Accueil Chronique de concert Beth Hart / Nikki Yanofsky (festival Les Arts Verts)
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Chronique de Concert

Beth Hart / Nikki Yanofsky (festival Les Arts Verts)

Beth Hart / Nikki Yanofsky (festival Les Arts Verts) en concert

Théâtre de Verdure Gémenos 15 juillet 2014

Critique écrite le par



"Hart & Soul !"

Hors d'Œuvre...
Le soleil couchant est splendide, le lieu, hors normes, les pins posté tout autour : rafraîchissant et dépaysant. Pourquoi est-ce que je bous en interne, alors, en un tel cadre ?
La réponse tiens en un petit bout de fille gironde se dandinant plutôt gauchement en face dans son short en jeans "mini, mini, mini". Dotée d'une voix (à défaut d'un permis de port de chant) la dénommée Nikki Yanovski se sera évertuée, tout au long de sa prestation, dite de "première partie", à jouer aux montagnes russes avec ses cordes souples et élastiques ; oubliant ainsi, la plupart du temps, qu'une belle performance ne se résume pas à un grand nombre de notes jouées ou jetées à la face du public en dépit du bon sens (comme pour remplir absolument le moindre interstice ou couper la plus infime des respirations) sans aucune raison d'être ou musicale nécessité.
Accompagnée d'un groupe taillé pour reprendre des standards du Jazz, Swing ou Rock - dans quelque hôtel très huppé de Montréal ou garden party d'après mariage à l'Américaine - elle semble avoir rayé toute possibilité d'émotion de son GPS perso. Fort dommage. Pour elle, et pour nous.
Les premiers morceaux joués m'ayant fait penser à la mauvaise période "variétoche" de Michael Franks, je décide rapidement d'aller me sustenter au bar de ce lieu enchanteur ; mauvaise surprise : il a beau n'être encore que 20 h 30, et le thermomètre toujours avoisiner les 27°, il n'y a déjà plus d'eau en vente libre ici !?? (que des boissons gazeuses sucrées ou alcoolisées) quant aux frites proposées en barquettes, le temps d'attente indécent annoncé me laisse pantois et me pousse carrément à refuser l'offre pour remiser définitivement mes canines au fond, tout au fond, du fond, du sac.

Sur scène, après avoir massacré l'antique C'est si Bon (Suzy Delair, puis Louis Armstrong) Darling Nikki s'enorgueilli d'avoir piqué l'essentiel de son nouveau TUBE (?) au Parce Que Tu Crois de Charles Aznavour. Olive sur la coke, elle se prend subitement le "melon" et se permet de s'attaquer au mythique I'd Rather Go Blind AVANT l'arrivée de Beth Hart (quant on sait ce qu'icelle en fait, généralement... ça peut laisser rêveur, pantois ou irrité, c'est selon). Une version sans moelle, ni raison d'être. Une fois de plus, c'est de la grimpette de sommets enchaînés sans débander un instant sur son bel engin ; du sexe appris sur papier ; du théorique ; du rêvé ; du blanc ; de l'immaculé de sa conception ; du pas "sale" qui ne suinte pas et sent toujours bon à toute occasion et dans toutes les positions... superfétatoire et "gonflé".
Impression globale confirmée, lors du dernier "pot pourri" décliné, durant lequel l'ensemble (en place, par contre, musicalement parlant) oscille mollement entre bar à cocktails sur Copacabana et coupe de champ' partagée aux côtés du Tom Jones en costume lamé de Las Végas !
Un pur produit de la musique Nord-Américaine (en l'état actuel) à classer définitivement au sein des nombreux (précédents) "produits" du genre, qui finissent souvent par "percer" ou atteindre leur but, étrangement...

Au plus proche de l'os !
Ce qui choque, et réjouit d'un même élan, dès l'entrée en scène de l'accorte Beth Hart, c'est que la donzelle soit capable de se chauffer ainsi la voix sur l'inestimable Nutbush City Limits popularisé en son temps par la grande sœur braillarde Tina (& Ike Turner). Une prouesse en soi qui glace et enchante à la fois ; qui ne peut qu'interroger légitimement sur la différence de division séparant, en l'état, la native de Los Angeles, de sa "cadette" Canadienne encore vouée au jardin d'enfants ou autres premières parties, pour l'heure...
Le groupe est manifestement en mode "rodage", pour l'heure, mais la dame n'en a cure et se lance de facto dans le splendide Baddest Blues : "L'homme est pareil à la drogue, humilant / Mais je n'en ai jamais assez... / Et cet homme me fait plonger à sa suite / Jusqu'au plus profond de mon blues" ; si ça n'est pas du "vécu" et du "vrai", "ça"...
Une descente menée au sein de l'obscur, un voyage au centre de l'humain en souffrance, qui renvoie immanquablement (fond et forme) vers son aînée : la regrettée Nina Simone ; longtemps en proie, elle aussi, à sombrer en de nombreuses et variées addictions, cruelles expériences et douloureux déchirements. Impression corroborée dès l'intro de la suivante, sobrement nommée Learning To Live : "il semblerait qu'au cours de ma vie, j'aurais toujours tout dû apprendre de la plus dure des façons !". Dont acte. Une version illuminée d'une très belle maîtrise vocale : visiblement apprise à force de shows donnés un peu partout, dans toutes les conditions (positions ?) et états, durant ses années d'apprentissage laborieux du "métier".

