Accueil Chronique album : The Limiñanas - Malamore, par Philippe
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Critique d'album

The Limiñanas : "Malamore"

The Limiñanas :

Pop - Rock

Critique écrite le 21 avril 2016 par Philippe

On dirait qu'il y a en avril 2016 comme un momentum, un quart d'heure de gloire, pour The Limiñanas from Perpignan, étant à l'honneur dans Libéramondinrock'n'folk (deux mois d'affilée dans ce dernier) aussi bien qu'au Disquaire Day (avec un 45 t dont la face B, Maria's Theme, est digne du Morricone de la plus grande époque). Curieux décalage dans le temps à notre goût, puisque l'un de leurs albums précédents (déja défendu par Rock'n'Folk, soyons justes), l'inépuisable et génial Costa Blanca, leur Melody Nelson à eux si on veut, nous a foutu une telle gifle en 2013 qu'on en a reniflé rouge pendant des mois... Mais loin de nous l'idée de prendre la posture snob de ceux dont on découvre leur groupe secret-trop-bien-gardé : on ne peut que souhaiter bonheur, prospérité et gloire bien méritées à M. et Mme Limiñana, sauveurs du rock made in France, évidemment !
Monsieur ayant abandonné (peut-être à l'occasion de la perte de son rasoir et le vol de son cuir ?) son air de jeune premier poseur, au profit d'une belle barbe de vieux sage de la musique vintage, et Madame arborant une magnifique chevelure rouge incandescent, ils sont toujours aussi beaux... On est juste un peu désarçonné que, contrairement à l'album précédent où l'on nous enfilait un cuir avant de nous fourrer d'autorité dans une grosse bagnole pour traverser le désert espagnol avec des auto-stoppeuses hystériques, on nous propose d'abord ici d'aller simplement draguer sur la plage en slip léopard (El Beach). Tentant aussi, mais moins exotique... Cela dit le tableau d'une plage estivale y est admirablement dépeint, odeur de beignet incluse, et choeur arabisant en sus. Il est temps d'aller se baigner donc ? Plus dépaysante, la sortie au Prisunic qui suit, appuyée sur une admirable construction musicale de pop-rock old school, yé-yé au meilleur sens du terme, où l'orchestre et les choristes qui ont enregistré avec Jacques Dutronc il y a plus de 50 ans pour les Disques Vogue, avec un mojo qu'on croyait disparu pour toujours, semblent être de retour, et en pleine forme...
Et puis Garden Of Love, sérénade suprêmement élégante construit pour et autour de la basse légendaire de Peter Hook, invité caractériel mais prestigieux qui donne une idée de la réputation irréprochable du duo (les impitoyables Anton Newcombe et Nicolas Ungemuth les vénèrent aussi, entre autres), un titre où une femme susurre dans des abimes de gravité, au son du carillon (celui de Pascal Comelade, invité permanent depuis leur commun Traité de Guitares Triolectiques bien sûr !). Et enfin, reprise du sujet principal selon nous, celui de l'identité propre et fameuse de ce groupe précieux (garage pop/rock en français jouissif sur guitares fuzz tuantes) avec le morceau titre, Malamore et une nouvelle chanteuse infernale à la clef ! Ou encore avec le joli Dahlia Rouge : s'ils ont objectivement déjà enregistré ce titre 4 ou 5 fois, son efficacité n'est toujours pas remise en cause, tant l'infernal guitares/basse/carillon vous machouille diaboliquement le cerveau...
L'innovation est néanmoins plutôt à chercher du côté de Zippo, où la belle voix grave de Monsieur se lance dans un discours de drague un peu fumeux, tenté sur une batterie inhabituellement balèze (évidemment, puisque ça énerve Madame...), des nappes d'orgue et des riffs de guitares vrillantes qui finissent par l'engloutir... On retrouve aussi les petites pastilles en balade (El Sordo), qui vous propulsent soudain dans un pays lointain, genre le Mexique ou le paradis, où qu'il soit (Paradise now) - perdu dans un western spaghetti peut-être ? Car les Limiñanas, heureusement, ont toujours le goût du voyage : ils sont ici figurés devant une caravane Airstream, qui incarne à elle seule le rêve américain ! Dans le genre trip, l'hypnotique et toxique The Dead are Walking fascine aussi durablement (on les voit presque passer en clopinant, les pas-bien-morts verdâtres, en fermant les yeux)...
Mais le voyage, le vrai, le cinématographique, reprend enfin avec Kostas, court-métrage avec petite frappe grecque incluse, et climax indéniable du présent album grâce à des boucles musicales fabuleuses et en constante augmentation. Auquel semble répondre sur le même mode, la terminale et également quasi-orgasmique The Train Creep A-Loopin. Au final, allez, OK, on se rend : cet album est presque, presque aussi attachant que Costa Blanca, que quitte à se répéter on ne saurait trop recommander chaleureusement une dernière fois aux gens (et on les envie !) qui ne l'auraient encore jamais entendu.
(2016)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 21 avril 2016 par Philippe
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