Accueil Chronique album : Films Lim 121-140 - Films Lim 121-140, par Philippe
Dimanche 28 avril 2024 : 6044 concerts, 27085 chroniques de concert, 5412 critiques d'album.

Critique d'album

Films Lim 121-140 : "Films Lim 121-140"

Films Lim 121-140 :

Pop - Rock

Critique écrite le 28 avril 2008 par Philippe

This is England, un film de Shane Meadows avec Thomas Turgoose

Petit film social sur l'Angleterre thatchérienne des années 80 (sur le modèle des ainés Stephen Frears, Ken Loach etc), This is England s'intéresse à l'une des franges les plus marginales de la population : les skinheads. Plus particulièrement, la rencontre de Shaun, un gamin un peu souffre-douleur mais tête de bois, avec une bande d'ados skinheads à peine plus agés que lui. Son acceptation dans la bande grâce à une sorte de grand frère rigolo, Woody, les pitreries de la bande et ses premiers émois amoureux avec une fille maquillée à la truelle, donnent une première moitié du film excellente, avec des acteurs terriblement attachants. Une scène formidable est par exemple celle où la maman de Shaun vient gronder ses nouveaux amis (et notamment une jolie "bird" toute penaude) de lui avoir rasé la tête... On imagine que tout quadragénaire qui a été crâne rasé à l'époque versera sa petite larme à l'évocation de son adolescence, bercée par l'écoute de Toots & the Maytals et des Specials.

Et puis arrive Gombo, qui sort de prison, archétype du skinhead méchant, qui forcera les membres de la bande à se politiser. Et le film bascule dans la démonstration : le traitement de la politisation y est terriblement caricatural, à l'instar de la scène ratée de la scission de la bande... Surtout pour trouver au final une excuse à chaque personnage, et tenter de dédouaner au passage toute les violences commises encore aujourd'hui par la frange bas-du-front de cette population, déniant la possibilité de l'existence d'un racisme viscéral : je deviens facho mais c'est parce que j'ai été à un meeting nationaliste, parce que je suis jaloux de mon pote jamaïcain, parce que j'ai plus de père, et pis d'abord j'ai le droit d'être vénère parce que j'ai eu une déception amoureuse... Les skinheads du formidable My Beautiful Laundrette, dans leur nihilisme sans cause ni explication, étaient par exemple mille fois plus terrifiants et dérangeants. Reste le parcours initiatique de cette formidable tête de bois, Thomas Turgoose, qui vaut à lui seul le déplacement - incontestablement le gamin anglais le plus attachant depuis Billy Elliott....










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Zodiac, un film de David Fincher, avec Jack Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Robert Downey Jr

Celui qui se faisait appeler le Zodiac fut un tueur célèbre aux USA, qui commença à sévir dans la fin des année 60 et continua, si l'on peut dire, tranquillement pendant 12 ans sans jamais se faire pincer, à semer le terreur, et toujours autour de San Francisco. Ce film raconte sa véritable traque par un policier (Marc Ruffalo, sorte de Columbo jeune), un journaliste spécialisé (Robert Downey Jr, très naturel en alcoolique junkie), mais aussi un enquêteur plus inattendu et tout aussi assidu, le dessinateur du San Francisco Chronicles, un certain Robert Graysmith.

Pour celui-ci, personnage central du film (Jack Gyllenhaal, passionné et passionnant), l'enquête tourne rapidement à l'obsession. D'autant que le tueur envoie des messages cryptés au journal, dont il devient rapidement spécialiste. Quand on sait que David Fincher a réalisé des films aussi agités que Se7en ou Fight Club, on peut se demander comment il va réaliser un film de 2 h 40 sur la traque minutieuse (mais en grande partie administrative) d'un tueur à gages, sans que ça pète de partout !
Et pourtant, tout en ne laissant pas faiblir le suspense, il réalise cette histoire avec une maëstria et une sobriété digne des grands polars des années 70 à la Sidney Lumet, y compris les scènes de meurtre, auxquelle il donne toute l'horrible banalité qu'elles doivent souvent avoir en réalité.

De plus et contrairement à un polar classique, où tout s'accélère au fur et à mesure, le rythme du film est ponctué des pistes qui s'affinent, deviennent bouillantes... avant de s'effonder d'un coup. On ressent ainsi toute la frustration de l'enquêteur, qui croit toucher au but un jour, et repart à zéro le lendemain. On voit aussi les traqueurs commettre des erreurs terribles, et perdre un temps précieux.

Car entre son collègue journaliste, doué mais trop brouillon et défoncé pour être efficace, les policiers moyennement coopératifs (pendant tout le film, des informations pourtant cruciales sont scindées entre deux comtés voisins qui jamais ne se les transmettent !), et cette voix qui lui téléphone nuitamment pour lui faire entendre de lourdes respirations, tout est réuni pour que Robert Graysmith devienne totalement accro à son enquête, au péril de sa vie sans doute... et nous aussi. Comme lui, nous voudrons, nous devrons comprendre, et puis au moins une fois, regarder le Zodiac droit dans les yeux...









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Pirate des Caraïbes III, un film de et avec les mêmes que d'habitude

Ah, au fait, le pirate foldingue Jack Sparrow est de retour pour un troisième et (espérons-le) dernier épisode de Pirates des Caraïbes ! Comme précédemment et sans vraiment retrouver la classe du premier épisode, c'est r'parti pour plus de deux heures de cascades, canonnades, délires qui deviennent spatio-temporels, histoires de malédictions enchevêtrées et globalement incompréhensibles, vaisseaux fantômes, coeurs arrachés, tronches de poulpes et combats au sabre, le tout à un rythme limite psychiatrique. Toujours distrayant certes, mais pas complètement passionnant quand même.










