Accueil Chronique album : John Carpenter - John Carpenter's Lost Themes, par Philippe
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Critique d'album

John Carpenter : "John Carpenter's Lost Themes"

John Carpenter :

Pop - Rock

Critique écrite le 23 avril 2015 par Philippe

A notre connaissance, John Carpenter est un des seuls, sinon le seul grand cinéaste américain à avoir composé le thème musical principal d'une bonne partie de ses oeuvres. Ceux de ses plus grands films font donc encore référence aujourd'hui : les inoubliables 4 notes d'Assault on Precinct 13, tout comme Halloween, Christine et même l'un peu moins connu mais non moins recommandable (comme le film) Fog. Dans le monde merveilleux des nerds et autres geeks dont est, entre autres, issue la culture électro, son nom reste mythique et source d'inspiration aussi bien que celui de Giorgio Moroder, Jean-Michel Jarre (si, si !) et quelques autres, trente ou quarante ans après, notamment chez les compositeurs français.
A ce titre, ce n'est pas les insulter (puisqu'ils ont emmené chacun cette musique plus loin) que de dire qu'il fut une influence majeure de Turzi (albums A, B), des Zombie Zombie (qui lui ont courtoisement rendu la politesse il y a quelques années sur un bel album hommage), plus récemment de Kavinsky et son inépuisable Outrun - album-concept avec une imagerie et un son Carpenter presque chimiquement purs, tout juste filtrés façon Ed Banger. Et on le reconnait même, en version certes un peu plus gonzo-rigolo, dans certaines compositions récentes de Quentin Dupieux / Mr Oizo qui, comme lui, fait désormais des superbes films de genre américains dont il compose lui-même le thème principal : Rubber, Wrong Cops etc.
A peu près retiré des affaires depuis le crétinement jouissif Ghost of Mars en 2001 (qui remixait Assault et The Thing... mais sur la planète Mars), il faut croire qu'il lui restait en tout cas du thème de film sous la pédale, puisqu'il sort aujourd'hui un bel assemblage de 9 Lost Themes, qui du coup ne seront pas perdus, même s'il n'a plus la force - ou l'envie - d'y associer des images. Et il n'a pas perdu la main : Vortex qui ouvre, a un son immédiatement reconnaissable et "Carpenterissime" : son, rythmiques, nappes synthétiques inquiétantes, riffs de guitare saturés/compressés - ferait-il un remake de Christine en 2015 qu'il pourrait directement en faire le thème principal !
Amusant du coup, maintenant qu'on est plus familier avec ses héritiers qu'avec ses sons originaux, on se prend à entendre une rétro-influence (peut-être réelle, qui sait) sur ses propres productions. Obsidian et Fallen ont ainsi tous les deux du Turzi, ou quelque chose qui y ressemble beaucoup, dans leur ADN. Mais Obsidian est bien plus que ça - il faut noter que Carpenter 2015 fait des morceaux plus variés que Carpenter 1975 : thème un peu attendu, mais ensuite ponts d'une étrange beauté, puis amplification dans une longue péroraison... toujours foutrement cinématographique, s'il fallait le préciser !
Quant à Fallen, parti presque innocemment façon Mr Oizo, il bascule sans prévenir en B.O. de film de science fiction/extermination flippante... Domain reste dans une même thématique plutôt S/F, un poil datée mais incisive (dommage, Ghosts of Mars a déjà une bande sonore !), et ce morceau tout-en-un semble contenir un possible thème de début, de milieu et de fin de film... Dans un genre parallèle, Abyss n'est pas la plus inspirée, mais aurait également pu faire le bonheur d'un Direct to VOD genre Alien vs Predator IV - Renaissance, puisqu'elle propose 2 à 3 thèmes également.
Purgatory semble être l'idéal générique de fin d'un film dont Vortex serait l'ouverture (euuh, vous êtes vraiment sûr de ne plus rien avoir en magasin, John ?), Mystery décline gracieusement des thèmes de peur au carillon et à l'orgue, et un Night très Zombie Zombie-like (alors là, difficile de croire que ce soit une coïncidence !) vient conclure ce joli voyage plein de frissons... Voyage qu'on pourra compléter, ou pas, de quelques remix donnés en bonus de certaines de ces chansons. Pas vraiment indispensables et attention, celui de Night est chanté ! Blasphème suprême, qui mériterait à son auteur (et à la chanteuse, tiens) d'être livré sans délai aux griffes du Prince des Ténèbres...
(2015)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 23 avril 2015 par Philippe
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