Accueil Chronique de concert Ieper Festival
Mardi 23 avril 2024 : 6255 concerts, 27084 chroniques de concert, 5411 critiques d'album.

Chronique de Concert

Ieper Festival

Ieper Festival en concert

Ieper - Belgique 22-24 Aout 2008

Critique écrite le par

Bon, ok, j'avoue, j'crève d'envie de partager c'que je viens de vivre, alors un live report provenant de Ieper, au sud de la Belgique, avec pas un seul groupe marseillais, c'est pas nécessairement super intéressant pour les lecteurs de Massilia ! Néanmoins, en cette période de disette sonore, j'imagine qu'y aura toujours un ou deux clampins pour lire mes conneries !
Autant le dire, la montée s'est faite à la Rock'n'Roll, initialement c'était pas prévu, trop juste financièrement, pareil pour Zhou et Gas, ça partait mal. Ouais mais voilà, James d'A Different Day qui n'arrêtait pas de m'encourager à y grimper, et la promesse de voir Verse et Have Heart, ça valait bien quelques longues heures de "j'y vais putain !!!... Non j'peux pas". Un coup d'fil à une Momo plus tard ("Tu f'rais quoi à ma place ?" "Fonce" "Amen"), je choppe les billets de train et pour le fest, départ à la punk pour le vendredi soir, je râte la première journée (avec Ruiner et Backfire!, aaaargh...), mais j'aurai aucun regret ! Zhou peut pas suivre, j'me suis senti tout orphelin en m'rendant comme un guignol tout seul à la gare...
Bref, la session part de là. Vendredi soir 21h, j'embarque dans un Corail, here we go, 11h de teuf-teuf pour arriver à 8h du mat' à Lille, d'où je reprends encore deux p'tits trains, je débarque plein d'énergie à Ieper à 10h, et je marche à environ 75km/h jusqu'au fest', où il me vient une érection folle en constatant que PUTAIN C'EST EN PLEIN AIR !!! Mauvaise surprise, le camping c'est 10€ de plus, et le lieu est pourri, les gens sont putain d'sales, des montagnes de détritus, vols de tentes... Punk-rock. C'est d'ailleurs en plantant mon "1 pièce" que j'vois James, Philippe et Rémi à... 15 mètres de moi, bien joué pour l'emplacement.

Allez, premier bracelet, et on attaque le samedi : cette journée n'était vraiment pas celle que j'attendais, trop de groupes métalliques, j'avais juste entendu James me dire que Betrayed était programmé 48h avant le début du fest en remplacement d'un groupe obscur, moi qui ne connaissais que peu voire pas ce groupe, j'étais ravi de corriger cette lacune.
Et quelle lacune, la putain d'sa mère la p*te ! Juste incroyable. Toute la journée, l'ambiance était sympa sans plus, les gens immobiles, on s'serait cru à Marseille, bras croisés et attitude à la "j'aime pas ma maman". Puis Betrayed a débarqué. Le chanteur, ancien gratteux de xChampionx prend le micro dans un silence de cathédrale, et une tension palpable, et nous explique que Betrayed, ça fait deux ans qu'ils ne tournaient plus, que c'était fini, et qu'un simple coup d'fil il y a quelques jours les a réunis comme ça, pour l'occasion.
Dire que nous sommes des chanceux me paraît être un doux euphémisme, du même ordre que dire de Zhou qu'il a une tension un poil faible... Riff' de départ, et c'est l'émeute. Les sing alongs ne se lancent pas à moins de 20, 30, 40 gars se ruant sur lui, des pyramides humaines qui se font et se défont, tout le monde dans l'assistance le doigt pointé, ma réaction après deux minutes a été " putain, enfin ", ENFIN un déferlement humain sur la scène, enfin la guerre, tout le monde qui chante, se jette, une scène digne des plus belles vidéos de Boston ou New-York... Déjà le Pressure c'était dingue, mais à proportion trop forte de tough guys, qui préféraient mouliner plutôt que chanter (ce qui est tout à fait défendable). Là pendant 45mn plus un rappel, c'était la vision la plus grandiose que le HxC m'ait offert, après ces quelques années passées à écumer les différentes salles et festivals... Parler des titres joués va du coup me sembler très délicat, notons simplement qu'ils étaient tout c'qu'il y a de plus positifs, entraînants (je songe particulièrement à Bring it to life, entamée d'entrée cette chanson me fout encore la chair de poule lorsque je l'écoute (en boucle sur Myspace, en attendant les CD's qui sont bien-évidemment déjà commandés...)), comme quoi sans envoyer des down-tempos on peut faire imploser un public hardcore (oui, je suis subjectif et j'vous emmerde !) ! Pour ma part je me suis régalé à m'jeter en slam dans tous les sens, après deux tentatives semi-réussies, je parviens au bout de la troisième à placer un superbe backflip avec réception millimétrée par les gens, j'ai pas fini d'en parler de celui-ci !!


