Accueil Chronique album : Devo - Something For Everybody, par Philippe
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Critique d'album

Devo : "Something For Everybody"

Devo :

Pop - Rock

Critique écrite le 22 mars 2011 par Philippe

Pas faciles à choper sur scène (seul un certain Pirlouiiiit y a réussi en 2005 et encore, à New York), les Devo n'avaient certes pas enregistré d'album depuis 20 ans, quand est paru ce Something of Everybody en 2010. Groupe post-punk sous influence krautrock, à l'aspect aussi crétin que leurs textes situationnistes étaient/sont malins, ils ont toujours été instantanément reconnaissables à leurs déguisements colorés, et à leurs tronches pas possibles historiquement couverts de cache-pots en plastique. Ils trainaient donc un côté culte, qui compensait leur relatif anonymat au 21ième siècle, jusqu'à l'année passée où ils sont repartis à la conquête de leur Amérique natale dans une tournée qui s'est avérée - paraît-il - triomphale. Et ce même si bien sûr, ils sont maintenant plutôt quinquagénaires et bedonnant et semblent désormais tourner à la pinte, plutôt qu'au speed.
Il faut dire qu'ils s'étaient armés de ce disque à la pochette chic et choc, qui suggère que le Devo nouveau (matérialisé par son célèbre chapeau) se consomme comme une gourmandise. Et en effet, difficile de résister à cette jolie collection de titres idéaux contre la morosité, notamment le jouissif tube électro-pop, débile et (donc) susceptible de les relancer pour 20 ans, Don't shoot (I'm a man) !
Quand ils arrivent à peu près à rester sérieux, ils font du punk'n'roll pétaradant et vraiment chouette (So Fresh n'est pas si loin des Hives dernière époque, par exemple, tout comme Please baby please). Mais le plus souvent, ça dérape franchement dans l'électro pop paillard (What we do, Human Rocket ou la sautillante Cameo), le pop rock avec petits bruits de consoles de jeu (Mind Games, très B 52's, ou Step Up, plutôt New Order), voire le p/funk putassier & inflammateur de dance floor (Later is now), quitte à flirter parfois franchement avec le kitsch (No Place like home, March on, qui a dit Pet Shop Boys ?)
Bien sûr face à une telle déferlante de friandises colorées, les gens de goût pourraient faire la fine bouche, mais après tout, ce n'est pas parce qu'on est amateur de théatre qu'on ne peut pas apprécier un après-midi au cirque, ou bien ? C'est moins raffiné sans doute, mais à n'en pas douter, Devo ça doit être plus fun sur scène que leurs contemporains d'A Certain Ratio... Gageons qu'un jour ou l'autres ces joyeux drilles, que leur bonne humeur a au moins permis de traverser les décennies sans jamais atteindre l'age adulte, remonteront déconner en live, et qu'on les y redécouvrira alors avec un grand plaisir.
(2010)
PS par Western Manooch : la couleur funky electro strass de ce disque vient surtout du fait que Santigold et sa clique (John Hill) ainsi que des gars ayant œuvré pour feu Mo'Wax (Nichita, John King) y ont mis leurs paluches pleines de doigts !!
Vignette Philippe

 Critique écrite le 22 mars 2011 par Philippe
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