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Shrek III, un film des studios Dreamworks

On peut passer assez vite sur Shrek III, que vous irez voir de toutes façons quoi qu'on en dise, et avec raison : la galerie de personnages de ce dessin animé est toujours plus développée et attachante, à tel point d'ailleurs que la succession de petits moments de chaque personnage finit par devenir la trame principale. Et plus vraiment le scénario qui, lui faiblit un peu : l'ogre pétomane, refusant le trône de Far Far Away qui lui est offert en héritage, part à la recherche d'un certain Arthur, chétif héritier ado qui glande à la fac. Il rencontrera l'enchanteur Merlin et deux ou trois méchants plutôt sous-exploités - par manque de temps. Du cinéma très bien fichu et marrant (avec toujours ce double niveau de lecture qui fit le succès de la série), mais qui ne force pas trop son talent.









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Grindhouse / DeathProof, un film de Quentin Tarantino avec Kurt Russel, Zoe Bell

Par contre, il est un film pour lequel le cinéphile que je suis doit prendre clairement position. Car depuis Kill Bill, il est devenu tendance d'attaquer (The Master) Tarantino par des angles particulièrement stupides, en gros : "trop de blah blah, pas assez de scénario, trop de violence gratuite"... Eh bien soyez heureux, enfants de la pop culture et du rock n'roll qui l'aimez exactement POUR CA : The Grindhouse : DeathProof (très mal traduit en "Boulevard de la Mort") est sur ces trois points, je pèse mes mots, extraordinaire !

Trop de blah blah ? Les héroïnes, gonzesses faibles ou fortes, vont parler une bonne moitié du film de ce qui les intéresse - et il faut bien le dire donc, essentiellement de cul ! Vous me direz, qui ça intéresse d'entendre des filles belles à en tomber parler de sexe ? Poser la question c'est déjà y répondre... Pas assez de scénario ? Contrairement à une histoire de tueur fou classique, il y a ici au moins une pirouette scénaristique totalement inédite, géniale et jubilatoire, dont je prends grand soin de ne rien dire. Trop de violence gratuite ? Euuh, il y a en effet (comme toujours) un ou deux moments assez trash mais qui servent simplement le scénario, et de façon virtuose !



Quant aux points qui font généralement l'unanimité chez Quentin (à savoir, le style du cinéaste et sa direction d'acteurs) : Grindhouse / Deathproof rend hommage avec malice et classe aux films de série Z produits dans les 70's avec des bouts de ficelle. Il comporte une poursuite en voiture tout à fait formidable et haletante, qui a du faire chialer de rage pas mal de tâcherons hollywoodiens bien incapables d'en faire autant... Bon, évidemment là c'est la routine : il comporte aussi une B.O.F. de rock groovy de toute beauté, dont une formidable reprise du Laisse Tomber les Filles de Gainsbourg.



Et enfin, les acteurs ? Kurt Russell est grandiose en Stuntman Mike , cascadeur dérangé et sadique. Toutes les filles qui vont avoir affaire à lui sont formidables, alors citons juste Zoe Bell qui fit les doublages d'Uma Thurman et qui, outre être une cascadeuse exceptionnelle (vous comprendrez vite laquelle c'est), joue très bien la comédie. Et puis je ne peux pas ne pas souligner la performance d'effrontée rigolote de Rosario Dawson, actuellement la plus belle actrice latino du monde (vous pouvez aussi enlever "latino"), qui nous avait bouleversés dans Sin City et nous a ré-enchantés dans le plaisant Clerks II, tout récemment. En résumé, des filles, des voitures et de la bonne zique... Pronostic ? DeathProof sera le film le plus rock'n'roll de l'année et donc, l'un de nos préférés ! Alors c'est ok ? See you on the Boulevard de la Mort !










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[¤ Rec], un film de Jaume Balaguero, avec Manuela Velasco

Voilà encore un nouveau film de peur filmé caméra à l'épaule, selon le style lancé par l'indépassable Blair Witch Project ! Cette année, déjà, on a recommandé ici Cloverfield, incroyable invasion de New York (un peu moins effrayante que [¤ Rec] mais nettement plus spectaculaire !). Ca se passe cette fois-ci dans un immeuble barcelonais, où la jolie journaliste Angela et son cameraman Pablo sont venus suivre, pour le compte d'une télé locale, des pompiers en intervention.

Il s'avère qu'une vieille dame y est devenue folle et s'est mise à mordre les gens avant d'aller se cacher. Dernier avatar possible du style donc, ça devait arriver, le remix "film de zombie/caméra à l'épaule"... Scénario fort bien construit il est vrai, puisque le suspense monte au fur et à mesure que la situation s'aggrave - les occupants de l'immeuble étant enfermés par des policiers à l'extérieur, ambiance contamination/isolation, et perdant comme on peut s'en douter régulièrement du terrain sur les Mordus ...

A vrai dire ayant trop tardé pour le ciné, on a vu la chose sur un ordinateur (ce que vous ferez peut-être aussi ?) - il paraît évident que une bonne heure du film doit être plutôt stressante au cinéma, 5 à 10 minutes très éprouvantes, et environ deux à trois plans, à mourir de peur ! Ca devrait bien marcher aussi en éteignant la lumière dans la pièce. On peut tout de même remarquer que toutes les ficelles sont mises en oeuvre : les fameux moments où le spectateur se dit "va pas par la p... ! mais qu'elle est c... c'est pas vrai !", puisque la personne filmée et souvent le cameraman vont se fourrer PILE là où le bon sens commanderait de ne surtout pas aller. Et puis, le fameux moment dans le noir où l'on passe en caméra infra-rouge.

Et surtout, ces zombies que, selon la règle du genre, les protagonistes du film semblent voir pour la première fois. Je ne sais pas vous, mais moi avec tous les films que j'ai vus, perso si j'en croise un jour, au moins JE SAIS qu'on ne peut pas les tuer ni les enfermer, joder !. Ou encore, ce postulat que le type qui filme, quoi qu'il (lui) arrive, ne lâchera pas la camera... Bref une recette qui a fait ses preuves, appliquée à la lettre et qui ravira donc les amateurs de films de genre ! A noter tout de même, si vous avez lu comme moi que ça faisait aussi peur que The Descent : j'avais également vu celui-ci en DVD, et avais été littéralement terrifié et failli mourir de frousse une dizaine de fois. A croire que j'ai bizarrement plus peur des galeries souterraines que des cages d'escalier dans le noir... Et vous ?










