Accueil Chronique album : Films Lim 161-180 - Films Lim 161-180, par Philippe
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Critique d'album

Films Lim 161-180 : "Films Lim 161-180"

Films Lim 161-180 :

Pop - Rock

Critique écrite le 02 mai 2008 par Philippe

The Curious Case of Benjamin Button, un film de de D. Fincher

On avait laissé la grande Cate Blanchett égarée dans un consternant Indiana Jones, David fincher sur l'excellent Zodiac, et Brad Pitt, peut-être son acteur fétiche au fond (Se7en, Fight Club...), en Jessie James spectral. Quoi qu'il en soit le trio revient au top de sa forme dans cette histoire au pitch très simple : un homme appelé Benjamin naît dans un corps de vieillard, et va rajeunir tout au long de sa vie. Tandis que son âme-soeur Daisy, rencontrée dès l'enfance, va grandir et vieillir naturellement : le film couvre la durée de leurs existences...

Evidemment la vie du personnage ne sera pas sans difficultés, à commencer par l'abandon d'un père terrifié (le très bon acteur qui jouait James Bataille), heureusement devant une maison de retraite où il pourra grandir presque normalement, entouré d'autres vieux et élevé par une nounou noire douce et aimante. Puis il fera sa vie en prenant son envol vers des aventures lointaines, toujours étrangement décalé puisque s'adonnant à des activités de son âge mental, en contradiction avec son âge physique. La belle Daisy, elle, se lancera une carrière de danseuse et ils se croiseront et se rateront longtemps, longtemps ... eh, oh, je n'ai rien dit qui 'spoile' quoi que ce soit, je vous jure !

C'est peu dire que les effets de maquillage (réel et numérique) sont bluffants, et sur les deux personnages ! Benjamin commence en nouveau-né petit vieux et se transforme vite en une créature étrange : Brad Pitt avec un visage de vieillard et dans un corps d'enfant - évidemment plus petit que celui de l'acteur - prouesse technologique rigoureusement incompréhensible à l'oeil ! Plus tard il sera magnifiquement vieilli, laissé au naturel, et enfin rajeuni de façon bluffante (mais en adaptant magistralement son jeu, sa voix et son port à tous les âges). De son côté la belle parcourt sa vie avec autant de grâce en sens inverse, d'abord rajeunie à l'adolescence, puis belle quarantenaire au naturel, se transformant enfin en crédible femme mûre et en touchante personne âgée.

Le film se situe à mi-chemin entre un conte de Tim Burton de type Edward Scissorhands (avec une vraie empathie pour les héros "freaks" et les petites gens), et une épopée au long cours à la Forrest Gump (avec histoire d'amour contrariée et héros positifs qui affrontent sans se plaindre les situations les plus difficiles). Ce ballet de vies entremêlées où les âges changent à chaque rencontre est en outre incarné par un couple hollywoodien d'exception, et digne des temps héroïques : Bogart/Bacall, Burton/Taylor... On aurait bien vu de tels acteurs d'exception s'y frotter, mais la technique n'aurait jamais suivi à l'époque !

C'est aussi un magnifique mélodrame, au sens positif du terme, où l'on comprend d'emblée que les 2 personnages ne vont faire que se "croiser" (puisqu'ils n'auront le même âge physique que sur une courte période) - c'est un peu ce même sujet qui rendait Se souvenir des belles choses si bouleversant, croisement éphémère d'une mémoire se retrouvant et d'une autre disparaissant.. Du coup certaines scènes sont inédites et positivement bouleversantes, que je ne peux hélas pas révéler, qui font d'ailleurs parcourir de grands frissons dans la salle...

Evidemment si vous êtes une brute n'ayant jamais écrasé discrètement une larme à la fin d'une belle histoire d'amour, laissez tomber ! De toutes façons l'auteur de ces lignes ne parle pas aux gens qui n'ont notamment pas pleuré à la fin d'Edward Scissorhands, d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou même de Princess Mononoke, encore moins à ceux qui ne savent pas qui est James Bataille et sa belle fiancée Conchia ! Des gens qui ne devraient d'ailleurs pas le lire ! Films à Oscars ? Sans doute, mais franchement pas volés - et rassurez-vous, votre argent non plus pour un si beau spectacle.









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The Wrestler, un film Darren Aronofsky, avec Mickey Rourke

A la base et sur la forme, il n'y a pas de grande différence entre The Wrestler et le plutôt pitoyable... Rocky Balboa : l'histoire d'une vieille carne cabossée par trop d'affrontements et d'excès - et de bistouri... Et en outre, même pas de fantaisie de réalisation particulière, de la part de Darren Aronofsky qui a pourtant signé des oeuvres graphiquement très fortes : l'un peu putassier mais fascinant Requiem for a Dream et avant, le formidable et énigmatique Pi. Bref, on aurait ici un film de genre en somme, et même potentiellement de série Z : un combat de plus, le dernier, forcément de trop, celui qui semble pouvoir tout régler. Mais un corps en rupture et un médecin qui lui a défendu de remonter sur le ring : grand classique donc !

La différence est toutefois ici la présence d'un acteur immense, le très déglingué Mickey Rourke qui nous avait déjà retournés par son come-back dans Sin City. Autant dire, l'ancien héros de Barfly, Angel Heart et de l'Année du Dragon est quelqu'un qui émet tout autre chose que le paralytique facial Stallone, ses navets complaisants et son expression de mérou en fin de criée. Il incarne donc (au sens le plus viandesque du terme), Randy "The Ram" Robinson, catcheur sur le retour depuis 20 ans, qui gagne pauvrement sa vie, de combats en combats plus ou moins mal dotés, allant jusqu'à du catch "gonzo", plus hard et sanguinolent, surenchère pour les matchs les plus pauvres...

Légende dans le milieu du catch, il est encore adulé par ses pairs et par quelques rares fans, mais plus ni par sa fille, qui ne lui parle plus, ni par la strip-teaseuse dont il est amoureux, ni par le mec qui l'emploie en manutention dans un hangar, ni par son logeur qui l'enferme régulièrement dehors quand il a des loyers en retard sur son mobil-home tristounet. Seuls moments où il est encore quelqu'un : entre les 4 cordes du ring - là où il semble, justement, pouvoir mourir d'un instant à l'autre. Car son corps morfle, terriblement, des plaies qu'il s'inflige en combats - on souffre avec lui, tout au long d'un film, dont on dirait bien que l'acteur a fait toutes les cascades et pris tous les coups, même les plus violents. On en apprend aussi beaucoup dans les vestiaires, sur le fonctionnement de ce sport certes truqué mais très solidaire, et avec un énorme engagement physique ! Tel cette terrible scène de dédicace d'anciens catcheurs, où l'on s'aperçoit qu'ils sont pratiquement tous estropiés...

