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Joseph Arthur (Interview)

La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 11 juillet 2002

Interview réalisée le 11 juillet 2002 par Pierre Andrieu

Après une balance incroyable et avant son magnifique concert le soir même à la Coopérative de Mai, nous avions posé quelques questions à Joseph Arthur, le 30 mars 2002. Son nouvel album sur le label Real World est sorti le 21 mai 2002, il mérite d'être découvert sans tarder par les amoureux de la folk music teintée de pop, de trip hop et de rock...



Pourquoi fais-tu une tournée européenne colossale où tu joues trois fois dans chaque ville en trois mois ?
Joseph Arthur : " Je ne peux pas te donner les raisons pour lesquelles je fais ça : il n'y en a pas. Il n'y aucune explication à rien dans la vie : la vie n'a pas de sens. (Sourire...)

Tu n'es pas trop fatigué à force de tourner de manière aussi intensive ? En Angleterre, tu fais même parfois deux concerts par jour : un à 13 heures, l'autre à 21 heures...
J. A. : Oui, c'est épuisant. Je ne sais pas pourquoi je fais ça.

As-tu du succès en Angleterre?
J.A. : Non. Peu de gens me connaissent là-bas. C'est la première fois que je tourne dans ce pays.

Comment étaient les shows en Irlande ?
J.A. : Je me souviens du concert au Wheelan's à Dublin qui était très bien. La ville de Belfast est étrange, on peut sentir la tension qui y règne.

Faire une tournée marathon, est-ce ton choix ou celui de ta maison de disques ?
J.A. : Si je ne voulais pas le faire, je ne le ferais pas. Je ne sais vraiment pas pourquoi je fais tous ces concerts... Je peux tourner comme ça car je joue seul et je me déplace avec peu de gens : ça ne coûte pas cher.


Big City Secrets - 1996


Combien de musiciens vont jouer avec toi pour la dernière partie de la tournée, en juin et juillet?
J.A. : Je vais sans doute avoir un batteur et un bassiste à mes côtés.



Préfères-tu jouer avec un groupe ou tout seul ?
J.A. : J'aime faire les deux. Ça dépend du public, s'il est dans le truc ou pas.

Peut-être veux-tu faire un " Neverending tour " comme Bob Dylan pour éviter de rentrer chez toi ?
J.A. : Non. J'adore jouer live mais je ne veux pas être sur la brèche comme ça pour le reste de ma vie !

Jouer les mêmes chansons chaque soir, n'est ce pas trop lassant ?
J.A. : Si je jouais les mêmes chansons chaque soir, je m'ennuierais. Mais je ne joue pas les mêmes... J'interprète des titres inédits, je pioche différentes chansons dans mes albums.

Est-ce que tu arrives sur scène avec une set list ou est-ce que tu joues en fonction des réactions du public ?
J.A. : En général, je joue les chansons comme elle me viennent. Je me disais hier soir que je devrais écrire une set list de toutes les chansons que je peux interpréter pour choisir parmi celles-ci quand je joue. Le public me réclame parfois telle ou telle chanson mais je ne sais pas forcément jouer tous les titres qu'on me demande !

Les chansons où tu utilises ton sampler " Echoplex " sont-elles identiques chaque soir ou en profites-tu pour expérimenter de nouvelles interprétations ?
J.A. : Je garde les paroles et la structure mais je les modifie en fonction de mon humeur : je peux les rallonger, rajouter une partie.

As-tu des chansons que tu préfères ou tu t'en fous ?
J.A. : Parfois, en fonction de mon état ou de mes états d'âmes, je suis plus content de jouer une chanson plutôt qu'une autre mais en général, je n'ai pas de préférence.


Vacancy - 1999


En l'an 2000, tu tournais dans de petites salles aux USA, est-ce que ça a changé depuis ta tournée avec Ben Harper dans des salles de 2000 places ?
J.A. : Un petit peu, ça commence à bouger mais je ne joue pas encore dans des lieux très grands. C'est toujours difficile...

Est ce que c'était bien de jouer avec Ben Harper ?
J.A : Je n'ai pas joué tant que ça avec lui. C'était cool de se produire dans des salles immenses, devant beaucoup de monde, je n'avais jamais fait ça avant. C'était un trip !

Tu as même fait un duo avec lui sur In the sun à Toulouse...
J.A. : Oui, c'était un bon moment !

Où préfères-tu donner des concerts : dans des grandes salles ou dans des lieux plus intimes ?
J.A. : Je préfère jouer mes propres concerts dans de petits endroits que faire des premières parties dans des Zénith : je peux jouer plus longtemps si je suis en tête d'affiche. Si je pouvais jouer tout seul dans de grandes salles, ça serait bien !

