Chronique de Concert
Agent Ribbons + Jawohl Mi Amor
Jawohl Mi Amor a déjà commencé. Ce groupe s'auto-étiquette "rythm'n blues suant de funkypsychédélisme gluant". Moi, je n'aime pas trop quand ça pègue. J'étais allé faire un tour sur leur espace et c'est pour ça que j'arrive (exprès) en retard. Leur pathétique titre La Bite qui y est en écoute ne m'a pas encouragé à arriver à l'heure. Bien calculé : s'ils l'ont joué, j'y ai échappé.
Je comptais donc errer près du bar jusqu'à la fin de leur set quand je me suis surpris à balancer la tête de gauche à droite et de droite à gauche. Mon gobelet à la main, je me suis alors progressivement approché de la scène. J'ai trouvé dans leur musique davantage d'influences funk que rythm'n blues et ce qu'ils produisent sur scène vaut cent fois mieux que ce que dévoile leur site. Beaucoup d'énergie avec deux guitaristes-chanteurs nostalgiques de la toute fin des années 60 (l'un est habillé en astronaute, l'autre arbore une chemise psychédélique), un batteur torse-poil (lui, il devait péguer grave), un bassiste et un clavier caché derrière une colonne d'enceintes. Leur musique semble sortie d'un shaker dont Chic et Roxy Music seraient les ingrédients. Si l'occasion m'est donnée de les revoir, j'arriverai à l'heure.
Agent Ribbons est un trio féminin de Sacramento. Trois filles singulières. Parmi les produits qu'elles vendent elles-mêmes à la pause, des pins d'un kitsch extrême et des CD à la pochette faite main résultat de dessins, collages et autres broderies.
Leur look est singulier également : robes empruntées à Yolande des Deschiens, chaussettes jusqu'aux genoux, et la plus moche guitare qu'il m'ait été donné de voir dans un concert.
Tout cela les rend déjà attachantes et elles en sont seulement à s'accorder.
Sur le devant de la scène, à gauche, Natalie Gordon, boucles écarlates et voix délicieusement fausse attire tous les regards, et pas seulement à cause de sa guitare. Vocalement, sa palette est grande : elle me fait parfois penser à Nico, parfois à Marianne Faithfull (jeune, hein, parce qu'aujourd'hui...), le plus souvent à Emily Haines et Kim Deal. Le morceau Birds And Bees semble d'ailleurs sorti tout droit du répertoire des Breeders.
Les deux autres ne lui contestent pas le leadership. Naomi Cherie, à droite, frange blonde et visage énigmatique se contente d'agrémenter chaque titre d'un langoureux violon qui parvient presque à tirer leur répertoire rock indé vers le folk.
Dans l'ombre au fond, Lauren Hess, mèche brune et poignets énergiques fait également les back vocals. Ce sont mes moments préférés, les deux voix s'accordant à merveille par exemple sur le chef d'œuvre (je pèse mes mots) Grey Gardens.
Trois filles singulièrement mystérieuses en un lieu qui semble avoir été bâti pour elles. Agent Ribbons et l'Embobineuse, deux jolies découvertes pour moi ce soir.
Bonus vidéo : Birds And Bees
Et une de Jawohl Mi Amor.
Critique écrite le 11 octobre 2009 par Mcyavell
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