Sur un plan artistique, le film porte en lui une forte empreinte générationnelle : strip-teaseuses et catcheurs quadra ou même quinquagénaires, partagent la nostalgie des années 80 ("jusqu'à ce petit con de Kurt Cobain vienne tout ruiner"), et du hair metal de Motley Crüe, des Guns'n'Roses ou d'Accept. Le regret de cette époque révolue renforce encore le côté crépusculaire, presque Eastwoodien du film - peut-il y avoir un salut pour ceux qui vivent dans un monde qui n'existe plus ? En tout cas le personnage de The Ram, amoché physiquement et psychiquement, est suffisamment touchant et paumé pour nous bouleverser quand il ouvre son coeur à sa fille, et pour que, le croiriez-vous, on puisse vibrer d'un grand frisson en le voyant s'élancer depuis la troisième corde, les coudes en avant...

PS : Puisque les Oscars sont tombés (et à côté de Mickey hélas), j'en profite pour persister et signer : Slumdog Millionaire est une adaptation malhonnête, bling-bling-de-droite, putassière et pour tout dire limite xénophobe d'un très bon roman - plutôt de gauche en l'occurence... Des voix se sont d'ailleurs élevées en Inde pour dénoncer le contenu du film dès qu'il y est sorti ! Tandis que Benji Button a très justement vu récompenser ses prouesses technico-artistiques. M'enfin c'est vous qui payez.









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Joy Division, un film de Grant Gee, avec ... New Order

Autant Control d'Anton Corbijn était, comme tous les biopics réussis, une magnifique introduction au monde de Joy Division, autant le film du même nom s'adresse exclusivement à des gens qui connaissent déjà, et qui aiment Joy Division. Il s'agit ici de l'histoire pure et dure du groupe, racontée par ses trois survivants, par Annik Honoré l'amie de Ian Curtis, par Tony Curtis le génial producteur... Et au contraire, sa veuve Deborah qui tenait le stylo de l'autre film (et survendait un peu la théorie du suicide par déchirement amoureux), n'est que citée par écrit ici.

Passant un peu rapidement sur l'histoire de Warsaw (le groupe punk précédent, ayant comporté 4 batteurs, et pas si mauvais que les protagonistes ne veulent bien le dire ici), le docu se concentre sur l'émergence du phénomène, répète après répète, single après single, jusqu'au moment où le tout n'est plus égal à la somme des parties, où ces trois musiciens juste corrects et ce chanteur bipolaire et romantique, paumés dans leur banlieue ouvrière, écrivirent soudain certaines des plus belles chansons en langue anglaise de tous les temps...

Au fil des extraits, les chansons d'Unknown Pleasures et de Closer, leurs deux seuls LP, apparaissent comme des diamants bruts, à travers des vidéos amateur de qualité souvent pourries. Le regard cristallin et terriblement vide d'Ian Curtis reste pourtant longtemps dans la rétine... Pour le reste, le film très délicatement réalisé montre aussi comment ont vieilli les autres, eux qui n'étaient pas habités par l'urgence destructrice de leur leader - plutôt bien, en somme. J'espère ne pas vous apprendre qu'ils tournent encore sous le patronyme de New Order !

Pour finir, si vous n'avez jamais entendu parler de ce groupe parce que vous êtes, par exemple, trop jeune, sachez quand même qu'aucune chanson moderne n'est aussi triste et gaie à la fois que Love will tear us Apart, que peu de choses sonnent aussi urgentes que Transmission ou Something must Break, que rien n'accompagne aussi bien une journée de merde que Shadow Play ou que She's lost control, mais qu'a contrario aucune journée ne peut être tout à fait ratée avec Dead souls à fond sur les oreilles, ni aucune banlieue rester moche en écoutant la sublime Atmosphère, etc, etc ... bref que contrairement à Christope Maé qui donne envie de se les crever, Joy Division est une des choses pour laquelle Dame Nature nous a donné des tympans. A bon entendeur...









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35 Rhums, un film de de Claire Denis avec Alex Descas, Grégoire Collin

Et une fois de temps en temps, aller voir un film léger comme un nuage... Lent mais pas chiant, où il ne se passe pas grand chose de plus que l'instauration d'une ambiance nostalgique et chaleureuse. Un père conducteur de RER (Alex Descas, beau comme un dieu) et sa fille étudiante, habitent ensemble en banlieue au nord de Paris. Pourquoi tous les deux ? Où est la femme / la mère ? Qui est cette voisine qui connaît la jeune fille depuis toute petite et à qui le père fait ostensiblement la tête ? Qui est ce jeune homme pressé et triste (Grégoire Collin, énigmatique), qui rentre tard le soir mais semble très attaché à eux ?

La vie se passe doucement, par petites touches, un chat meurt, un collègue prend sa retraite, c'est la grêve à la fac, une voiture tombe en panne en route pour un concert... De micro-événements ponctués par des voyages au lever ou au coucher du jour, sur les rails du RER, où l'on réfléchit à la vie, comme le conducteur. Des choses en apparence futiles qui se passent sans qu'on sache trop où l'on va, mais comme les corps et les visages sont beaux, les relations subtilement mises en scène, le charme agit. Et soudain on prend la route avec les personnages, pour une lointaine destination à l'est, toujours sans comprendre... jusqu'à ce que le puzzle se forme enfin.

Claire Denis signe un film en apesanteur, presque asiatique, d'une grande beauté nichée derrière des décors banals, un escalier, un couloir, une banlieue moche... Dans un genre radicalement différent du magnifique (et totalement terrifiant à mon goût) Trouble Every Day, mais toujours avec les Tindersticks en bande sonore, cette fois-ci sans la voix de Stuart Staples remplacée par un simple melodica. Plus qu'un film, une expérience sensorielle. Eviter quand même la séance de 22 heures...