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Aide-toi, le ciel d'aidera vs Leonera de Pablo Trapero / François Dupeyron

Dans Leonera (de Pablo Trapero), la blanche et triste future maman Julia (jamais vue Martina Gusman, sombre et splendide) entre dans une prison de femmes, accusée d'un meurtre un peu étrange dont nous ne savons rien. Dans une aile aménagée pour les enfants : toute les femmes en ont, et/ou en attendent ! Elle va donc devenir jeune maman dans cet endroit étrange, carcéral et chaleureux tout à la fois, où l'on se promène presque librement mais où s'ébattent des tout-petits derrière des barreaux. Et qui doivent cependant partir à l'âge de 4 ans - on pressent la déchirure, surtout quand sa mère (Elli Medeiros) essaye de la convaincre de laisser partir le petit Thomas, et quand un protagoniste du crime qu'elle aurait commis témoigne à charge contre elle. Un tempérament de fer et une solidarité féminine sans faille vont lui permettre de se débattre comme une lionne pour essayer de récupérer son bien le plus précieux. C'est assez dûr par moments, mais plutôt subtil dans les sentiments et les élans du coeur, allez-y !

Dans Aide-toi, le ciel t'aidera, la noire et dynamique maman Sonia (l'inconnue Félicité Wouassi, magnifique et solaire) se débat le jour du mariage de sa fille, dans sa cité des Mureaux où tout va de travers : un mari qui claque sans prévenir, un fiston gentil mais au poste, un autre qui marche trop près des bords du toit de son HLM, le mec de sa meilleure amie qui lui fait un gringue pas possible... Et cette canicule qui étouffe et donne au monde une lumière jaune sirocco. Seul peuvent l'aider son voisin, un vieux bonhomme libidineux mais touchant (Claude Rich, impérial comme d'hab'), un peu ou même beaucoup de chance, et surtout son caractère bien trempé ! Personne n'avait jamais tant fait ressembler la France à l'Afrique, c'est joyeux et agité, bordélique et émouvant tout à la fois, c'est de François Dupeyron donc c'est du tout bon, allez-y aussi !










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Aide-toi, le ciel d'aidera vs Leonera de Pablo Trapero / François Dupeyron

Dans Leonera (de Pablo Trapero), la blanche et triste future maman Julia (jamais vue Martina Gusman, sombre et splendide) entre dans une prison de femmes, accusée d'un meurtre un peu étrange dont nous ne savons rien. Dans une aile aménagée pour les enfants : toute les femmes en ont, et/ou en attendent ! Elle va donc devenir jeune maman dans cet endroit étrange, carcéral et chaleureux tout à la fois, où l'on se promène presque librement mais où s'ébattent des tout-petits derrière des barreaux. Et qui doivent cependant partir à l'âge de 4 ans - on pressent la déchirure, surtout quand sa mère (Elli Medeiros) essaye de la convaincre de laisser partir le petit Thomas, et quand un protagoniste du crime qu'elle aurait commis témoigne à charge contre elle. Un tempérament de fer et une solidarité féminine sans faille vont lui permettre de se débattre comme une lionne pour essayer de récupérer son bien le plus précieux. C'est assez dûr par moments, mais plutôt subtil dans les sentiments et les élans du coeur, allez-y !

Dans Aide-toi, le ciel t'aidera, la noire et dynamique maman Sonia (l'inconnue Félicité Wouassi, magnifique et solaire) se débat le jour du mariage de sa fille, dans sa cité des Mureaux où tout va de travers : un mari qui claque sans prévenir, un fiston gentil mais au poste, un autre qui marche trop près des bords du toit de son HLM, le mec de sa meilleure amie qui lui fait un gringue pas possible... Et cette canicule qui étouffe et donne au monde une lumière jaune sirocco. Seul peuvent l'aider son voisin, un vieux bonhomme libidineux mais touchant (Claude Rich, impérial comme d'hab'), un peu ou même beaucoup de chance, et surtout son caractère bien trempé ! Personne n'avait jamais tant fait ressembler la France à l'Afrique, c'est joyeux et agité, bordélique et émouvant tout à la fois, c'est de François Dupeyron donc c'est du tout bon, allez-y aussi !










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Be Kind, Rewind, un film de Michel Gondry, avec Jack Black, Mos Def, Danny Glover

Notre bien-aimé Michel Gondry est de retour, avec un film ni aussi émouvant et époustouflant qu'Eternal Sunshine..., ni aussi barré et taré que la Science des Rêves, et pourtant en tout points charmant : Be Kind, Rewind ! Histoire des aventures de deux bras cassés, qui tentent de sauver un vidéoclub à l'ancienne (no DVD's !) de la banqueroute, tandis que le patron de ce bateau ivre tente de sauver les murs eux-même de son immeuble, ou serait né selon lui le pianiste crooner Fats Waller lui-même.

Mos Def est donc un gentil garçon black, juste un peu "renné" (comme on dirait ici), se sentant investi d'une mission qui le dépasse (tenir le vidéoclub que lui a confié le débonnaire et fatigué Danny Glover). Tandis que Jack Black joue l'excité irascible de service, à mi-chemin entre le mythique Doc de Back to the future (il s'électrocute comme celui-ci) et le cultissime vendeur de vinyles caractériel de High Fidelity (il est aussi désagréable que celui-là), soit son propre plus grand rôle à ce jour...

