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Chronique de Concert

Elliott Murphy

Elliott Murphy en concert

le New Morning - Paris 15 mars 2013

Critique écrite le par

"Elliott le Magnifique !"
(Coming Home (Twice) Again...)

Préquelle :
C'est devenu une tradition en Murphyland - pays imaginaire monté de toutes pièces par les fans Espagnols du sieur Murphy, qui aura par ailleurs eu l'honneur de recevoir le tout premier passeport du genre, quelques années en arrière, ce qui l'aura finalement poussé cette année à accoucher d'une chanson sur ce même thème ! - chaque année, aux alentours de la mi-mars, l'ensemble des habitants de ce territoire musical rêvé, ouvert et accueillant, littéraire et permissif, se donne rendez-vous au New Morning afin que d'y fêter l'anniversaire de l'inoxydable Elliott. Le printemps a beau s'être gouré de latitude, cette année, ils sont venus de toutes les parties d'Europe (et du vaste monde) afin d'y célébrer le double événement comme il se doit.



Étonnamment, une grande partie des spectateurs présents, céans, semble partager bien plus qu'une même passion, une véritable connivence, un passé commun et LE même suprême objectif : prendre du plaisir à "donf" pendant deux belles soirées aux côtés du futur roi de la fête. Rien, moins.

Premier signe positif de bonne ambiance et de cérémonie bon enfant, le groupe qui ouvre les hostilités n'est autre que Duplex, le quatuor rock en FRANÇAIS (sous obédience 80's) de Gaspard Murphy (fils du héros de la soirée et producteur de ses deux derniers disques : Elliott Murphy(2010) et It Takes A Worried Man(2013).



Des compositions solides, au final, soutenues par une bonne section rythmique (un batteur plus que prometteur !) ceci ajouté à la belle énergie communicative et naturelle du "fils de", qui en sus de fouetter sa guitare du poignet en mode Springsteen, se permettra de boucler l'affaire à l'aide d'une belle version du Adam Raised A Caïn du susdit Boss (ami de longue date d'Elliott et source d'inspiration assumée !). Une façon comme une autre de boucler la boucle avant même que tout cela n'ait réellement commencé. À suivre, avec attention...



La suite se fera, sans fards. Quelques courtes minutes, plus loin, Elliott et ses fameux Normandy All Stars investissent la scène Parisienne légendaire dans la foulée du très Country Folk : Angeline ; éternelle revisitation des mystères du couple, de la diversité de ses multiples et obscurs fonctionnements ou engagements indexés sur envies variées (diverses ou opposées) passés personnels enfouis ou mal assumés, limitations castratrices, ou blocages mal élucidés : "Tu étais la dernière lumière accrochée à ma fenêtre / La dernière feuille de mon arbre / Ce que je pourrais te dire, c'est que j'aurais vraiment pu t'aimer / C'est d'ailleurs ce qui m'a collé cette putain de trouille / Mais tu ne peux rien faire contre le temps qui file / pas même à l'aide de ton vieux sac à malice...". Un morceau qui ne cesse de monter en intensité jusqu'à aisément surpasser la version de l'album. À l'image de son alter ego, "from" Asbury Park/new Jersey, et de son E Street Band modèle, le groupe enchaîne désormais les morceaux sans fléchir, sans temps mort, coupure d'aucune sorte ou arrêt bien déterminé.



Un The Best Kiss, plus loin - nanti d'un solo vrillé sur manche qui met illico en exergue les qualités intrinsèques du sieur Olivier Durand et sa relation intime menée depuis moult années d'avec son manche boisé - le natif de Rockville Centre (New York), entame un dialogue détendu d'avec ses fans (empreint d'intimité, de simplicité et autodérision) qu'il mènera d'ailleurs à terme, sans faiblir, ni jamais se forcer en aucune façon : "Je viens de sortir mon 99e disque, It Takes A Worried Man ! Dans ma prochaine vie, j'arrêterai après un seul, comme Robert Johnson, promis !". S'en suit alors une magnifique version de Little Bit More - qui fonctionne, on ne peut mieux, bien qu'amputée de la splendide trompette qui en a fait sa marque de fabrique sur disque ! : "Je voulais quelque chose qui sonne un peu comme ce qu'ont enregistré Burt Bacharachet Dionne Warwick, dans les années soixante. C'est mon fils Gaspard, qui a eu l'idée de cette trompette qui a été jouée par l'un de ses amis..." (Elliott MurphyParis/2013). Une chanson qui en demande "Un Peu Plus" (toujours plus ?) à la vie, qui sonne comme une demande (supplique ?) et qui interroge forcément sur les réelles intentions (inconscientes ou affichées) du bonhomme : un peu plus de succès ? D'amour ? De temps ? De reconnaissance ? D'albums à sortir ? De... vie ?



Au sortir d'un bel effort de précision, mené sur Take That Devil Out Of me, le groupe fait encore monter la tension d'un cran à l'aide du récent Little Big Man : assis sur une base rythmique solide - Alan Fatras(batterie) et Laurent Pardo(basse) - qui soutient et densifie le propos sans excès ni jamais se mettre en avant, mais qui assure néanmoins un "max", permettant ainsi à l'édifice tout entier de se tenir droit et solide face aux éléments déchainés (ou pas) et, ce, en tout circonstance : rigueur au poing, concentration au beau fixe et métronome fiché en tête.



Comme c'est devenu l'habitude, le très dense et Bluesy-Rock, Take Your Love Away est convoqué au parloir afin que de faire monter en flèche la courbe des degrés (exponentielle) du lieu : nanti d'une longue suite de notes tirées, vrillées ou plaquées de hargne Rock'N' Roll, émanant de son fidèle lieutenant (et co-compositeur) Olivier Durand. Un guitariste protée à classer parmi les plus fines lames hexagonales du genre, aux côtés de cadors, tels : Alice Botté, Claude Mairet, Louis Bertignac, ou, Paul Personne... La grande classe !



