Chronique de Concert
Dub Inc + Wailing Trees
C'est presque tout léger que je me rends au Moulin, ayant ce week end rattrapé mon retard en chroniques des dernières semaines (retard qui a atteint jusqu'à 10 concerts !), mais en fait je ne suis pas si serein car mon cours de russe finissant à 19h30 et la première partie étant prévue à 19h45 je suis inévitablement à la bourre. A mon arrivée les jeunes gens autour du Moulin n'ont pas l'air de se presser : buvant tout ce qu'ils ne pourront pas rentrer, et du coup urinant déjà (sur les murs plutôt qu'entre les voitures, comme pour marquer leur territoire), ou tout simplement attendant leurs potes... Il semblerait bien que tous les lycéens (peut être un peu plus âgés) se soient en effet donner rendez vous ici en ce mardi soir pour s'encanailler.
Lorsque je rentre, la salle n'est pas très remplie (c'est sûr la dernière fois que je suis venu c'était pour Stromae) mais visiblement ils attendent du monde car l'étage est ouvert. Sur scène les Wailing Trees (c'est leur nom) ont déjà commencé leur set mais pas de beaucoup semble-t-il. Guitare, saxo, trompette, batterie, basse, clavier et chant... Une joyeuse bande de Lyonnais dans la tradition des tribus reggae.
Ce n'est pas franchement original mais ça joue et fait danser et même chanter le public, qui commence à être de plus en plus nombreux. Beaucoup de morceaux en anglais dont on ne comprend pas vraiment les paroles et quelques uns en français aussi à l'image du dernier où la question posée est "qui sont-ils pour prendre des décisions pour nous ?" en parlant des politiques. Bref, on est plus dans le reggae "militant" à la Raspigaous que dans le reggae réaliste à la Daipivo, le reggae mystique à la Sons of Gaïa ou le reggae potache à la Super Kemia (pour prendre des références locales).
Même si je ne rentre pas plus dedans que ça, le fait de voir un groupe qui a l'air de se faire plaisir sur scène et qui fait réagir le public est toujours agréable. En tout cas, j'ai bien fait de me changer vite fait avant de venir car au fur et à mesure que la salle se remplie il devient évident que les gars de la sécu ne seront pas assez nombreux pour faire respecter la réglementation concernant l'air de la salle... Moi qui croyais que les nouvelles générations étaient trop informées (internet tout ça... ) pour se laisser manipuler comme leurs aînés, je vois que les empoisonneurs légaux vont pouvoir se faire encore beaucoup de ronds sur la rébellion à 2 balles de jeunes qui se cherchent un style.
A 21 heures pétantes, alors que la salle est maintenant bien pleine (en haut comme en bas) la lumière s'éteint... les musiciens attaquent l'intro : guitare (Jérémie Grégeois*), basse (Moritz Von Korff*), batterie (Grégory "Zigo" Mavridorakis*), claviers (Frédéric Peyron* et Idir Derdiche*, chacun un de chaque côté de la scène)... La pression monte ... ça hurle ... j'ai l'impression d'être à nouveau au concert d'Indochine de samedi dernier... On entend l'une des deux voix qui provient des loges et c'est parti avec Hakim "Bouchkour" Meridja* qui déboule ... suivi peu après de Aurélien "Komlan" Zohou* (*merci wikipedia) les deux chanteurs du groupe stéphanois Dub Inc...
En 16 ans et 5 albums dont ce Dans le Décor qui m'avait ravi par sa fraîcheur il y a déjà 8 ans, ils semblent devenus incontournables (au même titre que Sinsemilia) ! Depuis je n'avais jamais réussi à les voir... D'où ma présence ce soir. Une des originalité (et donc force) de ce groupe tient évidemment dans ce double chant et la complémentarité des voix. Cette complémentarité est aussi apparente dans le jeu de scène avec une dynamique bien huilée. Moins fait attention au textes que sur le disque mais ce qui est agréable avec eux c'est que l'on comprend bien les paroles (quand c'est en français, pour moi).
Là aussi ils sont à fond sur scène, Hakim version rage, et Aurélien version sourire. Les 3 morceaux réglementaires je rejoindrai le fond de la salle traversant un public en liesse, qui chante les paroles par coeur sur la plupart des chansons, brandit des t-shirts tout juste achetés au stand merchandising, filme, danse, sourit, fume, sue. Personnellement si ce soir je n'ai pas envie de sauter dans tous les sens, j'apprécie l'énergie sincère. J'aimerais bien me concentrer sur les paroles des chansons que je ne connais pas, mais le peu que je chope me parait en décalage complet avec mes préoccupations...
Ou plutôt je dirais que j'ai l'impression que le groupe ne me parle pas à moi, mais plutôt à des gens beaucoup plus jeunes. Pourtant à quelque chose près ils ont mon age (merci facebook)... Et aux fil des groupes que je vois sur scène, plus ça va plus le décalage entre l'age des membres du groupes et des fans m'interpelle ; surtout sur des groupes à texte ou message (cf le concert des Cowboys Fringant au Silo)... Ne me sentant donc pas trop concerné, et ayant un peu de sommeil en retard je partirai en me disant que finalement cela correspondait exactement à ce à quoi je m'attendais à l'écoute du disque d'il y a 10 ans ; je crois que secrètement j'espérais qu'ils allaient me surprendre à nouveau avec des thèmes moins bateaux... Allez, soyons fous, j'en propose un inspiré de ce soir : "fumer ça n'a rien de rebelle, ça appauvrit les pauvres et enrichit les méchants, et statistiquement ça tue (c'est une des rares causes de cancer sur lesquelles il n'y a aucune ambiguïté scientifique)"
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Critique écrite le 04 décembre 2013 par Pirlouiiiit
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