Bref ayant malencontreusement effacé l'ensemble des cassettes VHS du magasin, les deux compères n'ont pas d'idée plus stupide que de re-tourner en 3 heures avec un camescope, un rouleau de papier aluminium, trois sacs plastiques, et deux acteurs bien sûr, le film Ghostbusters qu'a réclamé une amie du patron ! Enfin ce dont ils se souviennent du film, c'est-à-dire environ ... 20 minutes. Le film tombé entre les mains d'adolescents va alors déclencher une réaction en chaîne : l'ensemble des habitants de la ville de Passaic, New Jersey, va se passionner pour ce film "suédé" et ceux qui vont suivre pour répondre à la demande.

Notamment : Rush Hour 2, Carrie, Boyz in the Hood, 2001 l'Odyssée de l'espace, et même le Roi Lion ... Et les deux compères d'augmenter leur production, bientôt rejoints pas une actrice latino chic et choc, jusqu'à un point tel que... pouf, pouf. Avec le merveilleux côté bricolo si cher à Gondry depuis les clips qui l'ont rendu célèbre, et une vibrante déclaration au cinéma US populaire, tout comme un message presque politique de DIY (Do It Yourself), voire de résistance passive à la modernité, généralement subie, Be Kind Rewind est un GRAND petit film qu'on a envie de défendre d'instinct, tant pour ce qu'il est, que pour ce qu'il représente.

Soit ni plus ni moins que le plus merveilleux hommage au cinéma et à ses amoureux depuis Cinema Paradisio - juste, ici en version gonzo, et néanmoins émouvant aux larmes, de rire certes, mais pas que ! A la fin du générique, l'adresse d'un site web qui permettra d'aller voir l'ensemble de ces formidables petits films - désolé moi je ne peux pas vous la dire, chuis pas une balance.









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Bienvenue chez les Ch'ti, un film un film de et avec Dany Boon & Kad Merad

"Pédophiles, chômeurs et consanguins, Bienvenue chez les Ch'ti !" La charge de la banderole était tellement énorme qu'on avoue honteusement en avoir rigolé, surtout dans la bouche de handicapés mentaux supportant le PSG et probablement le IIIème Reich. Ca a d'ailleurs fait un déclic dans notre tête : il fallait quand même aller voir ce film phénomène ! D'abord on n'a jamais détesté complètement un film qui ait été vu par plus de 12 millions de personnes (ça fait deux fois plus que le public d'un navet franchouillard de Francis Veber, c'est un signe !), ensuite Dany Boon et surtout Kad Merad sont des types sympas et qui nous amusent plutôt, pris séparément. Et enfin des gens dignes de confiance ont confessé s'y être amusés.

Comme chacun sait, le film montre donc un malheureux directeur des postes muté (dans des circonstances cocasses d'ailleurs) de Salon-de-Provence, 13, à Bergues, 59 (région Nord Pas-de-Calais). Il y arrive à reculons et avec tous les préjugés possibles - une partie étant commune à tous les natifs de Provence, notamment celui à propos des températures négatives dès le nord d'Avignon... Il va bien sûr découvrir une réalité différente. Evidemment le film tombe dans un excès inverse, qui fait subitement des gens du Nord des personnes forcément sympathiques, fêtardes, et avec un accent à couper au couteau - et il ne pleut que le jour de son arrivée. Enfin c'est de bonne guerre et ça reste très supportable.

Les deux principaux protagonistes se tirent de l'exercice grâce à un gros abattage, Dany Boon en gentil ch'ti et Kad Merad en candide sudiste (il était déjà pas mal dans Je vais bien en t'en fais pas), ainsi qu'une jolie galerie de personnages secondaires - et une ou deux apparitions mémorables comme celle, hilarante, de Michel Galabru. Les morceaux de bravoure attendus, comme la tournée des 2 facteurs invités à picoler à chaque arrêt, ou la re-création d'un Nord fantasmé atroce (cf la banderole) pour décourager la femme du postier, sont franchement réussis. Tout comme sont crédibles leurs histoires de coeur, et bien agréables les promenades dans les rues pavées de la ville de Bergues... Au final on doit confesser avoir ri de bon coeur au moins une dizaine de fois - c'est pas si mal et on y passe donc un fort bon moment.









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Blindness, un film de Fernando Meirelles, avec Julianne Moore, Mark Ruffalo, Danny Glover

Dans la série "film d'infection virale", Blindness évoque une maladie de cécité soudaine et mystérieuse, qui frappe sans prévenir un automobiliste, avant de contaminer tous ceux qui l'approchent. Bien évidemment le monde sombre peu à peu dans la panique au fur et à mesure que le "mal blanc" s'étend. On suit les pérégrinations d'un ophtalmologue (Mark Ruffalo), parmi les premiers contaminés, et de sa femme qui elle, ne contracte curieusement pas la maladie (Julianne Moore). Ils se retrouvent enfermés dans un centre de quarantaine où va rapidement se développer une loi arbitraire et violente entre aveugles, sous la houlette d'une petite frappe (Gael Garcia Bernal) qui a pris le pouvoir avec l'aide d'un "vrai" aveugle, forcément moins handicapé que les autres. Un véritable conflit va se déclencher entre les dortoirs de la prison... On ira pas plus loin dans l'histoire.

Le nouveau film de Fernando Meirelles vient confirmer ce qu'on pouvait soupçonner à la vue de son précédent La Cité de Dieu : une vision toute personnelle du monde, glorifiant volontiers la loi du plus fort de façon on ne peut plus douteuse : chacun pour sa gueule, marchons sur les autres s'il le faut, ma bande plutôt que mon dortoir, mon dortoir plutôt que celui des autres... il est vrai qu'il est peut-être influencé par la société socialement violente dans laquelle il vit au Brésil ?

Autre point agaçant : quand on voit à quel point la critique peut s'acharner sur les soi-disant invraisemblances de certains films (cf notre vibrante défense de Vinyan la semaine dernière) et ne pas en relever sur celui-ci ! Déjà la maladie que le monde entier attrape sauf une et une seule personne, pfff... Que sur une population donnée, le dortoir des premiers arrivés soit plein de gentils et les suivants, pleins de méchants sans morale aucune... Le fait que les victimes, américaines jusqu'à preuve du contraire (ils parlent anglais) acceptent sans s'étonner un centre de quarantaine totalement concentrationnaire...

