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Chronique de Concert

Watcha Clan+High Tone

Cabaret Rouge, Marseille 17 Avril 2003

Critique écrite le par

Encore une soirée terrible organisée, à l'extérieur, par le Moulin.
A mon arrivée vers 21h au Cabaret Rouge, la salle est déjà remplie au 2/3 et Suprem' Clem est en train de passer quelques bonnes galettes depuis la régie son. L'ambiance se réchauffe petit à petit et environ 30 minutes après, la lumière s'éteint progressivement dans un vacarme de plus en plus impressionnant. Tout le monde gueule "Watcha Clan !" et eux entament le concert avec leur morceau d'intro habituel. Le son est excellent et le second morceau Nomade extrait du très bon album Nomade aka me plonge définitivement dans l'ambiance.
Sista K, une fois n'est pas coutume m'éblouit par sa prestance, son sens du rythme exceptionnel (avec ses incessants petits déhanchements entraînants) et surtout sa voix irrésistible. Ses "incantations" sont aussi captivantes que surprenantes et elle est capable de monter si haut si fort. Sur certains passages, on sent que ça vient du fond des tripes et c'est déroutant. Ensuite, il y a le véritable pyromane du groupe venu de Belgique à savoir Jérémy, percussionniste de génie et saxophoniste d'exception. Que se soit avec son saxo soprano, son djembé, sa djerbouca (désolé pour bernard Pivot) ou ses autres percussions, son jeu met des claques phénoménales. Ses envolées jungle-esques semblent presque trop faciles et font sauter tout le public en rythme. Sur Pagaille mentale, sa partie au saxo est tout simplement magique, c'est vraiment du pur bonheur. Ce morceau, également sur l'album, est véritablement génial tant au niveau de la musique, des lignes de chants que du texte. Même la structure et la mise en scène sont délirantes avec le passage du "when I smoke" :
"But when I smo-o-o-o-o-k-k-k-k-e-e-e-e !!!!!! C'est ma plume qui s'envole!
Pagaille mentale, avis à la populace...".
Au milieu du set, Mike le terrible nous offre avec Rob le batteur (dont je ne suis toujours pas sûr du prénom), une petite session Drum'n Bass tonitruante et puis on appelle au "Métissage", on raconte l'histoire du Capitaine Mission qui avait fondé la première société libertaire sur l'île de Madagascar... Puis c'est L'arschouma, dédicacée par Supa Ju à l'Algérie et aux algériens ("en espérant qu'on pourra bientôt faire des allers-retours là-bas plus souvent"), qui parle de vidéo surveillance et qui prend ce soir une dimension gargantuesque, devenue plus qu'une chanson, un hymne d'au moins 15 minutes. Au début, Sista K et Jérémy au sax nous offre une intro terriblement planante, toute peaceful, Supa Ju derrière la batterie. Le temps de 2,3 coups de cymbales et tout le monde reprend sa place pour une nouvelle envolée jungle aussi majestueuse que transcendante. A un moment donné, Jérémy rejoint son djembé (qu'il manie à merveille) et se lance dans une confrontation avec Rob derrière sa batterie sur un rythme effréné et endiablé. Tout simplement IRRESISTIBLE ! Le final ressemble comme deux gouttes d'eau à l'intro avec seulement le saxo et la voix magique de Karine et permet à tout le monde de se rendre compte qu'on vient d'assister à un morceau d'anthologie.
Ils s'en vont après une bonne heure et demie de show à 10 000 Volts et reviennent pour une dernière chanson en rappel, Nomade aka qui a donné son nom à l'album. C'est une mini berceuse dédicacée à tous les bergers encore en activité et qui parle de la Transhumance. Ce morceau très tripant avec son côté légèrement intimiste est parfait pour clore cette prestation encore une fois exceptionnelle du petit groupe marseillais qui monte qui monte en ce moment (mes préférés avec Opossum !) d'autant que le set se termine sur un petit coup d' "On veut y aller, on veut y aller nous... On veut bouger, on veut y aller !" Génial !

