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Interview avec Steve Thill du groupe Sinner Sinners à l'occasion de la sortie de l'album Optimism Disorder

Interview avec Steve Thill du groupe Sinner Sinners à l'occasion de la sortie de l'album Optimism Disorder  en concert

Los Angeles Février 2017

Interview réalisée le 24 février 2017 par Pierre Andrieu



Basé à Los Angeles depuis un certain temps maintenant, le groupe franco américain de rock 'n roll musclé Sinner Sinners est de retour en France avec une belle tournée afin de promouvoir en live son très réussi dernier opus, Optimism Disorder (sortie le 3 mars 2017, chronique à lire ici)... Juste avant qu'il ne donne des concerts très énervés dont il a le secret avec Sinner Sinners, à La Mécanique Ondulatoire, à Paris, le 8 mars 2017 - en compagnie de White Miles - et en tournée, on s'est permis de réveiller le leader du groupe, Steve Thill, pour lui soumettre quelques questions...



La dernière fois que je vous ai vus c'était lors de votre tournée française il y a un an, en février 2016, avec un super concert au 101 à Clermont-Fd calé entre quelques dates avec les Eagles Of Death Metal... Que s'est-il passé depuis pour Sinner Sinners ?
Steve Thill : On est rentrés à Los Angeles après la tournée, Dave Catching (guitariste de EODM, ndr) nous a invités à jouer pour son anniversaire à Pappy & Harriet avec son groupe, Mojave Lords, mais aussi Boots Electric, Alain Johannes, Chris Goss et Fatso Jetson. En gros, on s'est retrouvés à jouer en extérieur au coucher du soleil en plein désert avec toutes ces légendes du desert rock, sûrement un de nos plus beaux souvenirs de concert ! De fil en aiguille, Dave nous a proposé de venir enregistrer au Rancho de la Luna, où on a fini les prises de l'album. On avait commencé à bosser la production avec Thomas Bellier de Blaak Heat et Spindrift, mais comme on n'a pas pu respecter les délais pour enregistrer et qu'il a enchaîné avec plein de projets on a dû faire une pause dans l'enregistrement. Mike Patterson, un ami producteur, s'est donné pour mission de nous aider à finir l'album, il nous a présenté à Adam Greenspan, qui a bossé avec Refused, Nick Cave et Yeah Yeah Yeahs et venait de finir l'album d'INVSN (groupe de Dennys Lixzen). Dennis nous a dit que c'était un super producteur et qu'il fallait foncer, il n'avait pas tort ! Il a apporté plein d'idées et on a jamais fait un truc aussi réfléchi et pro, c'est grâce à lui. Donc on a bossé sur cet album toute l'année, en essayant de gérer tous les soucis dus au fait d'être immigrant suite à l'élection de notre nouveau président... Et nous revoilà en France !

Vous êtes français, vous vivez à Los Angeles, une ville très cosmopolite, Trump est désormais président... Ça vous fait quoi ? Peur ? Ça remet en cause vos visas ?
On a toujours du mal à y croire, ça se ressent vraiment à L.A. parce que c'est très libéral, et surtout c'est une ville qui appartenait au Mexique et possède forcément une énorme communauté latino, c'est la moitié de la population ! C'est une ville habituellement très joyeuse et insouciante mais depuis les élections, l'atmosphère est pesante, les gens sont déprimés. Mais d'un autre côté, il n'y a jamais eu autant de manifestations, ils ne se laissent pas faire ! Pour nous, ça ne remet pas techniquement en cause notre visa pour le moment, ils sont juste plus exigeants et les donnent moins facilement. On se pose beaucoup de questions et c'est très difficile de se projeter dans les années à venir, on verra bien !



Revenons à la musique... C'est un bon souvenir ces dates avec Eagles Of Death Metal dans des salles immenses ? Ce sont vos plus gros shows à ce jour ?
Oui, ce sont les meilleurs concerts qu'on ait fait, en plus on tourne avec des amis - on se voit à peu près un jour sur deux avec Jesse quand on est à la maison -, donc c'est cool de se retrouver ensemble dans notre pays d'origine et notre environnent ! Le concert à Bruxelles au Forest National était énorme ! Nos meilleurs souvenir de concerts avec Eagles Of Death Metal par contre c'était dans des salles plus moyennes à Portland, Seattle et Salt Lake City, pendant l'été 2015. Vu qu'on joue un type de rock vraiment différent, on s'était dits qu'on allait morfler en première partie mais leur public est vraiment génial, on avait un mosh pit tous les soirs, les gens étaient à 300% !