Pire encore, et là c'est vraiment à gerber, que des femmes et leurs maris acceptent sans broncher davantage un chantage sexuel abject du despote (qui n'a pourtant qu'un pistolet...). En tout tout ça montre combien le réalisateur a une vision droitière, misogyne et individualiste du monde, qu'on est pas obligé de partager. car en plus des invraisemblances notoires, elle rend du coup vraiment gerbatoire ce qui, traité par un scénario moins fascisant, aurait pu être un film pas trop mal fichu à la Shyamalan, le pitch étant intriguant et le suspense pas mal mené par ailleurs ...









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Cloverfield, un film de Matt Reeves

Cette semaine un film qui ne passe pas au cinéma, enfin qui ne passe plus (il semble avoir fait une scandaleusement courte apparition sur les écrans en février, en tout cas il m'a échappé) - mais les lecteurs intéressés par les films d'épouvante à grand spectacle trouveront un moyen de le voir, je n'en doute pas ! Car ce film de peur très malin a trouvé une combinaison inédite et sacrément efficace pour foutre les chocottes : un film catastrophe à grands moyens ("Something attacks New York" et c'est tout ce que vous devez savoir), mais filmé comme le Blair Witch Project ! Comme pour son glorieux ancêtre (qui m'a personnellement condamné à ne plus jamais faire de camping sauvage), on visualise donc ici la cassette VHS d'un inconnu retrouvée dans un camescope... longtemps après.

En voilà les premières minutes : L'histoire commence banalement avec une surprise-party entre yuppies, dans un appart new-yorkais, filmée par le meilleur pote de celui à qui on fait la surprise. Un mec qu'on devine un peu lourdingue, qui insiste pour filmer des messages des gens, épie des conversations, dragouille maladroitement une jolie invitée, etc. Et tout à coup un grand bruit : tout le monde monte en courant sur le toit du building voir ce qu'il en est, y compris lui qui il filme toujours. On aperçoit alors d'énormes explosions qui retentissent au loin dans Manhattan, et on comprend que "ça" vient dans notre direction...

Tout l'intérêt est dans le 'ça" mystérieux ! Une laconique bande-annonce du film a en effet fait le tour du web il y a quelques mois : on y voyait (toujours filmé à l'arrache) un énorme projectile rebondir, dans une rue de Manhattan, sur un immeuble en déclenchant un explosion avant d'atterrir dans un grand fracas de voitures renversées au milieu de la rue : la tête de la Statue de la Liberté, arrachée et griffée, sans plus d'explication... De quoi faire sauter au plafond d'excitation tous les geeks de la terre !

Bien sûr moins on en sait sur le "ça" et mieux ça vaut, je n'en dirai donc rien sauf que sur une échelle du truc-terrifiant-qui-attaque-la-ville (partant de zéro - le Godzilla d'Emmerich), ça vaut bien 8 ou 9 ! Et c'est toute la force du film. Parce que bien sûr il s'ensuit une fuite éperdue du cameraman et quelques amis pour en réchapper, tout en continuant à filmer ("les gens doivent savoir ce qui s'est passé"). Et évidemment il va apercevoir ou croiser "ça" à plusieurs reprises, parfois dans la périphérie de sa vision et sans même le voir tellement il est flippé. Ce qui a pour effet de scotcher le spectateur à son siège qui se dit : "Bordel mais qu'est-ce que c'était ? Pourquoi il l'a pas filmé ? Il l'a pas VU ou est'ce qu'il a eu si peur qu'il a fait comme si... ?!"

Pour l'aspect technique (si crucial pour ce type de films - voir le formidable La Guerre des Mondes de Spielberg, qui a redéfini les bases en la matière pour 50 ans !), on dira simplement que les effets spéciaux sont si parfaitement incrustés dans ces images mouvantes de mauvaise qualité vidéo, qu'on ne doute pas un instant de leur véracité. C'est donc parfaitement paniqué et terrifié qu'on suit la fuite des protagonistes Marlena, Rob et Hud dans le métro... où quelque chose d'affreux va les suivre, va nous suivre. Brrrr... Sans aucun doute, film du genre "Invasion" de l'année 2008 !









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Eldorado, un film de, et avec Bouli Lanners

Depuis le temps que ce cher Bouli Lanners écume les seconds rôles des films drôles et moins drôles de ses amis Mariage, Poelvoorde, Delépine, Dupontel et même Benchetrit, il était temps qu'il ait le premier rôle - et on est jamais aussi bien servi que par soi-même. Dans Eldorado, il est donc Yvan, un type un peu paumé habitant en pleine campagne wallone et vendant des voitures américaines, qui trouve chez lui Elie, un ex-junkie (récent et donc) peu dégourdi, en train de le cambrioler...

Etant bien évidemment trop gentil pour appeler la police et/ou lui casser la gueule, il se retrouve à devoir gérer ce pauvre garçon, que personne ne prend en stop et qui voudrait rentrer chez ses parents, et peut-être ensuite "à la ville". C'est volontairement que rien n'est géo-référencé ici, ni cette ville ni la campagne (on sait juste qu'on va vers la frontière française), afin qu'on ait l'impression d'un dépaysement complet : les champs de Belgique ressemblent aux grandes plaines des USA, les bois aux forêts primaires du Cambodge et les lacs, à ceux des parcs nationaux canadiens ! La notion de frontière prend alors un tout autre sens dans ce Far West, malicieusement suggéré aussi par des plans larges traversés par une grosse bagnole américaine...