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Harvey Milk, un film Gus Van Sant, avec Sean penn, James Franco

Harvey Milk fut le premier homme ouvertement gay élu à une fonction municipale en 1977. Le film retrace son ascension jusqu'à son assassinat (ne vous énervez pas, c'est révélé 3 minutes après le générique si jamais vous l'ignoriez !). Trente ans "à peine" ont passé depuis la ségrégation dont parle cette histoire, une ségrégation certainement aussi violente que celle qui s'exerçait à peine dix ans plus tôt contre les Noirs. Quelques images d'archive montrent d'ailleurs au début du film la crainte dans laquelle vivaient les homosexuels dans les années '60, appuyant d'autant plus le rôle littéralement héroïque joué par le personnage principal...
Sean Penn, magnifique comme presque toujours, prouve qu'il peut tout jouer : à peine maniéré, d'une humeur égale, combattive et joyeuse, devant la défaite comme devant la victoire, redonne vie avec une force - justement oscarisée - à un personnage dont on imagine sans peine (Sean Penn ? hmm), le charisme extraverti. Autour de lui, on suit l'apparition, d'abord sur un simple pâté de maison de San Francisco, d'une communauté naissante, peuplée de personnages secondaires attachants : Emile Hirsch (d'Into the Wild) méconnaissable en jeune pédé fort en gueule, James Franco (de Spiderman) enfin dans un très beau rôle d'amoureux discret, prêt à s'effacer pour ne pas freiner le héros dans sa quête...

A vrai dire il n'est pas flagrant ni déterminant que ce soit Gus Van Sant qui ait adapté la vie de Harvey Milk : le style est nettement moins onirique que d'habitude, exercice du 'biopic' oblige, sauf peut-être dans une préparation d'assassinat filmée presque cliniquement, qui rappelle bien sûr celle d'Elephant. Il n'est pas fondamental non plus que la musique soit signée de Danny Elfman, qui met deci delà des violons mais sans trop se fouler - les moments les plus justes et les plus émouvants sont de toutes façons ceux où l'on entend David Bowie, Patti Smith ou, sur des images de Gay Parade, la bouleversante Somewhere over the Rainbow de Judy Garland. Il y a toutefois une empathie pour les personnages qui transparaît à chaque image, et que n'aurait sans peut-être pas aussi bien fait ressentir un réalisateur hétéro. A la réflexion, il y a aussi une façon de ne pas juger le "méchant", l'adversaire de toujours, joué par Josh Brolin (le cowboy loser qui avait affaire à Javier Bardem dans le dernier Coen), dont on ne fait qu'effleurer la possibilité qu'il soit jaloux, d'une façon amoureuse, du beau Harvey Milk. Par ailleurs, images d'archives et du film sont subtilement mélangées pour lui donner une étonnante modernité.

Et enfin, l'histoire a évidemment une énorme résonance aux USA, et de deux façons : clin d'oeil d'une autre minorité opprimée à celle qui vient enfin de voir élire son premier Président à la tête des USA... Mais aussi rappel que rien n'est jamais acquis puisque le même jour, la Californie faisait interdire par référendum sur la honteuse proposition n°8, le mariage gay... décision pas encore actée, mais lourde de sens : le film relate en effet aussi la lutte contre une autre proposition liberticide, la n°6 (qui voulait criminaliser les homosexuels notamment en les assimilant aux pédophiles). "Merci, bande de salopards de pédés communistes !", a déclaré Sean Penn hilare et ému lors de la remise des Oscars - avant de féliciter les USA d'avoir élu un élégant homme, d'inviter les californiens à réfléchir aux conséquences de leurs actes, et enfin de dédier l'oscar à Mickey Rourke pour sa performance dans The Wrestler. Des questions, quelqu'un ?

Pendant ce temps en France, où l'on vote chaque jour une nouvelle loi liberticide pour faire plaisir à des tarés paranoïaques, le combat pour l'égalité des droits et pour la liberté, autant dire, ça résonne aussi très, très fort...









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Gran Torino, un film de et avec Clint Eastwood

Les 17 lecteurs revendiqués de cette chronique (et les quelques milliers d'occasionnels, ou de honteux) qui doit bien avoir l'air de rien, pas loin de 7 ans, savent que son auteur habituel est totalement au delà de l'objectivité pour tout ce qui concerne Clint Eastwood... Evidemment, puisque Clint Eastwood est un dieu vivant (CQFD) ! Ils se doutaient donc qu'ils n'échapperaient pas à un panégyrique de son nouveau film, Gran Torino. Inutile de redire tout le bien qu'on a pu penser ici de Million Dollar Baby (à la réflexion un poil too much), Letters from Iwo Jima (à la réflexion toujours aussi sublime) et The Changeling l'an passé (classique et manquant d'un petit supplément d'âme).

Quoi qu'il en soit, et alors que l'histoire de la boxeuse devait à l'époque être son dernier rôle (... il y déjà 4 ans), notre quasi-octogénaire préféré a encore craqué pour se remettre en selle, et en scène. Il y joue Walt Kowalski, vieillard aigri et détestable, vivant seul avec sa chienne dans un quartier en déshérence. Les voisins anciens étant partis ou morts, il est entouré de minorités ethniques, noires et asiatiques qui l'horripilent, campé qu'il est sur un solide racisme hérité en partie de son passé lors de la guerre de Corée (c'est-à-dire celle d'avant le Vietnam...). Délaissé par ses propres enfants lassés de son caractère (et vraies têtes de cons eux-même il est vrai), il passe donc sa vieillesse à bougonner des insanités xénophobes sur sa terrasse, à l'attention de ses voisins Hmongs (une ethnie à cheval entre Laos et Chine), repoussant un jeune prêtre de bonne volonté, pratiquement la seule personne à encore lui adresser la parole.

Jusqu'au jour où il va venir en aide, bien malgré lui, au fiston des voisins, le jeune Thao, rétif à la vie facile des gangs et donc harcelé par une bande de délinquants de sa connaissance. Et découvrir que ces voisins "face-de-citron" sont incroyablement généreux et reconnaissants de son action - il va être littéralement submergé de nourriture, puis invité chez eux, et sympathiser à sa façon avec la dynamique et charmante Sue, la soeur de Thao, lors d'une première partie qui relève presque de la comédie. Difficile de se dépêtrer de ces donateurs frénétiques et attachants, mais surtout impossible de se défaire des "méchants" qu'il a menacé avec son vieux fusil : mouillé jusqu'au cou, le vieux Walt va devoir trouver comment s'en sortir et/ou en sortir le jeune Thao, qu'il a pris sous son aîle depuis que celui-ci a voulu voler son bien le plus cher : une Gran Torino 1972 (la même que Starsky & Hutch !) !

Film crépusculaire où il ré-incarne tous les héros du passé, du policier acariâtre et auto-justicier des débuts au vieux sage revenu de tout, en passant par le cowboy solitaire et le père putatif, Clint Eastwood trouve enfin ici comment en finir de la thématique de la vengeance personnelle, idéologie républicaine qui a longtemps plombé son oeuvre ou ses rôles, et conclure par un film personnel, simple et formidable à la fois... Dusse-t-il ne plus jamais se mettre en scène (je parierais à peine un demi-kopeck là-dessus), ce film drôle, émouvant, intelligent et finalement tout à fait en phase avec l'air du temps américain, serait une conclusion idéale à une carrière inégalée et pratiquement sans fautes. Le cinéma américain est grand et Clint Eastwood est son prophète, amen.









