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Chronique de Concert

Violon Profond

L'escapade, Clermont-Ferrand 1er mars 2002

Critique écrite le par

Attention, OVNI ! Tom Reck m'avait prévenu que c'était un spectacle à voir absolument, et bien je n'ai pas été déçu ! Original, drôle, éducatif, musical... Tony Violon, au violoncelle avec distorsion, et Jerry Profond, au chant et aux gesticulations multiples, nous ont fait toucher du doigt ce qu'est l'esprit du rock ‘n' roll avec un grand "r" ! Comme ils se présentent habillés en queue de pie, le spectateur inexpérimenté se dit alors que la musique de chambre, c'est chiant. Que neni ! Car si Violon Profond a pour but de redonner ses lettres de noblesse au heavy metal symphonique, son credo est aussi de redynamiser la musique de chambre. Après un discours d'introduction assez hilarant de Jerry, Tony commence une intro qui me rappelle quelque chose...



Argggghhhhhhh ! C'est "Antisocial" de Trust ! Ils déploient une telle conviction pour interpréter ce classique signé Bernie Bonvoisin/Nono qu'on a l'impression qu'il a été écrit pour un duo violoncelle/chant. Pour un peu, j'en perdrais mon sang froid... Tin, tin, tin !



Et voilà "Fumée sur l'eau" de Deep Purple ! Grâce à la traduction littérale des paroles en français, on comprend mieux cet épisode dramatique du casino de Montreux, proche du lac de Genève.
Pour créer un classique du hard-rock, la première qualité est l'observation : il y a de la fumée sur l'eau du lac et bien, hop, voilà le début du refrain : "Smoke on the water" ! Il y a du feu dans le ciel, la suite arrive : "and fire in the sky" ! C'est simple la musique...



Bien sûr, après, il faut trouver le riff qui tue. Ils enchaînent avec un autre hymne : "L'autoroute de l'enfer" d'AC/DC. Oh yeah baby ! !
Très fan de hard-rock lors d'une adolescence difficile, fasciné par le son du violoncelle, et ne comprenant pas grand chose aux paroles hurlées par des chanteurs énervés et souvent drogués jusqu'aux oreilles (oui, messieurs dames !), je trouve en Violon Profond la réponse à toutes mes attentes les plus secrètes. Leur concept est puissant et, cerise sur le gâteau, il y a une indéniable dimension théâtrale : les discours enflammés et méchants de Jerry, les mimiques interloquées de Tony provoquent des ricanements ininterrompus dans le public, de plus en plus énervé. Et oui, c'est normal, le hard-rock a toujours eu une mauvaise influence sur les jeunes : chaises cassées, verres d'eau avalés de travers, mal récurent aux vertèbres cervicales, surdité précoce, voire sacrifices de poulet innocents ne sont pas rares chez ces peuplades barbares !



Heureusement, pour calmer les esprits chauffés à blanc, il y a les slows, le côté propre mais encore plus ridicule de ce genre musical si injustement décrié. L'intro de "Je t'aime encore" de Scorpions retentit alors. Je commence à sangloter, c'est trop beau. Jerry Profond met une telle intensité dans son chant et une telle conviction que même Klause Meine, le compositeur de ce tube teuton, fait pâle figure à côté avec ses "Still loving you Clermont-Ferrand" hurlés à la maison des Sports en 1988 (et oui, j'y étais !).

Jerry prend même à témoin un jeune homme qui ne demandait rien, il se prosterne à ses pieds et lui demande de pardonner tout le mal qu'il lui a fait, il lui jure qu'un nouveau départ dans leur histoire d'amour est possible... Comme Tony est bouleversant au violoncelle, le bonheur est total ! Sur "TNT" de Bon Scott, Angus Young et Malcolm Young, Jerry arpente la petite scène de long en large en faisant les mémorables pas d'Angus pendant "Thunderstruck". Un moment d'anthologie !

Décidément très en verve le chanteur/performer fait le chien, aboie et vient se frotter à la jambe d'un innocent sur "Je veux être ton chien" des Stooges. Il se fera même poursuivre à travers le bar par un Tony fort mécontent et armé de son violoncelle.
Pour être exhaustif, il fallait interpréter "L'as de pique" de Motörhead et un un petit "Casser la loi" de Judas Priest, encore un groupe qui a eu une influence déplorable sur la jeunesse américaine, il est vrai un peu perturbée. Le concert se termine avec une reprise bien saignante de Boris Vian et par "Les cannettes", une chanson d'un groupe de Lille abordant un peu le même thème que "La bière" des Garçons bouchers.
Ils saluent comme un orchestre classique mais à l'envers, nous hurlent un dernier "Non merci !" et regagnent leurs immenses loges.



Rendu ivre de joie par un tel déballage de riffs et de grand spectacle, le public obtient de nombreux rappels dont une version a capella d'"Antisocial" qui restera dans les annales. Le concert ira même se poursuivre un instant dans la rue où Jerry martyrisera une voiture. Un pur moment de rock ‘n' roll à voir et à revoir !

(A lire aussi sur ConcertAndCo.com : une interview de Violon Profond en exclusivité mondiale !)

(Photos : Flore-Anne Roth)

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