Autant vous le dire, les autres groupes de la journée m'ont paru bons et moins bons, néanmoins il m'a fallu reconsulter le programme pour me rappeler desquels il s'agissait, vu l'obnubilation " betrayienne " dont je suis encore à ce jour victime... Du coup faudra quand même citer Maintain, groupe dans la veine " Modern ", avec de grosses touches noisy, sur scène ça a pas mal pété, j'ai récupéré le 33T, que je ne saurais tarder à écouter. Pushed too Far m'a également bien botté, outre ses t-shirts scato' qui m'ont bien fait marrer, de ce que je m'en souviens du bon old school bien couillu, un manque flagrant de grosse ambiance comme je l'expliquais un peu plus haut, mais j'y reposerai une oreille avec plaisir à l'occasion... Dans le genre plaisanterie on retiendra les légendaires Length of Time avec leur métalcore-voix claire, le mélange Job for a cow-boy / Coldplay c'est pas encore ça !

Flingué par une journée bien remplie, je pars me pieuter avant même le début de Parkway Drive, d'une part parce que j'avais pas aimé au Pressure, et d'autre parce qu'une faune émo présente en masse pour leur set m'a fait sortir de l'urticaire en un temps record. Y'a qu'à voir à quel point ces jeunes gens sont Hardcore, le lendemain matin ils étaient TOUS à la gare pour se casser, on va pas rester pour voir des groupes avec des gars rasés dedans quand même... Bon, Philippe et James m'ont dit que c'était la guerre, une ambiance ultra-violente, mais pour ça j'ai mes souvenirs du Pressure, sans regrets.

Ah, le dimanche... Croyez-moi, à 80 ans je m'en souviendrai encore ! Le matin avec James on s'réveille assez tôt, on bouge en ville acheter à bouffer, on réveille Phil' et Rémi, et on se pointe vers 11h, pas encore conscients de ce qui va se passer... Dans un premier temps on voit des groupes biens et moins biens, un duo de Crust qui envoyaient à fond (même si je supporte pas le genre), un autre quartet de Crust, avec double-chant homme/femme (nettement moins convaincu là), puis vient le tour de Endzweck, cinq japonais qui officient dans un Modern de FOLIE, c'est très rapide, trop pour danser ou quoi que ce soit d'autre, on peut juste bouger la tête et se régaler de leur jeu de scène tout aussi classe, en plus les gars sont hyper agréables, super intimidés de jouer devant tant de monde pour une première en Europe (" you are... erf... Too many haha !! "), et plein de conneries, un vrai moment de plaisir ! James m'avait dit que ça cartonnait, je crois pas qu'il y ait eu une seule personne pour oser dire le contraire à la fin du set !


Quant en plus on verra les gars du groupe se jeter dans le pit sur Shipwreck quelques minutes plus tard... Excellent. Shipwreck justement, ont bénéficié d'un très bon public, encore un peu éparse sans toutefois sembler creux. Personnellement, j'ai pas été emballé outre-mesure par leur son, tout comme un peu plus tard Rise and Fall, trop bourrin pour moi.

