Accueil Chronique album : M.I.A. - Arular, par Sami
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Critique d'album

M.I.A. : "Arular"

M.I.A. :

Musiques électroniques

Critique écrite le 20 avril 2005 par Sami

Dans le petit monde des webzines, forums de discussion et autres blogs musicaux, la Sri Lankaise Maya Arulpragasam n'est plus une inconnue depuis des lustres mais ce n'est qu'en ce mois d'Avril 2005 qu'un public (beaucoup plus, enfin on l'espère) large va découvrir son renversant premier album, "Arular". A 27 ans elle a un passé déjà bien fourni de graphiste (la pochette du second Elastica par exemple) et a soigneusement choisi ses producteurs parmi ce qui se fait de mieux en matière de sons actuels : une moitié de Fat Truckers, le roi de la bastard pop Richard X ou encore Diplo dont une mixtape commune avait mis le feu aux poudres dès l'an passé. La musique si excitante de M.I.A. ne saurait se limiter à un genre ou sous-genre, on y retrouve aussi bien des éléments de grime, de reggaeton, de baile funk, ou de booty bass. Si tous ces termes vont sont au mieux peu connus, au pire barbares, ce n'est pas grave : tendez quand même l'oreille et venez prendre votre claque par la même occasion. Parce que tous les morceaux qui composent ce premier opus donnent envie de bouger la tête et les jambes, de s'inventer des chorégraphies débiles, de lever les bras et crier les refrains de la demoiselle. Parmi les réussites incontestables du disque, le très électro "10 dollar", les percutants "Fire fire" et surtout l'hymne "Galang", le single par lequel tout a commencé en janvier 2004, alliance de beat concassé et d'onomatopées world, dont la dernière minute a de quoi vous vriller le cerveau. Les quelques titres relativement calmes, comme "Sunshowers" ou "Bingo" permettent de souffler un peu et d'apprécier les différentes nuances du timbre de M.I.A : un accent bien particulier (il est parfois compliqué pour un pauvre français à déchiffrer ce qu'elle raconte, sans parler de son argot local dit slanguage), un bagout et des intonations qui font parfois penser à Neneh Cherry et Kelis, d'autres beautés sauvages que les séquenceurs eurent du mal à apprivoiser. Bref un disque court mais intense, dans l'air du temps avec à boire et à manger, et même à penser car à les écouter attentivement, ces petites bombes ne sont pas uniquement destinées aux dancefloors hypes (ou pas), elles témoignent d'une écriture agile, rageuse et engagée : de "Sunshowers" évoque un gamin portant des Reebok et travaillant dans une usine Nike, jusqu'au titre de l'album faisant explicitement référence au combat des Tamouls, des opposants politiques dont faisait partie son père avant l'exil en Angleterre où elle a pris de plein fouet des multitudes de sonorités issues des sound systems et radios pirates. Influences admirablement digérées pour nous servir ce copieux plat de résistance (plus pacifique que cette resistance-là, quoique ces assauts vocaux et soniques risquent de faire pas mal de dégâts) dont on attend dores et déjà une suite et surtout, une transposition live.
M.I.A., trois lettres plus du tout synonyme de beauferie provinciale, en un mot comme en cent une révélation.

2005 (XL recordings / Beggars Banquet)

 Critique écrite le 20 avril 2005 par Sami