Mais derrière cet emballage ludique, des thèmes dûrs comme la dépendance, la solitude, la perte réelle ou symbolique des êtres aimés, sont abordés de façon à la fois sensible et frontale. Avec ses moments de comique de l'absurde (par exemple, quand on découvre qu'on ne peut pas rester éveillé pour conduire en s'attachant les cheveux au plafond), et des passages bien plus graves (la visite aux parents d'Elie perdus de vue depuis longtemps et ce qu'elle fait remonter chez Yvan), le terme de comédie dramatique colle parfaitement au destin de ces deux personnages essayant de s'inventer un avenir, peut-être commun, peut-être heureux, servis en outre par une très classieuse bande originale. De la bien belle ouvrage, en somme, que le coup d'essai de Bouli, qui méritait en effet mieux que de sucer des mottes de beurre dans la cave de monsieur Manatane.









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Française, Un film de Souad El-Bouhati, avec Hafsia Herzi

Retour au grand écran de la césarisée révélation de La Graine et le Mulet, la délicieuse Hafsia Herzi, qui incarne dans ce joli film, une jeune fille née en France et retournée au bled (le Maroc) avec ses parents à l'âge de 10 ans. A l'approche de la majorité, elle commence à sentir le piège se refermer : elle a beau travailler comme un homme, tout en menant des études pour gagner le droit de rentrer là où elle se sentait chez elle, il y a ce jeune homme pressant qui voudrait bien la marier, ces magnifiques collines qu'elle finit par voir comme des barreaux, et surtout ce passeport français que son père ne veut pas lui rendre... Comment se sortira-t-elle de l'étouffant piège d'amour que tisse sa famille, pourtant plutôt moderne et attachante, autour d'elle ?









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Gomorra, un film de Matteo Garrone

Ce docu-fiction sur la Camorra napolitaine arrive auréolé d'une très bonne réputation cannoise. Et pour cause : à partir de destins individuels entremêlés de jeunes et de vieux gangsters, on approche ici de façon assez subtile les cercles concentriques du pouvoir, sans cesse remis en cause, entre petits et gros bonnets de la Mafia de Campanie. Certes la partie purement "Scarface" du sujet (ce personnage de cinéma bien connu inspirant désormais de jeunes aspirants malfrats) reste assez classique, quoique plutôt prenante : on suit deux petites grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que des boeufs, jeunes idiots qui s'imaginent pouvoir travailler impunément pour leur compte...

Autant dire, ce que montrait déjà Scorsese dans Mean Streets (et un paquet d'autres films...), mais traité ici de façon beaucoup plus terre à terre, presque sur le mode du reportage. Par contre, et de façon plus surprenante, on découvre des métiers satellites de la Camorra : appels d'offres truqués pour un couturier vendant ensuite ses services aux chinois, trésorier-payeur de retraites d'anciens mafiosi, élégant businessmann qui achète des carrières pour y déverser des ordures, jeune garçon qui rend de petits services à la Famille en espérant attirer leur attention. Autre personnage et peut-être le plus saisissant : Scampia, une cité tentaculaire et flippante située en banlieue de Naples, dévoyée et décadente, grouillante de tous les trafics, et qui porte formidablement bien son surnom de ... Gomorra.









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The Dark Knight, un film de Christopher Nolan

Deuxième volet de la nouvelle génération de Batmen, celle sans aucun humour qui a succédé aux charmantes pitreries Burtoniennes. Ici donc, on est pas là pour rigoler : non seulement le Batman est incarné par un Christian Bale toujours aussi insignifiant (tout comme Michael Keaton en son temps), mais en plus il est un chevalier sombre, lassé de sa mission et quasi-dépressif. Sa tout aussi déprimante copine (remplaçante de Katie Holmes, encore plus naze) s'éloigne de lui pour aller vers un possible nouveau héros plus positif, le procureur de Gotham, Harvey Dent... Et pendant ce temps les bandits mettent la ville à sac, Batman fait le malin avec ses gadgets polluants et bruyants, business as usual: tout est donc réuni pour qu'on s'ennuie ferme, ayant déjà vu ça dix fois.

Heureusement, le Joker est de retour ! Sous les traits assez horriblement défigurés du regretté Heath Ledger. Performance d'acteur nettement au dessus du lot (bon, ce n'est pas difficile) et surtout, personnage fascinant : un méchant particulièrement vicelard, qui ne veut pas l'argent ni le pouvoir, mais seulement la poésie toute "Néronienne" d'une ville à feu et à sang : le Chaos comme une fin en soi.

Il s'efforce donc de trouver en chacun la part sombre, notamment dans une séquence assez fascinante où des bons citoyens et des mauvais ont chacun le choix cornélien d'éliminer leur prochain... ou de disparaître. Ou encore, en défigurant suffisamment le malheureux procureur pour le faire basculer. Sur 2 h 27, à part si on est encore bluffé par les cascades cablées et les courses de voitures, il faut donc attendre la dernière heure pour, enfin, commencer à s'amuser franchement. Dommage, c'est exactement comme pour Spiderman 3 : une heure de moins et c'eut été un petit chef d'oeuvre...

PS : Zombies fadasses, anciens soldats israéliens et robots old-school romantiques : les chroniques ciné de l'été sont planquées ici !









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Indiana Jones et le Crane de Cristal, un film de on-s'en-fout-qui avec Harrison Ford

Il court toujours, vingt-sept ans après, le professeur Jones... Est-ce bien raisonnable ? Bof, par fidélité à Spielberg & Lucas et avec l'excuse supplémentaire d'un billet Scoop, ça peut se tenter. Harrison Ford y met tout en oeuvre pour paraître vingt ans de moins que son âge, affublé qu'il est pourtant d'un fiston qui lui, a vraiment vingt ans - au fait, le malheureux acteur s'appelle Shea Labeouf, ha ha ! (oui je sais, il était dans Transformers, mais même à moi il arrive de rater des navets...)