Les autres groupes passés sont pour moi anecdotiques, le ciel se charge de plus en plus, l'ambiance devient électrique, pendant que la petite scène est moins chargée qu'à l'accoutumée, la faute à nombre de personnes qui regardent et se rapprochent de la grande, où cinq gars avec des dégaines de hippies se racontent des conneries en attendant leur tour. Putain on y est.
Le ciel s'accorde avec Verse, et c'est un putain de déluge qui s'abat sur le fest' tandis qu'Hard to breathe dynamite le public, la tempête est davantage dans le pit que là-haut, en un éclair on est des dizaines à slamer, hurler, escalader, taper, tout le monde veut leur montrer à ces cinq mecs qu'on aime c'qu'ils font, que leurs paroles vont droit au but, et ça n'est pas The new fury qui s'enquille directement qui va nous calmer, tout comme From anger and rage, Old guards new methods, ou encore Weather to a stone... Les jambes sont couvertes de boue, la comparaison avec Woodstock '94 devient de plus en plus aisée ! Luxe ultime, Patrick d'Have Heart qui vient poser sa voix tandis que Sean va reprendre son souffle pour achever le set comme il l'a entamé, à 400km/h...


Bon, Verse c'est fait, l'air un peu hagard je discute avec James de la tôle légendaire qu'on vient d'se prendre, le temps d'envoyer un p'tit texto mesquin à Zhou pour dresser un état des lieux, et déjà Have Heart est sur scène, même pas une heure entre les deux pour se remettre, et ça repart aussi sec. Je sais pas, je crois que ça a été pire niveau ambiance, personnellement du moins j'me suis fait fracasser en pas mal d'endroits, faut dire que Patrick est tellement survolté, hystérique, qu'il en émane une contagion dangereuse, ce malgré une fatigue qui s'accumulait violemment pour les festivaliers. Je n'avais pas assez entendu la galette récemment sortie chez Bridge 9, donc il est important de dresser d'emblée un constat : sur scène, c'est une tuerie, avec des breaks et des montées qui vous feraient charger l'ennemi la bave aux lèvres ! Pour les autres titres, forcément Life is hard enough, Watch me rise, the Machinist ... et Something more than Ink :o) (private joke), la liste fût malheureusement trop courte, on aurait p't'être eu droit à un rappel s'il n'y avait eu une somptueuse coupure de courant en plein coeur du set, les retours ont sauté, et impossible d'identifier la panne, du coup le groupe a assuré la deuxième partie de set dans le flou le plus complet, sans qu'la musique n'en pâtisse, bien au contraire : ce sont de PUTAINS de musiciens, et les sauts et disjonctages en tout genre de Patrick n'en finissaient pas de capter toute l'attention du public, comme lorsqu'à genoux, sur une montée de folie, il arrache l'immense bâche déployée pour protéger les retours, en transe totale, pour la balancer sur nos gueules tandis qu'on reprenait tous les paroles à pleins poumons... Hardcore. Aléas du festival, le groupe suivant ne peut prendre trop de retard, aussi c'est avec regrets qu'on les voit partir, ayant tout de même réussi à boucler la playlist (que j'ai ramené en cadeau-souvenir à Zhou héhéhé...), et à scier les genoux de quiconque se trouvait au festival.


Il est clair qu'une fois vu ça, j'ai nettement ralenti la cadence, petite visite au poste de soins pour nettoyer les plus vilains bobos sous l'oeil moqueur de Phil et James, puis on bouge sous le petit chapiteau se manger une baffe énorme avec A Wilhelm Scream, sorte de Hardcore californien dans la même veine que Rise Against, sauf qu'avec davantage de groove, de puissance, de charisme, et moins de chichitages, une espèce de claque de malade, en plus les gars jouent comme des brutes, sautent dans tous les sens sans faire un pain, et filent le sourire à tous ceux qui les écoutent, pfoooooouh décidémment cette journée sent le souffre !
Allez on passe aux légendaires H2O, venus défendre leur album Nothing to Prove, là on tombe dans le consensus, TOUT LE MONDE aime H2O (excepté Phil), et on va passer un excellent moment à enchaîner les tubes du groupes, de Faster than the World à One life one chance en passant par Guilty by association... C'est la dernière méga-pointure de la soirée, et c'est dans la bonne humeur qu'on reprend tous en choeur les " faster than the woooorld, we're faster than the world we've get slow down ! " avec toujours ce flux massif vers le micro du chanteur qui va devoir sauter non-stop durant une petite heure pour pas s'faire annexer par la foule massée devant la scène...



