Accueil Chronique album : Mama Rosin - Bye Bye Bayou, par Philippe
Samedi 20 avril 2024 : 6240 concerts, 27081 chroniques de concert, 5410 critiques d'album.

Critique d'album

Mama Rosin : "Bye Bye Bayou"

Mama Rosin :

Jazz - Blues

Critique écrite le 15 mars 2013 par Philippe

A-t'on idée d'être aussi tête-en-l'air... alors qu'on croyait les Suisses réputés pour leur précision horlogère. Les Mama Rosin, trio genevois en activité depuis 2 disques, s'est bêtement pointé, dans un studio où l'attendaient (excusez du peu !) "juste" Jon Spencer & Matt Verta-Ray, avec un accordéon à la place de la guitare rythmique. C'est ballot ! Au prix de l'heure en studio, on allait pas reporter : ils ont donc été obligés de jouer la plupart des riffs à l'accordéon (bon d'accord, on vient d'inventer l'anecdote mais elle nous plaît, alors comme dirait l'autre, print the legend !). Eh bien passé la surprise (certes, Gérard Blanchard l'avait prouvé il y a déjà 30 ans !), l'accordéon dans le binaire, ça le fait grave !
Aussi bien pour jouer le blues (de la langoureuse Mama Don't à la plus speed Paraît qu'y a pas le temps), que pour le rock'n'roll (Sorry Ti Monde, Bye Bye Birdy Black) ou pour du folk'n'roll à tout casser (la super You Broke My Stuff mettra la feu à n'importe quel balloche !). Cela étant l'ADN du groupe, c'est d'abord le blues cajun déglingos, qu'on imagine aisément joué sur des poëles à frire au coin d'un feu par des gens joyeux et saoûls : Wivenhoe rappelle par exemple l'ambiance du bidonville joyeux du merveilleux film Beasts of the Southern Wild...
On savait déjà depuis le disque particulier de Hell's Kitchen, et l'oeuvre du terrifiant Reverend Beat-Man en général, que les Suisses pouvaient jouer le blues, tout en le détournant et en rigolant : Mama Rosin est tout à fait sur la même ligne ! Mais en plus de ses aptitudes musicales évidentes, le groupe écrit de belles chansons, et en français s'il-vous-plaît : Marilou à l'entame est une charmante déclaration d'amour à une petite fille (celle du chanteur ?), I don't feel at home est une ballade charmante que vous réécouterez encore et encore, tout comme le banjo de Seco & Molhado. Et l'on est quitté sans violence ni drame avec une dernière balade plaisante, Story of Love & Hate, avant de revenir naturellement au départ.
Mix parfait entre un blues champêtre, pour ne pas dire rural, et quelques ficelles soniques habiles de l'homme du "Blues Explosion" et son compère de Heavy Trash, cet album recèle de belles trouvailles musicales, mais surtout des airs qui marquent : il s'incrustera, n'en doutez pas, dans la playlist de votre média musical habituel. A l'heure où les festivals d'été vont sortir leurs programmes, espérons qu'ils ne seront pas passés à côté de ce groupe potentiellement surexcitant sur scène !

(Moijconnais, 2013)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 15 mars 2013 par Philippe
 Envoyer un message à Philippe