En pleine guerre froide donc, notre sémillant senior parcourt l'Amérique du Sud avec son fils à la recherche d'un fumeux crâne de cristal, qui serait également un crâne Roswellien - habile remix de deux mythes donc, et donnerait on ne sait quel pouvoir que ces salauds de communistes convoitent ! Ils sont donc poursuivis comme il se doit par ces sous-hommes, emmenés par une Cate Blanchett asexuée et donc très moche. Ils retrouveront en chemin, entre deux pièges et animaux venimeux, l'ex-Mme Jones (qui fait bien son âge, elle, n'étant pas tirée ni botoxée de partout). Un truc sympa quand même dans ce film d'aventures un peu suranné : peu de recours à l'image de synthèse et du coup, des décors qui, comme à l'époque du premier épisode, ont toujours un charmant air de carton-pâte amélioré. Et un film qui n'est à vrai dire pas pire que ses prédécesseurs qui n'étaient déjà pas des chefs d'oeuvre de finesse (les avez-vous revus au 21ième siècle ?).

Ca reste quand même une récré pour les deux réalisateurs, ce qui a des avantages et des inconvénients : s'il est vrai qu'on est moins stimulé que par le War of The Worlds (chef d'oeuvre total du film d'invasion extraterrestre) de Spielberg, on ricane quand même moins que devant les consternants épisodes I à III de Star Wars, grâce à un abattage à toute épreuve du héros qui, c'est un comble, torche l'affaire sans même transmettre chapeau et fouet à son fiston... Tu as raison Harry : on ne sait jamais, les impôts de 2009 ou 2010 aux USA pourraient être sévères, si un salopard de gauchiste comme Obama était élu...










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J'ai toujours rêvé d'être un gangster, un film de Samuel Benchetrit

Autour et dans une cafétéria perdue dans un no-man's land péri-urbain, plusieurs personnages se croisent, ou non, chacun exerçant, rêvant de, ou ayant exercé la profession annoncée dans le titre. On peut reprocher pas mal de choses à Samuel Benchetrit à propos de ce film, en particulier de pomper sans génie des idées deci-delà : scénario fragmenté comme dans Pulp Fiction, dialogues souvent très écrits lorgnant vers Audiard, musiques western lourdement insistantes, losers lents et à l'accent belge comme dans, au pif, Les convoyeurs attendent, etc etc.

Ou encore, de laisser certaines séquences, qui ne marchent pourtant pas très bien, s'étirer en roue libre, par exemple quand l'apprenti braqueur mollasson Edouard Baer n'en finit pas de converser avec une Anna Mouglaglis si lymphatique qu'on a envie de secouer pour qu'elle bronche un peu... alors qu'un rythme un peu plus vif dans le jeu comme dans la réalisation aurait pu en faire une vraie réussite : une séquence presque hystérique de cinéma muet est en contrepoint un moment presque parfait.

Par contre on ne peut justement pas lui reprocher de faire cabotiner les acteurs. La rencontre entre Arno Hintjens et Alain Bashung, dans leurs propres rôles de chanteurs en tournée, est ainsi d'un minimalisme très louable, sans pour autant qu'on s'y ennuye : l'échange à propos de la paternité d'une chanson est suffisamment savoureux pour rappeler (ça aussi c'est probablement un emprunt involontaire hein Sami ?) une des bonnes séquences de Coffee and cigarettes de Jim Jarmusch. Tout comme le savoureux duo de kidnappeurs (incluant l'excellent Bouli Lanners qu'avait déniché un certain M. Poelvoorde-Manatane), aux prises avec une gamine vaguement suicidaire mais brave.

Ou encore, ces retrouvailles entre bandits octogénaires et sub-claquants : dans l'illustre bande, à part un Jean Rochefort comme souvent un poil trop exubérant, chacun tient dignement son rôle de Tonton Flingueur sur le retour, en particulier Venantino Venantini qui, faut-il le préciser, était le grand Pascal dans le cultissime film d'origine. En somme, sur un scénario et une réalisation qu'on qualifiera de division 2, une bande d'acteurs pour la plupart charismatiques et attachants parvient malgré tout à nous faire passer un bon moment de cinoche.











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JOhn Rambo, un film de (et avec) Sylvester Stallone

Une fois de temps en temps, devant une profusion de films en retard à la qualité aléatoire, le chroniqueur est obligé de faire ce choix, un peu maso mais plutôt jouissif, punk en quelque sorte : aller voir délibérément celui qui a l'air le plus débile ! Quoi de mieux pour ce faire que d'honorer un 4ème rendez-vous avec le soudard John Rambo, trilogie à la qualité régulièrement descendante, partie d'un brûlot antimilitariste pas si mal pour sombrer dans la violence communistophobe la plus vile. Avec le vague espoir, quand même, d'apercevoir de beaux paysages dans ce film tourné dans le nord de la Thaïlande à la frontière birmane.

Retour du brave Sly donc, un an après un improbable Rocky-chais-mêm'-plus-combien déjà navet de l'année 2007, un Sly un brin avachi par les années mais toujours aussi mastoc, dans un film de commande : recyclé dans la capture de serpents, notre sympathique brutasse se retrouve malgré lui forcé d'accompagner de stupides évangélistes américains. Car hélas pour lui, il y a parmi les missionnaires une belle femme blonde entre deux âges et pleine d'idéaux dont le regard plein d'espoir finit par convaincre la Bête désabusée et nihiliste de les aider - il est vrai que son pantalon blanc immaculé semble abriter une fort jolie chute de rein à laquelle il n'est pas complètement insensible.

Mal préparés, ils se font comme prévu capturer par une junte d'une brutalité insensée après un massacre en règle comme même les Khmers Rouges n'ont pas réussi à en faire. N'ayant évidemment pas été pris, voilà donc l'ex champion de tir à l'arc affrétant un deuxième voyage, pour accompagner des mercenaires américains bien caricaturaux mais multi-ethniques : un asiatique et un type vaguement arabe voire métis donnent une caution anti-raciste à l'expédition.