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Les Trois Royaumes, un film de John Woo, avec Fengyi zhang, Takeshi Kaneshiro, Tony Leung

Oua-hou, ça dé-coi-ffe. Quand John Woo revient tourner un film de guerre en Chine, avec des moyens assez monstrueux (genre, le plus gros budget de toute l'histoire du cinéma chinois), ça tape au niveau de la baston finale du Seigneur des Anneaux III, autrement dit, il y a du figurant et du matos ! 2 h 30 assez renversantes, pour conter la guerre menée par le Goliathesque Royaume du Nord et son ambitieux Premier Ministre auto-proclamé, l'ambitieux Cao Cao, contre les deux Davidesques royaumes du sud de Zhou Yu et Liu Bei, alliés vaillants mais dix fois moins nombreux. Le tout adapté du premier des Quatre Livres Extraordinaires de la littérature chinoise - en somme un roman mythique de la dimension de celle de l'Iliade et de sa Bataille de Troie, 6 tomes de 800 pages que je vous recommande chaudement d'ailleurs (bon bon, je plaisante)...

Magnifique film à grand souffle épique, qui alterne judicieusement les séquences john-wooesques les plus contondantes, et la poésie akira-kurosawesque la plus pure. D'un côté, les généraux impliqués dans des corps-à-corps impressionnants, sont des maîtres en arts martiaux qui réalisent des figures totalement fantasques (où l'on se souvient que chez John Woo on peut aussi tuer son adversaire en lui tirant un missile nucléaire dans le bide et/ou faire échanger le visage de Nicolas Cage avec celui de John Travolta !). De l'autre, un général qui interrompt les manoeuvres de toute une armée pour ré-accorder la flute d'un enfant, un grand stratège de guerre qui rythme sa vie d'un battement de plume d'oie, et qui définit ses batailles en fonction de ce qu'il lit dans le ciel, ou encore une femme qui change le destin de la Chine en faisant durer le rite de la préparation d'un thé... Et pourtant le mélange de cinéma le plus surexcité de Chine et le plus zen du Japon est ici totalement digeste et harmonieux !

Quand j'aurai rajouté que Fengyi Zhang est un méchant totalement classieux et attachant par son amour déçu, que Takeshi Kaneshiro (japonais lui, enfin on l'aurait deviné) est un stratège charismatique, que Tony Leung Chiu-Wai (celui d'In The Mood for Love) incarne un héros généreux et amoureux, et que la stratégie déployée par les uns et les autres dans cette bataille de la Falaise Rouge est en tout point passionnante à suivre et le suspense terriblement prenant (on finit par regarder le ciel avec la même angoisse que les belligérants dans l'attente du Vent du Sud-ouest)... J'espère que je vous aurai suffisamment dépaysés pour vous convaincre d'aller voir Les Trois Royaumes, un grand divertissement aussi jouissif que splendide !










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Wonderful Town, un film de Aditya Assarat

(Chronique oubliée/retrouvée)
Jolie surprise que ce premier film post-tsunami. Ton est un jeune architecte, venu conduire les travaux de reconstruction d'un hôtel de la côte meurtrie de Phuket, Thaïlande du sud, où les bâtiments déchiquetés du bord de mer n'annihilent pourtant pas complètement la beauté magique des lieux, magnifiée par une bande-son délicate. Na est une jeune femme qui tient une guest house désertée depuis le cataclysme, d'autant plus désertée qu'elle est dans une petite ville éloignée des centres touristiques. Quand elle voit arriver ce client improbable, c'est ostensiblement le coup de foudre entre eux, avec toute la retenue qu'on imagine.

La rencontre amoureuse prend en effet tout son temps, dans cet entre-deux où le temps semble suspendu. On pense un moment à Lost in Translation : la romance délicate et touchante, l'hôtel et ce que ce cadre forcément passager, sous-entend de romantique et de triste à la fois... Mais il y a aussi l'arrière-plan, cette ville où semble planer une menace - peut-être la peur de la mer qui pourrait revenir, elle qui est longuement filmée comme un animal dangereux, ou la peur de ce qui pourrait sortir de ces maisons abandonnées et qu'on dit hantées.

Ou encore, la peur du qu'en dira-t-on dans un petit village à la population rustre, et plus pronfondément traumatisée qu'il n'y paraît au premier abord... Le dénouement laisse en tout cas toutes les interprétations possibles - parabole symbolique du deuil à effectuer par tout un pays, ou simple histoire au romantisme exacerbé comme les aiment tant les Thaï ? Pour l'européen en tout cas, cette "ville merveilleuse" recèle beauté et dépaysement à tous les étages...









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Welcome, un film de Philippe Lioret, avec Vincent Lindon

Ouais, bon, ça vous arrive jamais de rendre un taf avec trois semaines de retard ? Eh ben à moi si, alors... Trois pour le prix d'une ! Welcome, vous en avez sûrement lu du bien et peut-être même du mal ! Le héros, maitre nageur joué (bien) par Vincent Lindon et habitant à Calais, se retrouve à entraîner malgré lui un candidat kurde-irakien à l'exil par voie marine, qui veut rejoindre sa copine en Angleterre. Et selon la logique imparable du don qui engage, se retrouve entraîné de plus en plus loin dans son aide au jeune Bilal, et forcément compromis par le tristement célèbre délit de solidarité (art. 622-1, plus d'info ici !), en plus de la culpabilité à laisser le jeune homme risquer sa vie. Pas franchement de pathos ni de bons sentiments, c'est traité avec la juste distance, c'est un beau film qui donne à réfléchir, en plus de montrer une réalité plutôt sordide. Ne faisons pas les autruches !

Ne me libérez pas, je m'en charge, quant à lui est un joli témoignage, 2 heures avec un homme filmé en gros plan sans artifices, de façon plutôt austère. Heureusement, le sujet est passionnant et quand il parle, des images viennent naturellement : Michel Vaujour, braqueur flamboyant et récidiviste qui a passé la moitié de sa vie en prison (27 ans quand même !) et surtout, s'est échappé de la plupart d'entre elles.... On ne peut qu'être admiratif devant son histoire hors du commun : c'est par exemple lui que sa femme a libéré de la Santé en hélicoptère, évasion restée mythique qu'il explique, crobard à l'appui ! Il raconte aussi divers autres plans rocambolesques, mais aussi la terrible détresse du mitard... Evadé multiple et sans armes, à part une force intérieure hors du commun qui lui a permis de survivre à l'enfer sans péter un cable, accessoirement sans aucun crime de sang sur les mains, contrairement à Mesrine. C'est peut-être pour cela que la police, après lui avoir quand même tiré une balle dans la tête, a fini par le libérer...