Succède alors à ce brûlot scénique - sur lequel les Espagnols fichés au premier rang ôtent subitement leurs menottes de crise pour mieux se libérer de la morosité et se lancer ardemment dans la danse... - ce grand classique extrait de Night Lights(1976), qu'est et restera à jamais You Never Know What You're In For : balayé d'un long solo d'harmonica d'anthologie, soufflé/inspiré en mode troubadour Zimmerman, du tout début des lointaines "sixties". Quelques microsecondes de reprise d'inspiration, plus loin, c'est au tour du séminal Last Of The Rock Stars (Aquashow/1973) de pointer son museau d'intemporel hymne au coin du parloir enfiévré et dense d'un New Morning visiblement sous emprise, au plus proche de l'extase de légende.



"C'est un pays en lequel je vis depuis près de 64 ans ! Un pays libre, sans taxes ni impôts...", lâche alors notre parisien d'adoption, quelques secondes, à peine, après que l'inusable Olivier Durand nous ait gratifiés toutes et tous d'une descente de slide agressive, inspirée ; moment immédiatement éclipsé par le long solo qu'il prendra sur le monumental I Am Empty (2013) qui bénéficie, en sus, des vocalises de dame Pati Scialfa, femme du Boss, sur l'album : "j'ai souvent joué sur scène avec le E Street Band de Bruce et ai toujours adoré sa voix. Cela a été enregistré à peine un jour avant que nous ne bouclions l'album, au tout dernier moment..." (Elliott MurphyParis/2013).



Un moment de grâce véritable qui perdure et s'insinue en chacun des spectateurs présents à l'aide DU sommet extrait du dernier It Takes A Worried Man : Then You Start Cryin' : "La vie est belle, mais le monde peut parfois s'avérer être un véritable enfer !".
Sur Drive All Night, le fiston Gaspard s'en vient croiser le manche d'envie d'avec son géniteur, avant que Just A Story From America/Twist & Shout n'achève de souiller les dessous de bras velus, aisselles liquéfiées, plis du genoux et sillons interfessiers, en cadence...



Histoire de pimenter un rien les choses, dès son retour, le groupe se permettra de jouer totalement "débranché" : au plus proche d'un public qui respire désormais à grand peine et fait silence afin que de pouvoir profiter au mieux de ce moment rare ; un It Takes A Worried Man - morceau placé en ouverture du dernier disque - qui retrouve ses habits de lutte originels, juste avant que Green River ("une chanson que je ne me lasse jamais de jouer !"/Elliott MurphyParis/2013) ne comble d'aise les âmes des présents.



"< i>Normalement, je déteste mon anniversaire !", se permet alors de lancer notre hôte du soir (il habite à deux pas du lieu et y vient en voisin !) à son public bigarré venu des pleins de creux, bosses, plaines et pics du vaste monde... lui ! (Depuis que la terre est enfin devenue "ronde", les coins se cachent et ont presque totalement disparu de notre mappemonde : n'en déplaise aux "moyenâgeux" de toutes obédiences, confessions sous œillères, et origines). Extrait du lointain et gracieux Murph The Surf (1975), Continental Kinda Girl sera dédié au placide Japonais Toru (en provenance express de Tokyo afin que de pouvoir participer à l'événement Murphyen !).



Après avoir emprunté son génial, et très de circonstance, When I'm 64, à l'ex-scarabée britannique Paul Mc Cartney, Elliott se fendra d'un très abrasif (Keep On) Rockin'In The Free World (Neil Young) histoire que de rappeler à tout un chacun présent ce soir-là au moment du tomber de rideau, que l'histoire, SON histoire, restait encore à écrire puis décliner, en mode "lendemains"...



Setlist :
Angeline
Hangin' Out
The Best Kiss
A Little Bit More
Take That Devil Out Of me
Little Big Man
Rain, Rain, Rain
Take Your Love Away
You Never Know What You're In For
Last Of The Rock Stars / Shout
Murphyland
I Am Empty
Then You Start Cryin'
Drive All Night
Just A Story From America/Twist & Shout


It Takes A Worried Man
Green River
When I'm 64
Continental Kinda Girl
(Keep On) Rockin' In The Free World




Séquelles :
Le second et (samedi) lendemain soir, la prestation sera amplement au niveau du challenge annoncé : fêter dignement la mise en place officielle du 64e tour de vis "serré serré" sur épaules de Rock Star. Un show d'anthologie, délivré par un groupe dense, monolithique, resserré comme rarement, faisant "bloc" face à la non adversité postée face à lui ; doté d'une envie de tout dévaster sur l'instant pour mieux pouvoir se reconstruire patiemment par la suite ; des chevalier en grande quête enfin postés à portée de fusil du Saint Graal de légende. Le tout porté par un Olivier Durand, en bordure de transe - qui ne souscrira pas le moins du monde au contrôle anti dopping réclamé moult fois par une partie de l'assistance... subjuguée ! - qui démontra une nouvelle fois que le travail paie, que le génie se bonifie, que dame excellence peut parfois se poser sans prévenir sur un petit coin enfumé de scène parisienne en liesse.



Une longue suite de classiques du cru (Diamonds By The Yard, Off The Shelf), des reprises inspirées (le Heroes du revenant Bowie), un épastrouillant Euro-Tour, et un voluptueux Rock Ballad, pour mettre fin dignement aux agapes, en mode sucré...

"Je préfère jouer tous les soirs de l'année ici, pour vous, plutôt que de remplir UN seul Bercy!". À quoi bon épiloguer ? Tout est dit...


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