Accueil Chronique album : Klub Des Loosers - Vive La Vie, par Sami
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Critique d'album

Klub Des Loosers : "Vive La Vie"

Klub Des Loosers :

Rap/Reggae/Raï...

Critique écrite le 25 février 2005 par Sami

Avant toute chose, contrairement à ce qu'on peut lire dans tel ou tel torchon culturel, ceci n'est pas un disque proche de TTC, même si son membre unique Fuzati a collaboré lui aussi à cette auberge espagnole du rap indé qu'était L'Atelier, porté par le semi tube "Le hip-hop c'est mon pote". Alors que le trio précité mise sur une production très électronique et une énergie scénique indéniable, notre Mc Versaillais (une banlieue pas si éloignée de celles habituellement décrites au final, on s'y emmerde tout autant...) pose sur des beats très 90's avec des scratches à l'ancienne et samples gorgés de soul et de jazz. Et assure surtout au niveau des textes, sans doute les plus singuliers, réalistes, féroces et désabusés qu'on ait entendus dans le genre en France, débités avec un flow geignard qui agacera certains sur la longueur mais qui fait partie du personnage, aussi odieux que désespérément humain. D'aucuns trouveront (à raison) certaines punchlines drôles ("l'amour ne m'a pas rendu aveugle, seulement très myope, toi apparemment très peu presbyte mais surtout très casse couilles" dans ‘De l'amour à la haine', sommet du lp) mais on rigole plutôt jaune dans ce club, à l'évocation d'une post adolescence banale au possible, parsemée de déceptions amoureuses décrites avec une acuité rare. Particularité dans la production actuelle, qui privilégie le hit qu'on entend à la wéédioo, c'est un album qui s'écoute du début à la fin car il raconte une histoire, pas de remplissage entre les tubes (on y retrouve "Baise les gens" le maxi tueur de 2003 mais hélas pas "La femme de fer", à se procurer en complément) mais des invités prestigieux comme MF Doom et Jean Benoît Dunckel de Air, des interludes hilarantes mettant en scène une drague ratée, de la dérision, de l'humour noir et surtout des tranches de vie auxquelles bien des auditeurs peuvent s'identifier. Pas franchement une vie qu'on envie, mais un disque qu'on a envie de faire découvrir au plus grand nombre, parce qu'on a rarement l'occasion d'entendre des choses aussi vraies (et pas jolies jolies à admettre) sans pour autant ressentir le dégoût exprimé par son auteur, plutôt la joie d'écouter un album des plus prometteurs qui soient.

2005 (Record Makers / Discograph)

 Critique écrite le 25 février 2005 par Sami