Pour finir, Ponyo sur la Falaise, le nouveau conte de notre Maître à tous, Hayao Miyasaki, mais cette fois-ci pour enfants : même en V.O., les tout-petits français (a priori non japonisants) ont l'air de comprendre assez bien de quoi il retourne ! Il est vrai que le monde de ce petit poisson femelle à visage de fillette est moins dur et cruel que ceux de Nausicaa, Mononoke ou Chihiro, des Chateaux ambulants ou Dans le ciel : la falaise y est verdoyante, la maison rassurante, ronde et colorée, et la mer quand elle s'agite ressemble à un tas de gros poissons rieurs et bienveillants. On imagine que le jeune Sosuke et sa vaillante maman vont réussir d'une manière ou d'une autre à sauver Ponyo, poursuivie par son papa ermite des mers (qui n'a pas l'air bien méchant lui-même), ainsi que les veilles dames rigolotes de l'hospice, du tsunami annoncé. Ca n'empêche pas l'habituelle poésie harmonieuse de la nature, même attaquée par la pollution. L'écolo rêveur et le poète romantique n'en sortiront donc pas les larmes aux yeux comme de certains films précédents, mais tout le monde, grands et petit, y passera un bon moment.









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Ne me Libérez pas, je m'en charge, un film avec Michel Vaujour

Ouais, bon, ça vous arrive jamais de rendre un taf avec trois semaines de retard ? Eh ben à moi si, alors... Trois pour le prix d'une ! Welcome, vous en avez sûrement lu du bien et peut-être même du mal ! Le héros, maitre nageur joué (bien) par Vincent Lindon et habitant à Calais, se retrouve à entraîner malgré lui un candidat kurde-irakien à l'exil par voie marine, qui veut rejoindre sa copine en Angleterre. Et selon la logique imparable du don qui engage, se retrouve entraîné de plus en plus loin dans son aide au jeune Bilal, et forcément compromis par le tristement célèbre délit de solidarité (art. 622-1, plus d'info ici !), en plus de la culpabilité à laisser le jeune homme risquer sa vie. Pas franchement de pathos ni de bons sentiments, c'est traité avec la juste distance, c'est un beau film qui donne à réfléchir, en plus de montrer une réalité plutôt sordide. Ne faisons pas les autruches !

Ne me libérez pas, je m'en charge, quant à lui est un joli témoignage, 2 heures avec un homme filmé en gros plan sans artifices, de façon plutôt austère. Heureusement, le sujet est passionnant et quand il parle, des images viennent naturellement : Michel Vaujour, braqueur flamboyant et récidiviste qui a passé la moitié de sa vie en prison (27 ans quand même !) et surtout, s'est échappé de la plupart d'entre elles.... On ne peut qu'être admiratif devant son histoire hors du commun : c'est par exemple lui que sa femme a libéré de la Santé en hélicoptère, évasion restée mythique qu'il explique, crobard à l'appui ! Il raconte aussi divers autres plans rocambolesques, mais aussi la terrible détresse du mitard... Evadé multiple et sans armes, à part une force intérieure hors du commun qui lui a permis de survivre à l'enfer sans péter un cable, accessoirement sans aucun crime de sang sur les mains, contrairement à Mesrine. C'est peut-être pour cela que la police, après lui avoir quand même tiré une balle dans la tête, a fini par le libérer...

Pour finir, Ponyo sur la Falaise, le nouveau conte de notre Maître à tous, Hayao Miyasaki, mais cette fois-ci pour enfants : même en V.O., les tout-petits français (a priori non japonisants) ont l'air de comprendre assez bien de quoi il retourne ! Il est vrai que le monde de ce petit poisson femelle à visage de fillette est moins dur et cruel que ceux de Nausicaa, Mononoke ou Chihiro, des Chateaux ambulants ou Dans le ciel : la falaise y est verdoyante, la maison rassurante, ronde et colorée, et la mer quand elle s'agite ressemble à un tas de gros poissons rieurs et bienveillants. On imagine que le jeune Sosuke et sa vaillante maman vont réussir d'une manière ou d'une autre à sauver Ponyo, poursuivie par son papa ermite des mers (qui n'a pas l'air bien méchant lui-même), ainsi que les veilles dames rigolotes de l'hospice, du tsunami annoncé. Ca n'empêche pas l'habituelle poésie harmonieuse de la nature, même attaquée par la pollution. L'écolo rêveur et le poète romantique n'en sortiront donc pas les larmes aux yeux comme de certains films précédents, mais tout le monde, grands et petit, y passera un bon moment.









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Ponyo sur la Falaise, un film de Hayao Miyasaki

Ouais, bon, ça vous arrive jamais de rendre un taf avec trois semaines de retard ? Eh ben à moi si, alors... Trois pour le prix d'une ! Welcome, vous en avez sûrement lu du bien et peut-être même du mal ! Le héros, maitre nageur joué (bien) par Vincent Lindon et habitant à Calais, se retrouve à entraîner malgré lui un candidat kurde-irakien à l'exil par voie marine, qui veut rejoindre sa copine en Angleterre. Et selon la logique imparable du don qui engage, se retrouve entraîné de plus en plus loin dans son aide au jeune Bilal, et forcément compromis par le tristement célèbre délit de solidarité (art. 622-1, plus d'info ici !), en plus de la culpabilité à laisser le jeune homme risquer sa vie. Pas franchement de pathos ni de bons sentiments, c'est traité avec la juste distance, c'est un beau film qui donne à réfléchir, en plus de montrer une réalité plutôt sordide. Ne faisons pas les autruches !

Ne me libérez pas, je m'en charge, quant à lui est un joli témoignage, 2 heures avec un homme filmé en gros plan sans artifices, de façon plutôt austère. Heureusement, le sujet est passionnant et quand il parle, des images viennent naturellement : Michel Vaujour, braqueur flamboyant et récidiviste qui a passé la moitié de sa vie en prison (27 ans quand même !) et surtout, s'est échappé de la plupart d'entre elles.... On ne peut qu'être admiratif devant son histoire hors du commun : c'est par exemple lui que sa femme a libéré de la Santé en hélicoptère, évasion restée mythique qu'il explique, crobard à l'appui ! Il raconte aussi divers autres plans rocambolesques, mais aussi la terrible détresse du mitard... Evadé multiple et sans armes, à part une force intérieure hors du commun qui lui a permis de survivre à l'enfer sans péter un cable, accessoirement sans aucun crime de sang sur les mains, contrairement à Mesrine. C'est peut-être pour cela que la police, après lui avoir quand même tiré une balle dans la tête, a fini par le libérer...

