Accueil Chronique album : Stromae - Cheese, par Philippe
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Critique d'album

Stromae : "Cheese"

Stromae :

Soul Funk Rap

Critique écrite le 15 mai 2011 par Philippe

Il y a comme ça des chroniques qu'on laisse de côté et qu'on finit par oublier, après avoir voulu les faire. On aurait dû se douter qu'il nous reviendrait dans les pattes, le jeune belge Stromae : après nous avoir fait danser à l'été 2010, il est annoncé aux Eurockéennes à l'été 2011. Son hip-hop assez désinvolte, posé sur un son acid-house ultra-numérique, n'est pas a priori notre tasse de thé mais il faut bien reconnaître que son tube Alors on Danse, en plus de capter parfaitement l'air du temps d'une jeunesse désabusée, est une PUTAIN de machine à danser, qui rend dingue, pour l'avoir testée un peu partout, les minuscules comme les grands, et les prolos comme les bobos.
Peu importe que ce garçon n'ait probablement fait usage d'aucun vrai instrument pour enregistrer Cheese, et que les mélodies se résument à des gimmicks tournant en boucle : sa voix grave et légèrement laidback, et son talent d'écriture lui sauvent la mise, tant il pose avec classe des textes noirs sur des mélodies dansantes et décérébrées. Bon, c'est sûr, toutes ses chansons ne riment pas forcément à quelque chose (Peace of Violence ou Je cours sont par exemple assez déroutantes, quoique pas inintéressantes). Par contre, Bienvenue chez moi (c'est-à-dire dans un bled pourri et déprimant) est franchement bien torchée.
Paul Van Haver, jeune homme d'allure joviale est en effet un dépressif misogyne, qui flingue ses histoires d'amour avant même qu'elles commencent, parlant déjà divorce, coups bas et suicide (glaçante Te Quiero). Egalement misanthrope, il parle avec acidité (et avec justesse) des vacances Club Med dans des pays pauvres (Summertime), chante une comptine terrifiante à un enfant abusé par des parents violents et adultères (Dodo), ou sourit pour cacher ses pensées morbides (la finale Cheese pourrait presque justifier un enfermement préventif...).
Il semble par contre trouver sa rédemption dans la musique - même si sa musique en l'occurence, rappelle souvent les abominations déjà composées avec un seul doigt par les neuneus de Faithless dans les années 90, et encore par le mongolien David Guetta aujourd'hui (Housellelujah). Quoique pas toujours : l'instrumentale Silence est assez bien construite. Et de toutes façons, là-encore ses textes lui sauvent assez souvent la mise : Rail de Musique parle très bien de son hobby de claviériste !
Au final, ce garçon évoque un monde tellement merdique (serait-il entouré seulement de pédophiles, chomeurs et consanguins, comme disaient les poètes à poil court du PSG ?) que paradoxalement, il finit par nous donner espoir dans celui dans lequel nous vivons : c'est peut-être là son vrai dessein ! En tout cas, il sera sûrement intéressant de le voir évoluer sur scène et/ou jubilatoire de danser comme des débiles au son de ses beats régressifs.
(Mercury/Universal 2010)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 15 mai 2011 par Philippe
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