Comment expliques-tu ton succès en France ?
J.A. : Je ne sais pas. Et toi, qu'en penses-tu ?

Tu as une voix incroyable et tu écris des chansons superbes...
J.A. : Continue ! Les français ont décidément bon goût ! Si tout le monde pensait comme toi, j'aurais du succès partout, même aux USA... Ça commence à venir mais je suis encore loin d'avoir beaucoup de succès.

Dans tes Notes from the road, tu trouvais déprimant de faire des Showcases dans des magasins de disques devant des gens passant en coup de vent acheter le dernier Mariah Carey. As-tu changé d'état d'esprit?
J.A. : Je ne me souviens pas bien de ça. En fait, je ne vois pas le public, je suis un alien venant d'une autre planète... (Rires...)


Come To Where I'm From - 2000


Est-ce que c'est difficile de garder la foi dans tes chansons quand tu regardes ce qui marche en ce moment (Limp Bizkit, Korn, Sum 41...) ?
J.A. : Ce n'est pas difficile de continuer à croire en mes chansons, c'est dur de croire encore que je puisse un jour gagner de l'argent. Jusque-là, je n'ai rien gagné alors que je travaille depuis très longtemps. C'est décourageant car dans la vie normale si tu travailles dur, tu gagnes de l'argent ; mais dans le music business, ça ne marche pas comme ça !

Je ne comprends pas pourquoi tu n'est pas plus connu !
J.A. : Je suis "célèbre" mais la célébrité ne te paye pas. Etre célèbre, mais ne pas gagner d'argent, c'est ce qu'il y a de pire ! Quand j'avais 25 ans j'étais très content d'être connu et je me foutais de gagner de l'argent mais maintenant à 30 ans, il est temps d'être payé. Je devrais demander de l'argent : vous aimez mon travail et bien comprenez que je n'ai jamais été payé pour ça. Envoyez des chèques ! (Rires...)

Est ce que les notes de tournées et les peintures que tu envoies sur ton site internet sont un moyen de passer le temps lors des trajets ?
J.A. : Oui, c'est ça. J'essaie d'avoir une activité créative pendant les trajets, ça rend l'attente plus facile, et ça permet d'oublier les endroits vides, l'éloignement de ma maison, l'ennui. En ce moment, je compose de la musique avec un ordinateur portable.

J'aime beaucoup les pochettes que tu as peintes pour Vacancy et Come to where I'm from, je les trouve sombres, tristes et torturées... Tu es comme ça dans la vie de tous les jours ?
J.A. : Oui, demande à Graham mon ingénieur du son. Mon fameux coté sombre... J'ai des moments où je suis sombre mais d'autres où je suis un clown : je suis donc un clown sombre ! C'est pour ça que les français m'aiment...


Redemption's son - 2002


As-tu réalisé toi-même la pochette de ton nouvel album ?
J.A. : Oui, c'est une sculpture.

Voudrais-tu vivre de tes peintures et de tes sculptures ?
J.A. : A ce moment de ma vie, je suis prêt à vendre mon corps. Je vendrais n'importe quoi. Je cherche seulement un moyen de m'acheter une petite maison dans un endroit sympa et disparaître pour faire de la musique sur Internet, avoir une femme et un enfant, quitter le showbizness !

Tu n'as pas de femme ?
J.A. : Non...

Pour le nouvel album, combien as-tu enregistré de chansons et combien Real World en a-t-il retenu pour le nouvel album ?
J.A. : J'en ai enregistré beaucoup, je ne sais pas combien c'est pour ça que je sors les Junkyard Hearts EP's. C'est un tirage très limité, on peut les avoir dans certains magasins de disques, les commander sur Internet ou les acheter après mes concerts.

Voudrais-tu sortir des chansons sur des petits labels quand tu le souhaites (comme Beck à ses débuts)?
J.A. : Real World et un label indépendant, je peux le faire : j'avais réalisé Vacancy en 1999 et je viens de sortir 4 Ep : The Junkyard Hearts EP's.

Peux-tu parler de ton nouveau disque ?
J.A. : Il s'appelle Redemption's son, ne pas confondre avec Redemption song de Bob Marley , attention !

Tu l'as produit ?
J.A. : Oui, enfin, je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire produire. D'autres gens m'ont un peu aidé pour travailler sur ce disque.

T. Bone Burnett, le producteur de Come to where I'm from ?
J.A. : Non.

Connais-tu les groupes Mercury Rev et Sparklehorse produits par Dave Fridmann ?
J.A. : Un peu, mais je n'ai pas vraiment écouté leurs disques.