Pour finir, Ponyo sur la Falaise, le nouveau conte de notre Maître à tous, Hayao Miyasaki, mais cette fois-ci pour enfants : même en V.O., les tout-petits français (a priori non japonisants) ont l'air de comprendre assez bien de quoi il retourne ! Il est vrai que le monde de ce petit poisson femelle à visage de fillette est moins dur et cruel que ceux de Nausicaa, Mononoke ou Chihiro, des Chateaux ambulants ou Dans le ciel : la falaise y est verdoyante, la maison rassurante, ronde et colorée, et la mer quand elle s'agite ressemble à un tas de gros poissons rieurs et bienveillants. On imagine que le jeune Sosuke et sa vaillante maman vont réussir d'une manière ou d'une autre à sauver Ponyo, poursuivie par son papa ermite des mers (qui n'a pas l'air bien méchant lui-même), ainsi que les veilles dames rigolotes de l'hospice, du tsunami annoncé. Ca n'empêche pas l'habituelle poésie harmonieuse de la nature, même attaquée par la pollution. L'écolo rêveur et le poète romantique n'en sortiront donc pas les larmes aux yeux comme de certains films précédents, mais tout le monde, grands et petit, y passera un bon moment.









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Dans la Brume Electrique, un film de Bertrand Tavernier, avec Tommy Lee Jones

Toujours avide de nouvelles expériences, le grand Bertrand Tavernier s'attaque cette fois-ci à l'adaptation aux USA d'un polar poisseux qui se déroule en Louisiane, tourné in situ. Et pour faire les choses bien, avec quelques-unes des plus belles gueules du ciné américain actuel, et dans des rôles sur mesure : Tommy Lee Jones en policier renfrogné et héros de l'histoire, John Goodman en gros porc mafieux, sont idéaux, tout comme les seconds rôles - direction d'acteurs impeccable comme toujours.

Une jeune prostituée a été tuée, un corps refait surface dans les intrigants et beaux marécages du bayou : ça, c'est un job pour l'inspecteur Dave Robicheaux ! Qui va devoir mener les deux enquêtes de front, aller parler à tous les protagonistes fussent-ils morts, au besoin les titiller un peu. Et comprendre en quoi tout ceci est lié, ou pas, au tournage à grand budget d'un film qui a lieu sur place, cofinancé par tous les notables du coin, les honnêtes et les autres. Et aussi, se dépêtrer de cet acteur alcoolique qui n'arrête pas de se fourrer dans ses pattes.

Le réalisateur rend idéalement l'ambiance poisseuse de ces fameux polars, ceux où l'enquête piétine et où l'on accorde une large place à l'introspection du policier. Il prend le temps de donner une vraie épaisseur au personnage, parfois brutal et borderline, à sa femme et à sa petite fille, mais aussi aux fantômes qui lui apparaissent, tout naturellement, dans le bayou. Dans cette brume électrique où, tous les vieux bluesmen noirs du coin vous le diront, les morts affleurent volontiers pour réclamer leur dû, même posthume, sur cette terre. L'ambiance particulière et un peu languide de la Louisiane, que célébrait déjà Robert Altman dans Cookie's Fortune (certes plus joyeux), contribue encore à ralentir la progression de l'enquête, causant quelques longueurs qui ne rebuteront certainement pas les amateurs de polars bien foutus.









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Rois et Reines, un film d'Arnaud Desplechin, avec Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos

(Chronique oubliée/retrouvée, Initialement parue au cul de Ocean's Twelve)
PS : Pour commencer l'année, que je vous souhaite très bonne, j'ai vu Rois et Reine d'Arnaud Desplechin, film 'téléramesque' par excellence : un réalisateur intello fait tourner des acteurs intellos, le critique frétille et s'enflamme ! Cependant il est vrai que l'histoire est belle et inattendue, les acteurs de temps en temps excellents... j'y ai passé un bon moment, Desplechin étant devenu moins chiant que par le passé. et je pense que si vous suivez la nouvelle nouvelle vague du cinéma français, ou bien la carrière d'Emmanuelle Devos et de Mathieu Amalric, il convient de marquer cette étape !









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Spinal Tap, un film de Rob Reiner, avec les Spinal Tap

(Chronique oubliée/retouvée, Initialement paru en chronique de disque)
En parlant des CD de metal ayant un côté plus ou moins chevelu ou grand-guignol comme (parmi beaucoup d'autres) celui de The Darkness, le chroniqueur s'aperçoit qu'il est souvent tenté, voire obligé de renvoyer à l'exemple des inénarrables et ô combien cultes Spinal Tap ! Soit la 2ème plus grande escroquerie du rock'n-roll de tous les temps : la création de toutes pièces d'un faux groupe de metal, pour réaliser un faux documentaire de tournée, et qui est finalement devenu, sous la pression des fans n'ayant pas forcément tout compris, un vrai groupe ayant fait de vrais lives, emmené par le mythique chanteur David St Hubbins et son guitariste pataphysicien Nigel Tufnell !

Le film retrace donc les aventures et les déboires de ce groupe de metal anglais, en tournée aux USA, et il permet de rire d'un nombre incalculable de clichés, si souvent vus dans le monde du rock et ici reproduits : guitariste qui se fait créer des amplis allant jusqu'à 11 pour jouer plus fort, effets spéciaux ratés sur scène - le bassiste reste coincé dans une sorte de coque translucide, musicien qui sonne sous un portique car il porte une courgette emballée dans de l'alu dans son pantalon pour faire viril, groupe ne trouvant pas l'entrée de la scène et errant en backstage, copine groupie qui s'incruste dans la tournée et fout la merde, pochette de CD si noire qu'on ne peut pas y faire de dédicaces, manager bidon et grand adepte de la méthode Coué, deuxième vie au Japon quand on est devenu trop ringard en Occident, etc, etc... Mais surtout, et c'est souvent le plus drôle, de longues séquences de philosophie de comptoir de ces trois crétins absolument splendides, qui se prennent très au sérieux et mettent une bonne dose de mysticisme dans leur démarche artistique pourtant tout à fait grotesque.