Votre pote Jesse Hugues fait d'ailleurs un featuring à la... flûte sur un titre du nouvel album. Raconte-nous ça !
C'est sur le titre sur " Celexa blues " que Jesse joue, il voulait absolument faire un truc sur l'album mais il fallait que ça soit inattendu, si ça avait été à la guitare c'était un peu trop banal... On était chez lui et on a commencé à chercher des idées, on habite dans le même quartier, et il y a un magasin d'import indien qui a des instruments à vendre. On a essayé plusieurs trucs puis Jesse s'est mis à jouer de la flûte... Il nous a mis sur le cul parce qu'il joue vraiment super bien, il nous a fait un solo à la Ron Burgundy, et on a dit banco ! On a enregistré ça a l'arrache dans son salon et Pascal Mondaz, qui a mixé l'album, a fait sonner ça " pro " !



Au moment de composer et d'enregistrer l'album Optimism Disorder, tu avais quoi en tête ? Tu écoutais quoi à cette période ?
On a traversé une période difficile à ce moment-là, comme pour beaucoup de monde c'était dur après le 13 novembre 2015... En ce qui concerne l'inspiration, j'écoutais beaucoup David Bowie à cette période, donc il y a forcément quelques petit trucs qui sont ressortis. Après, pour s'inspirer de Bowie, il faudrait qu'on soit un poil plus talentueux !

Peux-tu évoquer le titre de l'album, "Optimism Disorder", qui s'applique assez bien au pessimisme et à la déprime ambiante actuellement...
Tout sur cet album est paradoxal : le titre, le palmier avec un coucher de soleil et une corde, et chaque titre a un sujet qui se contredit dans les paroles. L'idée c'est que l'optimisme, qui est vraiment une spécialité en Californie et qui est poussé à l'extrême, a tendance à détruire des vies... Comparé à la France il n'y a pas vraiment de snobisme, les classes sociales se mélangent très facilement et tout le monde est immédiatement accessible, je pense que c'est ça qui fait rêver les gens quand ils viennent. Mais comme la moitié de la ville est composée de célébrités, les gens se retrouvent à vouloir la même chose et à avoir du mal à accepter leurs vie, leurs poids, leurs tronches, leurs comptes en banque... Du coup, être optimiste c'est aussi penser qu'on mérite mieux et qu'on accepte pas ce qu'on a, et ça peux devenir un trouble mental. Enfin c'est ça qu'on pense en tous cas.

Parle-nous de la très belle pochette du disque...
J'ai demandé à So.Z s'il pouvait nous faire un palmier avec une corde, sans tête de mort, et il nous a fait ce super artwork dans l'heure... avec une tête de mort, parce que c'est sa spécialité !



Quelle est la chanson dont tu es le plus fier sur le disque ?
C'est difficile de se décider mais je dirais "Desperation Saved Me", parce que c'est la première fois qu'on fait une "ballade". C'est grandement inspiré de Serge Gainsbourg, dans le chant, les paroles et la musique, mais je pense qu'on est les seuls à l'entendre !

L'album est enregistré avec quel line up ?
Pour l'enregistrement de ce disque on a fait un peu comme pour le 2ème album : Sam enregistre son clavier et ses chants, j'enregistre les deux guitares, la basse, le chant et quelques pianos ou des conneries en plus... Puis nos deux batteurs, Jason Blaustein et Michael Amster (qui est notre batteur live) font leur boulot et Macy Mullen, qui joue avec nous depuis qu'on est à L.A., rajoute des solos !

Le disque sort en Europe et aux USA, vous avez un label qui fait du bon boulot ?
En Europe c'est Arthur de Left Front Door records qui le sort, c'était une promesse qu'on lui a faite il y a plus d'un an et ça nous tenait vraiment à cœur ! Aux États-Unis c'est Last Hurrah qui s'en charge, c'est une structure qui ne sort presque exclusivement que des groupes du désert, comme les Mojave Lords, qui sont des potes et avec qui on a bossé sur des titres en français...

J'ai vu passer une version vinyle du disque... Ça fait plaisir d'avoir ça en main ?
Oui, il y a la version vinyle de Left Front Door Records qui est magnifique, la pochette est mâte et d'une douceur incroyable, presque comme de la soie... Et la version américaine devrait arriver quand on rentre, une édition limitée rouge avec vinyle couleur, ils font des super objets collector !



