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Interview d'Yseult lors de son passage au festival Holocène

Interview d'Yseult lors de son passage au festival Holocène en concert

Festival Holocène, Summum de Grenoble Octobre 2019

Interview réalisée le 23 octobre 2019 par Lily Rosana

Yseult, une femme qui n'a rien à prouver.

Entre schéma corporel et image du corps, elle s'impose là. Capitaine de son âme, invincible femme noire, femme de tête, artiste. Yseult revient aujourd'hui avec deux EP : "Rouge" et "Noir". Rouge comme le sang qui coule dans ses veines, Noir comme sa peau d'ébène. Ses mots sont simples et francs, honnêtes et juste, parce qu'elle est juste elle. Au son comme à l'image, Yseult n'a pas peur de se mettre à nue. Dans "Rien à prouver", ses mains dessinent des chorégraphies comme pour souligner ses états d'âme, mais pas seulement. Si elle fait part de ses luttes et de son histoire, c'est aussi de nous dont elle parle. De nos inhibitions, de l'image que nous avons de nous-mêmes et de celle que nous voulons renvoyer. Entre image de soi, musicalité et mise à nue, Yseult revient à son public avec un travail incroyable et pur qu'elle présente de scène en scène. C'est le lendemain du MaMa Festival que je l'ai interviewée, à l'occasion du festival Holocène à Grenoble, au Summum. Rencontre avec une bombe.



Tu sors du MaMa festival, tu enchaînes avec celui de Holocène, t'as de l'énergie à revendre toi !
J'attendais cette date depuis tellement longtemps... Quand c'est arrivé, j'étais en mode "aaaah fou!", tu vois ? C'était trop bien... Et t'étais pas là ! (elle rit) Comme ce soir, il y avait Pongo aussi, du lourd. Je me disais "Sérieux je vais passer après elle ?", Quelle folie. Elle n'est pas là pour blaguer ! J'étais prête de fou mais même si mon projet est solide, la pression est quand même là lorsque tu montes sur la même scène que des artistes comme Pongo ou Irma.

Alors, raconte, c'est quoi l'histoire d'Yseult ?
C'est l'histoire d'une meuf qui a juste 25 piges et qui a du recul par rapport à ce qu'elle a vécu dans ses relations amicales, familiales, amoureuses. Une femme qui s'assume corporellement, esthétiquement. Il n'y a qu'aujourd'hui que je comprends les sacrifices de mes parents, que je peux leur demander pardon pour mon insolence. Il n'y a qu'aujourd'hui que je comprends le mal être qu'a vécu mon frère dans le passé. C'est ce que je raconte dans "Corps" (issu de l'EP "Noir")

Parle-moi de ton retour avec tes deux EP...
"Noir" est sorti aujourd'hui (le 18 octobre 2019), c'est mon préféré. L'EP "Rouge" était comme une césure entre ce que je faisais avant et ce que je fais maintenant. L'EP "Noir" affirme mon identité artistique, lui donne de la force.

"Rien à prouver" est le dernier titre de l'EP mais le premier à avoir été clippé. Pourquoi ?
Même si "Rien à prouver" n'a pas eu le succès qu'il méritait d'avoir selon moi, ce titre a sa place ici, en premier clip. Que ce soit musicalement ou à cause de son écriture frontale, de son honnêteté. Ce titre dessine les contours de mon identité. Il emmène les gens vers "Noir" puis vers les autres morceaux de l'EP, comme pour la lecture d'une histoire. Celle que je raconte à travers cet opus.



Est-ce que tu supervises tout ?
Oui. Même si c'est un travail d'équipe, je supervise tout : la réalisation, la prod... Je crée l'image, j'écris les synopsis des clips. C'est beaucoup de travail mais j'aime beaucoup l'image et je prends du plaisir. Je t'avoue que j'aimerais énormément travailler pour les autres dans ce domaine. J'aime vraiment ça !

Ton travail sur l'EP "Noir" évolue autour de l'image de soi. Quelles représentations fais-tu de toi-même dans le clip "Rien à prouver" ?
Sur "Rien à prouver", je voulais un clip neutre où je ne pouvais pas me cacher, où je devais affronter celle que j'incarne aujourd'hui et la petite fille qui ne s'aimait pas trop avant. Dans ce mini court-métrage, je suis l'ange et le démon, celle qui accuse et celle qui valorise. J'ai d'abord écrit ce titre pour moi. Depuis l'enfance, on nous apprend beaucoup à aimer et à respecter l'autre mais on ne nous apprend pas à nous aimer et à nous respecter nous-même, surtout en tant que femme. Nous prouver à nous-même en premier lieu que nous sommes capables de réussir est plus important que de le prouver à autrui.



Est-ce que pour toi c'est important aujourd'hui d'être une artiste engagée ?
On est dans une génération qui nous permet d'élever nos voix grâce notamment aux réseaux sociaux. On vit dans une époque où il y a encore beaucoup de choses à changer mais où la lutte est forte. On se doit de s'engager personnellement pour faire avancer les choses, pas seulement artistiquement. Je me dois de faire cet effort. Je le dois à mon travail aussi.

Tu portes ton projet, c'est passionnant...
Je suis tellement fière de ce projet, de ce qu'il communique, du travail de Judith Veenendaal sur "Rien à prouver". Elle m'a comprise, elle a su cerner ce que je voulais. Mais quel talent cette femme ! Je travaillerais encore avec elle, c'est sûr. Tu sais je suis hyper exigeante envers moi-même et j'applique, je l'avoue, cette exigence envers les autres. Mon équipe est très courageuse de me supporter (elle rit). Je fais ce métier très sérieusement. Premièrement parce que oui, je veux en vivre. De deux, parce que c'est ma passion et que j'ai des choses à dire, à transmettre. Même si ça n'a pas le succès des artistes ultra médiatisés, je sais que les gens de mon public ont conscience du travail que je fournis et de mon implication. C'est le plus important pour moi.



À ce jour, Yseult est dans le top 10 des albums en France. Son titre "Rien à prouver" a été streamé plus d'un million de fois. La totalité des vues de ses clips de l'EP "Noir" ont largement dépassé le million. Jusqu'où ira-t-elle ? Ça, seul l'avenir nous le dira. Mais ici, on y croit fort ! Yseult, une artiste d'aujourd'hui et aussi de demain....

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