Junkyard Hearts 1 - 2002


Aimerais-tu faire produire ton prochain disque par Dave Fridmman ? Il me semble que vos deux univers sont compatibles...
J.A. : J'aimerais beaucoup travailler avec lui, je ne lui en ai pas parlé mais ça arrivera peut-être un jour !

Vas-tu retravailler avec Joan Osborne ou Gomez ?
J.A. : Je ne sais pas, tout peut arriver. Des chose étranges peuvent se passer. Rien n'est en préparation en tout cas. Il est probable que je collabore à nouveau avec Gomez.

Qu'écoutes-tu en ce moment ?
J.A. : The Streets, tu connais ? C'est un nouveau groupe venant d'Angleterre mélangeant le hip hop, la drum n' bass et le UK garage.

As-tu écouté les Strokes ?
J.A. : Oui, et j'aime bien leur album. Tu peux voir leurs influences mais ils ont leur propre truc à eux. Je ne les ai pas vus en concert mais c'est sympa paraît-il.

Apprécies-tu les White Stripes ?
J.A. : Oh oui, j'aime bien, mais je ne les ai pas vus en concert. La batteuse est super canon. Pourquoi est-ce qu'ils ne jouent pas ce soir avec moi ?

Quelles sont tes sources d'inspiration ?
J.A. : La douleur, la souffrance... et puis l'amour ! J'aime tous les styles de musique. Je n'ai pas d'influences spécifiques. En ce moment, je suis inspiré par le groupe The Streets.

Parce que tu joues de l'harmonica et de la guitare, les gens te comparent à...
J.A. : Bob Dylan et Neil Young ! Oui, je les ai écoutés mais je ne fais pas la même musique qu'eux. Si je jouais avec un groupe et une guitare électrique, on ne me parlerait pas de Bob Dylan et Neil Young ou de toutes les personnes qui ont joué de ces instruments !


Pochette intérieure de Big City Secrets.

Tu vis à New-York depuis un certain temps déjà. Que penses-tu de l'ex maire Rudolph Giuliani ?
J.A. : Je ne l'aimais pas avant. Je pense que c'est un bon maire mais après le 11 septembre, dans une situation difficile, c'est devenu un super maire !

Votes-tu ?
J.A. : Je n'ai pas voté pour Giuliani ! Je ne votais pas à cette époque.

Ton opinion sur George W. Bush ?
J.A. : Je n'ai pas voté pour lui, il a volé l'élection mais je pense que si on considère les circonstances actuelles, il fait du bon boulot. Il s'occupe de la situation de la seule manière possible. C'est une situation folle : les gens en face sont maléfiques, du niveau d'Hitler...

Est-ce que tu te sens en sécurité à New-York ?
J.A. : Oui, tout à fait ! J'aime New York.

Es-tu fier d'être américain ?
J.A. : Oui, j'aime les Etats Unis d'Amérique ! C'est le plus formidable pays du monde.

Et la France alors ?
J.A. : La France c'est cool, mais je suis Américain ! Même si je suis plus populaire en France, je sais encore d'où je viens. J'aimerais vivre un moment à Paris, la ville me plait.

Ecoutes-tu parfois de la musique française ?
J.A. : Dès que j'en ai l'occasion ! Noir Désir par exemple. J'avais aimé leur concert à Rock au Max à Cournon en 1997.

A-tu déjà écouté du Serge Gainsbourg ?
J.A. : Non, mais j'aimerais bien le faire.



Si je te dis que ta musique est un mélange de trip hop et de folk-rock, est-ce que j'ai tort ou raison ?
J.A. : Si tu appelles " trip hop " du hip hop sur des rythmes lents, je suis assez d'accord avec ta définition..."



Les prestations de Joseph Arthur sur scène valent assurément le détour... Seul ou accompagné par deux excellents musiciens, il revisite son répertoire de manière brillante et convaincante. Vous pourrez juger par vous-mêmes (si ce n'est déjà fait !) lors des nombreux concerts que donne Joseph Arthur à chaque sortie d'album.


Site Internet : www.josepharthur.com.


(Photo Jean-Pascal Blache)

> Réponse le 05 décembre 2006, par rv

[Belfort,à la poudière - mai 2002] C'est ma révélation musicale avec Jeff Buckley, on se recueille litéralement en l'écoutant, j'aime la musique qui m"émotionne". Comment la simplicité de ses chansons peut-elle donner une résultat si divin ? je suis fan... Je cherche des vidéos de concert,y en a-t-il?   Réagir


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