Une belle tournée a été calée en France et en Angleterre, comment ça se présente ? C'est cool de jouer votre première date avec Doyle des Misfits puis avec Nick Oliveri à Londres ?
Ça a été assez dur à booker ! Honnêtement, on a reçu beaucoup d'offres dont certaines en Allemagne, au Danemark, en Autriche ou en Ecosse... Bref, avec le peu de temps qu'on avait et les dates qui étaient déjà confirmées on a dû choisir et comme on prend pas l'avion entre chaque date, on ne pouvait pas faire tout ça ! Du coup c'est juste en France et en Angleterre, mais on reviendra ! Yep, c'est vraiment cool de jouer avec Doyle, Nick Oliveri et nos potes White Miles qui viennent d'Autriche pour nous rejoindre sur les 3 dernières dates ! On va revenir vite, mais je pense qu'on fera moins ou pas de dates en France puisqu'on y joue déjà beaucoup cette fois... 7 dates dans le même pays c'est quand même beaucoup ! Donc si vous voulez venir, c'est maintenant !

A Clermont, la ville où vous avez commencé à vous faire un nom, vous allez jouer dans le CBGB auvergnat, le fameux Raymond Bar, avec en plus en première partie Octobre Novembre, le groupe New Wave du légendaire Pascal Mondaz, qui a bossé sur votre disque... Heureux ?
Très heureux, ouais ! C'est au Raymond qu'on a fait notre premier concert avec Sinner Sinners ! C'est drôle de jouer avec Octobre Novembre, puisqu'on sonne vraiment de manière très différente... Mais on a beaucoup d'influences en commun ! Je crois que ça doit bien faire 10 ans que je les ai pas vu jouer, donc c'est cool !



Peut-on espérer sur cette date un featuring de Mike Pougheon, votre flamboyant ancien guitariste soliste ? La dernière fois que je l'ai vu avec vous il m'a dédicacé un médiator et un album avec de sympathiques bites, ça crée des liens !
Tu fais de l'espionnage ? T'as entendu des trucs? L'agent de Mike Pougheon nous a dit qu'on n'avait pas le droit d'en parler, il va falloir venir pour savoir !

OK, OK... Quel est à votre avis le tube ultime de Sinner Sinners ? Celui qui fait pogoter le public à tous les coups en live ?
C'est sûrement " Imitate ", un de nos titres les plus rapides et basiques ! Il sonne très punk et donc du coup ça part en couilles à chaque fois, c'est toujours cool à faire en live !

Quelle direction allez-vous suivre pour le prochain album ? Vous avez déjà des idées ?
Aucune idée, on essaye de jamais se fixer de limites ou de directions pour les albums, à part de faire quelque chose de différent, en abordant des styles nouveaux pour nous. Peut-être un album de reggae joué entièrement au violon ! (rires)



Parle nous de ton projet parallèle, Revolt ...
Le batteur de sinner Sinners est parti en tournée pendant 4 mois, c'était l'été et je me faisais un peu chier... Comme je ne peux pas rester sans jouer pendant 4 mois sans tomber dans une dépression, j'ai écrit un EP, pour ne pas devenir fou ! On va sûrement commencer les concerts au printemps...

Quels sont vos disques coups de cœur en ce moment ?
On a pas encore vraiment écouté de nouveautés en 2017 donc je ne sais pas trop, mais pour 2016, pas d'hésitation : on a beaucoup aimé " Post Pop Depression ", l'album d'Iggy Pop avec Josh Homme des Queens Of The Stone Age...

Quel est ton titre préféré de tous les temps ?
J'ai toujours le même morceau préféré, c'est "Gimme Danger" des Stooges, un truc qui me donne toujours des frissons !

Quel est LE disque culte en commun à tout le groupe ?
On écoute tous des styles très différents et on connaît pas du tout les mêmes groupes donc je saurais pas te dire, à part peut-être les disques de Motörhead, là on tombe tous d'accord !

Un dernier mot à ajouter ?
Cucamonga ! Pourquoi ? Parce que j'aime bien la sonorité... (rires)



Liens : www.facebook.com/sinnersinners, twitter.com/SinnerSinners, www.sinnersinners.com...

Photos : Emily Acosta


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