bien senti.

La soirée s'achève sur un timide open mic et on sera les derniers à squatter le comptoir, entre cocktails relous et flingues en plastique. Je repars avec une sérigraphie précisément forestière d'un renard "half dead" pour rester dans l'esprit de la soirée, et laisse mon acolyte se perdre dans les méandres d'une after de vieux.

https://lithiumdynamic.bandcamp.com/album/fronti-re
https://lebrame.bandcamp.com/