Comme attendu, l'affaire se transforme en une débauche d'explosions et de membres arrachés lâchement (uniquement par les méchants, entendons-nous bien), tandis que Rambo tire quelques flêches bien senties qui, comme au bon vieux temps, tuent les gens à 100 mètres à coup sûr. De leur côté, les mercenaires courageux foutent une grosse branlée à cette bande de soldats violents, alcooliques et globalement incompétents qui représentent les méchants birmans harcelant l'ethnie Karen, chrétienne d'adoption (ce qui correspond, il faut le signaler, à une triste réalité qui dure depuis environ 50 ans...).

Fait amusant, l'auteur (on ne rit pas) du script a du voir Bad Taste et un ou deux films de Romero : les balles tirées ensuite par l'ex-monsieur Muscle, dont l'expression faciale définitivement figée finit avec l'âge par évoquer vaguement celle de Carmen Cru, les balles tirées (faisant chacune la taille d'un zeppelin), provoquent donc des explosions corporelles et autres évaporations crâniennes du plus bel effet. L'ambiance globale est quand même un peu cheap - tout ceci n'est finalement qu'une grosse échaufourrée de cinquante personnes au bord d'un fleuve méandreux et moite, ça sent un poil le manque de moyens.

D'ailleurs après avoir occis à son tour la quasi-totalité de la junte à lui tout seul, le héros a l'air un brin ailleurs quand il éventre finalement, machinalement et presque avec mélancolie le grand méchant, qui s'apprêtait évidemment à violer la pauvre femme blanche. Celle-ci le gratifiera donc avant de repartir avec son pignouf de mari d'un retard lointain et désespéré, éperdu d'amour impossible, tandis que le héros marquera l'extrême émotion sentimentale alors ressentie par une imperceptible crispation de ses mâchoires, qu'il a fort balaises. Il est vrai qu'il kiffait quand même bien son cul.

Le générique fait défiler une interminable liste de patronymes thaï qui montre qu'au moins on a fait bosser les intermittents locaux, dont un qui porte le joli prénom de "Oh". Au fait, à la fin, les autres prennent le bateau mais notre héros rentre en Amérique à pied - il est vrai que les paysages sont sympas autour de Chiang Mai, en Thaïlande. Mais ça, le chroniqueur le savait déjà.









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La Graine et le Mulet d'Abdelatif Kechiche, vs Into the Wild de Sean Penn

Conscient d'arriver un peu après la bataille pour la Graine et le Mulet, déjà couvert de gloire, de prix et de louanges (et à juste titre), on va le dire simplement : tout ce que vos amis, vos parents et vos journaux vous on dit sur ce film est vrai - c'est un chef d'oeuvre singulier ! L'histoire est d'abord tranquille, avançant de façon elliptique entre de longues séquences de dialogues dignes d'un bon Strip Tease... puis elle deviendra d'un suspense quasi insoutenable.

Les acteurs sont en tous points formidables puisqu'on les prend pour de vrais gens se connaissant depuis longtemps - ce qu'ils ne sont pourtant pas dans la vie ! Mention spéciale à l'extraordinaire Hafsia Herzi : si le film raconte les tribulations de Slimane, ouvrier en pré-retraite forcée qui veut ouvrir un restaurant pour laisser quelque chose de concret, le combustible qui fait avancer toute l'histoire est bien sa fille d'adoption, Rym, formidable gadjie soi-disant sétoise (eh oh, c'est un accent de marseillaise ça, on nous la fait pas !), qui commence l'histoire en cagole un peu boulotte et la finit... en déesse généreuse et solaire !

Le tout est filmé en assénant l'air de rien, au détour de dialogues, des réflexions sociales on ne peut plus pertinentes, et même des phrases pratiquement bouleversantes sur le déracinement, la transmission, etc. Un film aussi vivant, distrayant, émouvant et signifiant, il n'y en a pas toujours un par an, alors comme dirait Rym : "tchi'as vu, c'trop bon, la vérité, si tchi va pas, t'y es juste con, j'te le djis moi !". Elle n'aurait pas tout à fait tort.

Into the wild, lui aussi sur la durée, instaure pareillement une belle atmosphère dans un autre registre - Sean Penn a pris autant de temps pour le filmer qu'Abdelatif Kechiche ! On y suit le parcours véridique d'un jeune américain épris de nature et de liberté, qui plaque tout après son diplôme pour fuir un parcours tout tracé, déprimant et consumériste, et disparaître tout en s'enfonçant le plus loin qu'il peut dans une nature inviolée. Road movie, ou plus exactement "treck movie" du rebaptisé Alexander Supertramp, dans les décors grandioses de l'Amérique sauvage, avec un but ultime : gagner assez d'argent pour atteindre son eldorado personnel, un mot qui enflamme son regard rieur - l'Alaska !

En chemin et pas pressé, il aura le temps de faire très belles rencontres successives (un peu sur le mode d'Une Histoire Vraie de David Lynch), autant de personnages que comme lui, on quittera à regret, là-aussi avec de beaux messages sur la filiation, le souvenir, etc. Film initiatique bien sûr, sur une quête spirituelle qu'on peut trouver vaine, ou immature, mais qui ne manque pas de panache, et en définitive nécessaire à ce garçon pour se construire, pour se trouver face à lui-même...

Vous voulez un peu de dépaysement et un grand bol d'air ? Prenez donc la main tendue par ce Peter Pan des temps modernes, incarné par un acteur également formidable, Emile Hirsch (dont on reparlera surement), et vous vous perdrez avec lui dans les immensités du désert et celles du Yukon... Mais pour y apprendre, au bout de la route, quelques grandes vérités que peu de jeunes gens de 22 ans peuvent seulement imaginer, surtout dans le monde terriblement matérialiste dans lequel nous errons à présent. Au bout de la route vous attendent aussi un vieux bus, et un regard que vous ne serez sans doute pas prêt d'oublier.









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Vignette Philippe

 Critique écrite le 28 avril 2008 par Philippe
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