En guise de final, les très spéciaux The Locust, sorte de génies musicaux déguisés en mouches, qui mettent une fessée au petit Mike Patton et à son Fantômas, dans la mesure où non seulement ça joue aussi incroyablement bien, mais en plus ça sonne à l'oreille ! Bon, après j'reste un con de punk, donc j'ai pas franchi le cap des 5mn d'écoute, je suis pas encore prêt à faire le festival des musiques contemporaines, j'aspire à faire de ma vie une réussite, alors si c'est pour faire comme n'importe quel bobo de base...

Heeeeeeu en conclusion j'me remets pas de ce dimanche d'apocalypse (comme diraient les Tagada), premier vrai festoch' en plein air, avec mes groupes préférés devant un public tout c'qu'il y a de plus classe, une superbe ambiance et des boissons à volonté (grâce à James et Rémi, mais personne n'en saura plus, copyright !) !
Pour l'anecdote aux cinq que vous serez à lire ça jusqu'au bout (dont Nico, Phil le Liveinmarsien et Zhou), j'vous raconte le retour, qui vaut laaargement l'aller ! Donc je devais être à 13h à la Joliette à Marseille, et il s'avère qu'à 4h30 mon réveil a sonné dans ma tente en Belgique ! Ladite tente pliée en 15mn dans le froid polaire et plus qu'humide bourré dans le sac voyage à coups de pied, James expédié dans la tente des autres, puis marche de 20mn à fond la caisse jusqu'à la charmante petite gare de Ieper (Ypres pour les francophones, actuellement il faut veiller à ne froisser personne là-haut !), où je prends un premier teuf-teuf qui me dépose à Courtrai/Kortrij, avec 2mn pour choper un T.E.R. qui m'dépose à Lille, où là encore j'ai 6mn pour attraper mon T.G.V. direction Marseille Saint-Charles ! Ayant réussi haut-la-main le test, je profite de mon exploit pour filer dans les toilettes du wagon et faire un truc génial et totalement zappé depuis quatres jours : me laver !! A grands coups de lingettes bébé (merci ma fille), puis j'enfile un fut' que Phil m'a prêté (10cm trop court, mais mon short était totalement couvert de boue), et une fois mes dents brossées, je recycle la brosse à dents en brosse à chaussures, lesquelles perdent environ 300gr de boue grâce à un savonnage intensif... Je vais au wagon-restau, paye l'équivalent d'un fourgon Brinks plein un p'tit déj', puis m'en vais mourir sur mon siège, heureux d'avoir bouclé un timing nickel... Arrivée à Marseille 12h25, métro, arrêt kébab, et me voici pile dans les temps au taff', duquel je sortirai fraca' à 18h, pour enchaîner aussitôt sur le déménagement d'une copine... Punk-Rock.
Ca n'est qu'à plus de minuit que j'arrive enfin chez moi, et il me faudra je l'avoue toute la semaine pour m'en remettre (bien qu'initialement sans boîte de vitesse cassée j'aurais dû faire l'aller/retour sur Toulouse mercredi soir pour voir Ruiner, mais c'est encore un sujet sensible) ! Bon, baaaaaaaah l'an prochain si l'affiche est aussi bonne, j'ai qu'une chose à dire : PUTAIN MAIS C'EST SUR LES MAINS QUE J'Y RETOURNE !


(© des photos : Alschools.de et IeperFest.com)