Ce film réalisé par Rob Reiner en 1984, est ressorti il ya 2 ans en DVD luxueux (emballage en forme d'ampli Marshall, la classe), et il a eu des conséquences inattendues qu'on apprend en bonus dans un entretien avec Phil Manoeuvre de Rock&Folk, par exemple qu'Ozzy Osbourne serait resté enfermé 6 mois chez lui à déprimer, ayant réalisé à quel point il était ridicule après avoir vu Spinal Tap. On y apprend aussi que certes, on s'est bidonné en entendant la fin tragique des 4 batteurs précédents du groupe (notamment celui qui est mort étouffée dans le vomi... de quelqu'un d'autre, ou cette mystérieuse disparition par explosion spontanée sur scène) mais que le groupe Grateful Dead a perdu 4 pianistes dans des circonstances presque aussi étranges, bref que la réalité peut parfois dépasser la fiction chez ces gens qui vivent dans un monde à part !

En bonus sur la version collector, un CD en live et un CD entier des chansons enregistrées par le groupe : certes assez immonde à écouter (sauf au second degré) mais pas plus que n'importe quelle oeuvre des groupes de heavy metal mélodiques de ces années glorieuses, commme Helloween ou Manowar !! Bref on aura compris que ce film est un must-see totalement incontournable pour qui aime le rock et en particulier le hard rock ! Car comme dit le proverbe : Celui qui ne connaît pas son histoire est condamné à la reproduire. La preuve ? Regardez une fois Kyo en interview, vous comprendrez vite qu'ils n'ont, hélas pour eux et tant mieux pour nous, jamais vu This is Spinal Tap.









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Bamako, un film d'Abderrahmane Sissako avec Aïssa Maïga, Aminata Traoré

(Chronique oubliée/retrouvée)
La mondialisation est un phénomène complexe à cerner, aux effets parfois bénéfiques, le plus souvent pervers. Ce qui est sûr c'est que l'Afrique est le continent qui en souffre le plus. Après le terrifiant Cauchemar de Darwin, voici un nouveau pavé dans la mare, moins violent mais sacrément plus subtil. Le cinéaste malien Abderrahmane Sissako a en effet décidé d'instruire, dans la cour où il a grandi à Bamako, le procès de la mondialisation. Rien que ça. Sans aucune forme d'explication, on y voit donc s'installer des chaises, des dossiers, un public, des témoins, et enfin des magistrats. Pas de quoi détourner une habitante, la jolie Aissa Maïga, de ses activités, ni les autres : teinturières, promeneurs, malade, mères de famille, badauds - la cour grouille de vie, l'Afrique ne s'arrête pas pour si peu.

Et ce procès incongru démarre, par une série de témoignages assez captivants. Où l'on se rend compte qu'ici personne n'est dupe, car chacun comprend la mondialisation bien mieux que nous autres européens : démontage en règle du système de la dette, racket organisé par le Nord (en l'occurence, le FMI et la Banque Mondiale) et qui ruine les efforts de développement (jusqu'à 40 % du budget de certains états y passe, pour payer des intérêts d'une dette depuis longtemps remboursée !).

Explication des modèles de développement qui furent imposés par les instances internationales. Par exemple, recouvrir un pays entier de coton pour améliorer sa compétitivité, et s'en désintéresser lorsque la Chine devient meilleure. Déverser en plus des tonnes de produits agricoles, surproductions européennes subventionnées, sur ce même pays et au tiers du prix local... S'étonner ensuite de la désertification rurale, de l'exode vers le Nord, des tensions et des guerres qui peuvent en découler. S'étonner enfin de voir des masses d'immigrés venir s'écraser contre les grilles de Ceuta ou sombrer au large de Lampedusa. Comprendre donc que l'immigration clandestine est finalement aussi et d'abord un effet de notre Politique Agricole Commune. En déduire, s'il en était encore besoin, à quel point notre ministre de l'intérieur n'est pas compétent pour le traiter...

J'arrête là, le mécanisme est expliqué avec une rigueur d'horloger par des témoins variés, dont une ancienne Ministre, ici grimée en avocate, la passionnante Aminata Traoré. Dans un instant magnifique aussi, un grillot à qui l'on n'a pas donné la parole, hurle la douleur de l'Afrique dans un dialecte que personne ne connaît, mais que chacun peut comprendre.
Et le plus fort, c'est qu'en fin de procès, des avocats vont plaider, des vrais, qui ont écrit eux-même leur plaidoirie. Certains défendront le FMI, et plutôt bien, en plus... d'autres défendront l'Afrique. Chacun pourra se faire son idée car il ne manque qu'une chose à ce procès : des jurés. Mais il semble assez évident que ces jurés, c'est nous. Film original donc, didactique, pas vraiment drôle mais très intéressant et, comme le disait le présentateur de l'avant-première, film tout simplement... essentiel.










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Metal, Voyage au coeur de la Bête, un film de Samuel Dunn, avec ... le gratin du Metal

(Chronique oubliée/retouvée, Initialement paru en chronique de disque)
Hard Rock Hallelujah, le voilà donc ! Enfin sorti en DVD, ce film que les fans et les curieux n'avaient pu que télécharger (vu que les salles qui l'ont projeté en France à sa sortie en 2006... étaient au nombre de 4). Comme son nom l'indique : Metal - Voyage au Coeur de la Bête se propose d'explorer un vaste genre musical, qui est aussi bien souvent un style de vie, voire une philosophie... généralement mal comprise et réduite de l'extérieur à une imagerie grotesque, ce qu'avait subtilement montré l'énorme escroquerie This is Spinal Tap.
Metal, a Headbanger's Journey a été réalisé par un certain Samuel Dunn, métalleux notoire, pour les métalleux.

Mais aussi, et c'est ce qui détonne, par un anthropologue appelé Samuel Dunn (le même donc), pour les non-initiés. Ce qui donne au projet à la fois la culture, et la distance nécessaire pour pouvoir étonner, amuser, intéresser ou même passionner (on ira pas jusqu'à "convertir"... quoique ?), le moindre spectateur un peu curieux. Hélas avec le nombre de sites visités et de personnes rencontrées (du fan lambda aux stars les plus énormes, énormément de types sympas, plus de filles que ce qu'on croit... et quelques vrais sales cons très méchants), résumer la somme d'informations que contient ce Voyage, est une gageure totale...

Alors restons-en à un teaser : on trouvera - enfin - sur ce DVD la réponse à des questions aussi dramatiques et passionnantes que : Qui a inventé le metal et quand ? D'où vient-il ? A quoi le reconnaît-on ? Quel presque-Président des USA s'est attaqué au metal en tant que perversion dans les années 80 ? Le métalleux qui a du témoigner devant une Commission du Sénat ouvertement mac-carthyste pour défendre cette culture à lui seul, a-t-il sauvé la mise au metal tout entier ? Pourquoi tombe-t-on dedans pour la vie ?