Après un bel intermède "jazzy crasseux", offert quelques minutes plus loin et gardé savamment sous pression tout du long - comme si elle chassait de soudain sur les terres moites et poisses du gars Tom... Waits ! - la tension retombe franchement en raison d'une paire de chansons, un rien trop "lourdes", semblant hésiter de longue entre les fantômes de Led Zeppelin et le blues paysan dépenaillé des Lynyrd Skynyrd (Well, Well) l'ensemble a beau être "carré" et en "place", ça ne fonctionne jamais que modérément, voire, pas du tout, selon affinités sélectives.

Fort heureusement, le retour aux ivoires du piano permettra à l'ensemble de retrouver une certaine cohérence, avec le très joliment troussé Thru The Window of My Mind, notamment : "Je pourrais m'évader au travers des fenêtres de mon esprit / Mais ne te laisserai jamais derrière / J'ai entrevu l'endroit où les gens brisés vont se cacher / Je veux connaître l'amour, le vrai, avant de mourir..." ; une chanson bénéficiant en sus d'une note "finale" des plus impressionnantes : semblant surgir en droite ligne des tréfonds d'une existence ignorant jusqu'au concept même d'une vie balisée, pensée, rectiligne.
Après une courte, mais "vraie", déclaration d'amour lancée d'émotion à l'adresse de son mari afin de symboliser ici une union entre deux êtres qu'elle aura longtemps cru impossible, ou en tout cas pas faîte du tout pour elle - "Je ne suis pas une femme facile à vivre, dieu sait à quel point !" - elle se lance à l'assaut du plus que personnel With You Everyday ; concentré et aux ordres, le groupe la suit puis la regarde "habiter" le tout d'une performance vocale de très haut vol, dantesque !

Extrait du dernier et épastrouillant album éponyme, Bang, Bang, Boom, Boom revient mettre un peu de nerf au sein d'un théâtre de verdure visiblement sous "emprise" : "Je serai Bonnie, Tu sera Clyde / Un suicide Rock'N'Roll / Rendez-vous de l'autre "côté"...". Du lourd. En la regardant évoluer d'un bout à l'autre de la scène ou se poster juste devant, accroupie et gouailleuse, on ne peut que l'imaginer (dans l'temps) noyer ses humeurs, peurs et carences, au sein d'un rade pourri et humide du Midwest avant de rencontrer la mâle aventure pour tout larguer à jamais : "Bang, Bang, dans un anneau de feu / Bang, Bang, mon amour est sincère / Bang, Bang, j'aimerais mourir pour toi / Et le dernier Bang, Bang, sera sans doute pour toi....

Durant un court instant, j'aurais vu repasser, devant mes yeux embués, le fantôme rachitique et perturbé de la défunte Amy Winehouse. C'est très certainement dans ce type de mid tempos, comme son (ex) alter ego sous chignon, qu'elle excelle et se surpasse : un morceau prétexte au premier long solo de la soirée, plutôt réussi et tiré ou vrillé sur manche de Gibson par P J Barth. Fort heureusement - les puristes à guitare ne seront pas du tout du même avis, mais c'est le mien qui est exposé, céans - nous ne sommes pas dans la continuité de la tournée Don't Explain (2012) entamée avec le soliste Joe Bonamassa (également présent sur le très impressionnant Live In Amsterdam/2014) et les solos se comptent ce soir sur les doigts d'une paire de moufles élimée.
La suite du show se fera même globalement acoustique (même si la bougresse avoue être très loin de maîtriser cet instrument, comme le piano) et mettra en avant des talents de songwriter finalement (parfois) proches de la Carole King de Tapestry. Dotée d'un large éventail vocal, lui permettant à l'occasion de s'introduire de furtif sur les cimes de l'inusable Emmylou (Harris), elle opèrera également une troublante mise à nu de plus destinée à remercier chaudement sa mère pour l'ensemble de son œuvre passée.
Si l'on rit, à son évocation, de l'enchaînement de circonstances l'ayant finalement conduit à vivre dans "La plus laide des maisons du quartier !" (The Ugliest House On The Block) on ne refuse pas non plus de la suivre sur de tout autres terrains accidentés, perclus d'émotions à fleur de peau sur nerfs à vifs : "Je t'ai fait souffrir, laissé derrière, attendant sous la pluie / Tandis que je luttais avec mes démons dans le désert de ma peine / Tu me connais mieux que le poison qui coule en mes veines..." (My California).
Un Spirit of God, plus loin, nous v'la penchés sur la pierre fraiche des fonds baptismaux.
Une émotion unique vient de naître ici, sous nos yeux embués, avant que d'se décider à aller traverser fissa le grand canyon sur un fil humide, ballotant et mité au cœur. Je la regarde s'éloigner en la remerciant d'exister, juste...


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