Accueil Chronique album : Tame Impala - Lonerism, par Philippe
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Critique d'album

Tame Impala : "Lonerism"

Tame Impala :

Pop - Rock

Critique écrite le 04 septembre 2013 par Philippe

Ultime devoir de vacances, bêtement procrastiné jusqu'à la rentrée scolaire et donc fini à l'arrache : parler du très bon deuxième disque des australiens de Tame Impala pour lui apporter la reconnaissance qu'il mérite ! Curieux que ça n'ait pas déjà été fait ici, dans la mesure où leurs prestations live ont enchanté les gens de bon goût au fil de l'été 2013, et que le cerveau unique du groupe, Kevin Parker (qui a conçu cet album seul en exil à Paris), s'est également déjà fait remarquer en couple avec une jolie française, sur le délicieux album de Melody's Echo Chamber. Une question sous-jacente suivante explique peut-être en partie ce retard : comment aborder un album aussi riche et foutraque, portée par une d'abord déconcertante voix haut-perchée, album censé parler de solitude mais qui vous met étrangement la banane ?
Essayons par la bande : quelque part aux USA, l'auteur de cette chronique a bu un jour un jus de fruits vraiment très vert, appelé "Green Machine". C'était un mélange de pomme, de kiwi et... de brocoli. "Looks weird, tastes amazing !" disait le slogan et, en effet, c'était aussi bizarre que très bon. Une définition on-ne-peut-plus adaptée de la pop psychédélique de Tame Impala ! Illustrée dès Be Above It : fausse rythmique martiale obsédante, qui cache une plage relâchée et planante. Pas nécessairement aimable à la première écoute, pas plus que l'étrange et floydienne Endors Toi, ou la fulgurance pop dérangée d'Apocalypse Dreams, et la très perchée Nothing that happened... qui semble y faire écho... Autant de titres qui virent finalement à la quasi-obsession, et ce surtout après qu'on les aie rencontrés en concert : assez insignifiant visuellement, le groupe fait confiance à sa musique pour emporter les auditeurs sur la vague, et ça marche !...
Il faut dire aussi que, malin et surtout inspiré, le frontman a tout de même semé 2 bombes dans son album, et dans deux styles : Elephant, hymne pop sur riff stoner proprement tuant (et donc carton : pub Blackberry !) avec fabuleux pont krautrock d'une part, et Feels like we only go Backwards, déchirante ballade sur laquelle on croit entendre une nouvelle bande miraculée de John Lennon qu'on aurait réorchestrée avec un groupe actuel, d'autre part. A ces deux réussites les plus évidentes, on ajoute après quelques écoutes une tendresse pour ces autres des titres qui groovent, mais toujours avec une pointe de bizarrerie. Music to walk home by (qui dégaine son riff de guitare après 4'30 seulement !), et puis Why won't they talk to me ?, qu'aurait pu composer Phoenix, si ce groupe comportait (encore) une once de noirceur, de modestie et aussi d'inspiration...
On s'approprie aussi facilement Keep on Lying qui sonne très M'sEC : pop joyeuse sixties, avec un soupçon d'influence gainsbourgienne (basse roborative et fille qui rigole), on s'habitue aux ruptures brutales de rythme et autres bizarreries qui parsèment idéalement l'album, et la chanson poignante qui le conclut (Sun's coming up). Enfin, avant une dernière salve de nappes psychédéliques, sans doute destinées à ne pas laisser l'auditeur le moral dans les chaussettes. Après l'avoir longuement fréquenté, au début presque malgré soi, ayant fait le constat qu'on aime presque tout avec ferveur sur cet opus, force est de constater qu'on tient avec Lonerism l'un des meilleurs disques de l'année 2013, et ce depuis le printemps dernier. Il était plus que temps de l'écrire...
(2013)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 04 septembre 2013 par Philippe
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