Ou encore : Où se trouve le plus beau festival de metal au monde ? Peut-on réaliser en deux dimensions un organigramme complet du metal avec toutes ses racines, tous ses genres et sous-genres ? Pourquoi le power metal est-il à la fois le genre le plus débile et le plus fantastique du métal ? Les métalleux ne seraient-ils pas les meilleurs musiciens ? Qui a inventé le signe du Diable, qui leur sert de reconnaissance dans le monde entier ? Le métalleux est-il forcément viril, hétérosexuel et agressif ? Ses potes sont-ils tous des débiles mentaux mal baisés, adorateurs de Satan et crypto-fascistes ? Est-ce encore meilleur du fait que les prophanes ne comprennent pas ? Le metal est-il une drogue qui peut vous rendre meilleur ?...

Samuel Dunn apporte des réponses à l'ensemble de ces questions, avec une démarche exhaustive (à défaut d'être très organisée), et l'on se laisser facilement entraîner dans son trip scientifico-fanatique. Alors au moins, voici quelques réponses en désordre pour que les peu curieux puissent briller en société : à Wacken en Allemagne, non (Dee Snyder), oui on le peut, la grand mère de Ronnie, parce que c'est trop bon, Black Sabbath en 1970, oui (Dee Snyder), peut-être bien, parce que (Iron Maiden), de la musique classique et du blues, non à part certains norvégiens... Toutefois avec une telle bande-annonce, on espère avoir convaincu même des gens normaux d'acheter un billet A/R pour le Voyage complet... Et pour les autres, laissons le mot de la fin à Sam Dunn : "Ca ne fait rien, si vous ne comprenez pas ce qu'on fait ici, mes 40 000 potes et moi, on devrait pouvoir se débrouiller sans vous ce soir...!".










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C'est dûr d'être aimé par des cons, un film de Daniel Leconte, avec l'équipe de Charlie Hebdo, Richard Malka etc.

(Chronique oubliée/retrouvée, Initialement parue au cul de Vinyan)
Pour C'est dûr d'être aimé par des cons, film du procès des caricatures du Prophète (Mosquée de Paris vs Charlie Hebdo), je crains qu'il ne soit trop tard pour le recommander. C'est pourtant passionnant de bout en bout, tour à tous drôle ou bouleversant car tout le monde y a la parole. En outre, l'intégrité de la rédaction de Charlie Hebdo y est suffisamment confortée pour donner à la "polémique Siné" un côté tout à fait anecdotique.
Bref, le film le plus noblement politique depuis Bamako, un film que les profs devraient emmener voir tous les jeunes gens d'aujourd'hui, mais aussi tous les amis et tous les ennemis de la démocratie et de son rempart ultime, la liberté d'expression (car c'est un peu ce qui s'est joué là en mars 2007). For-mi-da-ble leçon où, curieusement, le type qui apparaît finalement le plus dangereux de tous est ... un catholique intégriste.










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Entre Les Murs, un film de Laurent Cantet, avec François Bégaudeau

(Chronique oubliée/retrouvée, initialement parue en PS de Blindness)
Si vous aimez le ciné au point de lire ces chroniques (!), vous avez forcément déjà tout lu à propos de Entre les Murs, peut-être même le livre d'ailleurs. Tout était vrai, c'est en effet très fort, moi j'ai même préféré à l'écrit. Mais pour nous, vous me direz, c'est facile de voir ce qui se joue dans une classe de collège ZEP en cours de français. Gloire donc au jury international de Cannes et à Sean Penn, son prophète, pour avoir su en faire de même...









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Bubba Ho-Tep, un film de Don Coscarelli, avec Bruce Campbell

(Chronique oubliée/retrouvée, initialement parue à la suite de la chronique de Walk the Line)
D'ailleurs en parlant de rock'n'roll, si vous êtes convaincu (comme 25 % des américains) qu'Elvis Presley est vivant, si vous êtes prêt à croire que les momies existent et que JFK a été enlevé, lobotomisé et transformé en Noir, et si par ailleurs des noms comme Bruce Campbell, Sam Raimi, des titres de film comme Nowhere ou Evil Dead éveillent en vous un début de plaisir régressif... Autrement dit les 5 d'entre vous à qui je m'adresse encore, devraient absolument aller voir Bubba Ho-Tep, dernière semaine aux Varièt, film complètement barré, fauché, rigolo et finalement total rock'n'roll lui aussi. Rien que pour prendre des nouvelles de King qui, je vous l'apprends en attendant, veille toujours sur nous.









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Inside Man, un film de Spike Lee avec Denzel Washington, Clive Owen, Jodie Foster

(Chronique oubliée/retrouvée)
Spike Lee, qui naguère filmait des brûlots sociaux talentueux (Do the Right Thing, Summer of Sam...), a fini par céder au confort du film de commande. Il réalise ainsi avec Inside Man, un polar certes très bien troussé (on est quand même loin d'Usual Suspects, c'est plus proche d'Ocean's Eleven par exemple), au scénario riche en chausse-trappes, dans lequel on se laisse cependant volontiers embarquer.

Histoire de braquage d'un banque de Wall Street, où les 5 braqueurs, emmenés par un Clive Owen (remarqué dans Sin City) très en forme, ont l'idée amusante d'habiller tous leurs 50 otages de la même combinaison de peintres qu'eux... Allez donc savoir, quand tout le monde sortira en même temps dans la panique, qui fait partie de l'équipe ! Autour de ce pitch amusant (tout au long du film construit en flash-back, on voit des interrogatoires un peu surréalistes des otages-suspects, y compris des enfants ou des mamies, qu'il faut bien accuser à tout hasard mais où les policiers ont du mal à se retenir de rigoler ...), Denzel Washington se démerde comme il peu en tant que négociateur à l'américaine (car bien sûr, ils veulent un avion, comme toujours !!).

Là-dessus se greffe la féline Jodie Foster, envoyée spéciale en barbouze solitaire pour négocier la récupération du contenu ô combien compromettant du safe n° 392 qui appartient ... au directeur de la Banque, qui a fait fortune pendant la 2e Guerre Mondiale. Histoire d'intérêts conjugués et bien compris qui ne manque pas de cynisme ("je vous en prie, faîtes, braquez ma banque, rendez-moi juste mon safe et on reste bons amis ..."), retournement final où l'on comprend enfin pourquoi ce braquage d'apparence si méticuleux dans sa conception pouvait aussi paraître, par ailleurs, incroyablement stupide dans sa réalisation... Un très bon moment de cinéma donc, probablement pas digne de son réalisateur mais tout à fait digne de votre intérêt quand même !!










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Vignette Philippe

 Critique écrite le 02 mai 2008 par Philippe
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