Le temps d'enlever tout le matos pour mettre celui d'High Tone sur scène et la seconde tête d'affiche se met en place après une pause d'une bonne demie heure. A vrai dire, j'avais entendu beaucoup de bien de cette formation electro-dub mais je ne savais pas du tout ce que ça pouvait donner.
D'emblée, le show sur scène se complète du travail des deux "V-Jay", Nico et Pierre qui projettent derrière la scène un mélange d'images d'archive et de live avec notamment en filigrane, le jeu de DJ Twelve. Je constate également d'entrée qu'il n'y a pas de chant (ce que toute personne ayant déjà écouté ou vu ce groupe savait mais moi pas !) ce qui d'un côté m'embête un petit peu car la voix est ce que je préfère dans la musique et d'un autre côté, l'exclusivité instrumentale permet aux musiciens d'High Tone d'aller au bout de leurs délires. Le son est véritablement dévastateur, en particulier celui de la basse de Fabrice; qu'elle provienne d'une vraie basse ou d'une machine, dans tous les cas, elle est très très lourde et vous prend littéralement au tripes. En fait, on a envie de fermer les yeux pour se laisser pénétrer complètement par le son, ce qui est un véritable régal.
Des morceaux comme Worse&worse et surtout short visit, tous deux extrait du dernier opus Acid Dub Nucleik (ou ADN), me marquent particulièrement. Pendant Short Visit, on peut reconnaître par moment la voix samplée de l'irremplaçable et inégalable Bob Marley tout en s'extasiant devant les images de Lee Scratch Perry (pendant l'enregistrement de survival si je ne me trompe pas), la référence majeure du groupe.
En effet, si la musique de ce dernier ne correspond pas exactement à ce que font les gars du High Tone, ils apparaissent à l'instar de Scratch, avant tout comme des formidables bidouilleurs du son à commencer par Twelve, Fabrice et Antonin, respectivement DJ, bassiste et clavier, qui possèdent tous les trois des machines qu'ils manient à la perfection. Dom le batteur, est également irréprochable dans son jeu comme dans ses interventions entre les morceaux pour maintenir la flamme bien allumée.
A dire vrai, seul le jeu de Julien, le guitariste du groupe, ne m'a pas convaincu. Non pas qu'il soit mauvais à mes yeux au contraire, mais je trouve que son jeu reste trop minimaliste et le son de sa guitare pas assez imposant au milieu des tremblements de terre provoquer par la basse, les platines et les machines.
L'ensemble du set est très impressionnant de par la qualité du son et des images, le professionnalisme des musiciens, l'enthousiasme du public... Sur ce point cependant, un truc m'a saoulé, c'est l'espèce de ressac de merde qu'il y avait dans la "fosse", constant et carrément gênant pour prendre des photos (ce qui explique la piètre qualité de ces dernières). Avec les gars qui n'arrêtaient pas de gueuler "Oh les gars, c'est du Dub, Calmez-vous bordel !!!".
Il faut dire que, oui c'est du dub, mais avec de temps en temps des espèces de montées, de l'autre monde. Short Visit (encore elle) est une chanson hypnotique qui vous "bradycardise" pour ensuite mieux vous "tachicardiser" avec ses déferlantes Jungle à couper le souffle et absolument monumentales. A ce niveau, le son se fait même un peu "Techno" sur les bords, au grand plaisir des quelques teuffeurs présents.
La fatigue aidant, je me suis renté à pattes pendant le 3ème morceau du rappel, avec le sentiment une fois encore d'avoir eu la chance d'assister à un concert d'exception où chaque artiste s'est donné à fond dans la convivialité et le respect des autres. Une musique de transe et autres voyages spirituels à déconseiller aux âmes sensibles mais à conseiller à tous les amateurs de bon son !
Merci à Watcha Clan, High Tone et au Moulin

Photos à venir

 Critique écrite le 22 avril 2003 par Ed Dazuntski


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