Chronique de Concert
Arctic Monkeys (+ Milburn)
2 jours à peine après l'extravagant Katerine, dans un style très différent mais un concert tout aussi complet, voici les pétaradants merdeux d'Arctic Monkeys, portés par une vague de buzz internet à peu près sans précédent, et qui se posent miraculeusement au Moulin de Marseille, . Il faut dire que si leur premier album fait chauffer les plateformes de téléchargement depuis presque 6 mois (il a été mis en ligne par le groupe lui-même bien avant sa sortie), il n'est pas révolutionnaire mais juste ... excellent et jouissif, quelque part entre les White Stripes, les Libertines et Franz Ferdinand !
On arrive pendant la première partie, Milburn, autre quatuor de jeunes anglais (peut-être un ou 2 ans de plus au compteur ?), assez en place, qui joue le même style de musique. Les compositions sont un peu moins percutantes que celles des singes arctiques et la voix du chanteur est un peu plus approximative, mais pour le reste c'est très en place et même entraînant : le public assez jeune danse volontiers (encouragé en ce sens par le chanteur). Détail marrant : les deux guitaristes portent leur guitare très haut, genre la boucle dans le dernier trou, l'instrument quasi-coincé sous l'aisselle !... Ca semble être une nouvelle mode (on se rappelle que dans les 90's la guitare se portait plutôt à hauteur de genou).
En tout cas Milburn finit par deux chansons presque diaboliques, avec des rythmiques toutes ferdinandiennes, dans un joli pogo... Bref une excellente première partie d'environ une demi-heure. Seront-ils même meilleurs que les Arctic Monkeys, comme en leur temps The Rakes avaient éclaboussé les pauvres Bloc Party de leur classe (avant de revenir cette année se démerder très bien tous seuls ici-même) ? Pas si sûr, parce que comme le précise une phrase d'avertissement sur la batterie : The Funk May Fracture Your Nose, on est prévenus. Quelques minutes d'attente sur du rock old school, et on s'y remet.
On commence comme sur album par The view from the afternoon et le public est déjà à fond, c'est presque trop facile pour eux (mais enfin ils récoltent ce qu'ils ont semé !). Suit l'énorme Cigarettes Smoking où je réalise que l'objet CD est officiellement mort : cette chanson n'est pas sur Whatever People Say..., n'est parue nulle part ailleurs à ma connaissance, et les gens la connaissent pourtant tout à fait aussi bien. Alors qui a encore besoin de ces encombrantes galettes de polycarbonate à part Pascal Nègre, hein, on se le demande... (après des retours divers, cette chanson vient toutefois de sortir en EP sous le nom de Cigarette Smoker Fiona)
Suivent You probably couln't see mee... assez entraînante et puis Still take you home qui est jouée complètement punk, un bonheur. Et Perhaps vampires is a bit strong..., à peine moins énervée... en tout cas le public est littéralement obligé de sauter en rythme avec les riffs démoniaques assénés par cette bande de démons à peine pubères bref, comme dirait l'autre, le fuzz monte en flèche. Et ceci grâce à 4 types en T-shirt, physiquement à peine plus charismatiques que The Rakes (que j'avais comparé à un pack de flanby périmé) et probablement plus jeunes encore. Disons que si les Rakes avaient des têtes de premiers de la classe, les Arctic Monkeys ont plutôt l'air d'être les cancres du fond, on a donc plus envie de les connaître.
Ils semblent d'ailleurs plus sympas et le leader est un poil plus causant entre les chansons. Cependant son accent atroce fait qu'on y comprend à peu près quetchi malgré de réels efforts. Dancing shoes déclenchera mon premier headbang au refrain (signe de plaisir incontestable), c'est une tuerie ! En parlant d'accent au couteau, je n'ai pas compris le titre de la suivante (qui semblait finir par "monkeys"). Une autre chanson que j'ai pas identifiée suit, avec un vrombissement de basse énorme et un mur de son assez impressionnant.
Tout ceci avant le tube interplanétaire I Bet that you look good on the dance floor, historiquement la première bombe lancée par le groupe sur le web. Et dire qu'à l'époque je croyais naïvement que c'était un groupe à un seul single... en tout cas la chanson est terrible, parfaite, s'accélère encore vers la fin pour finir dans un pogo déchaîné, c'est énorme. Dans le genre titre à rallonge, vient après la plaisante Red lights indicate doors are secured, puis encore une chanson-que-je-sais-pas-son nom (et merde à la fin, j'ai pas réussi à attraper de playlist, voila tout !), puis Mardy Bum plus tranquille (dans le genre Libertines) : si les Arctic Monkeys savent jouer fort et vite, ils savent aussi jouer bien (impossible d'identifier un musicien qui tirerait les autres vers le bas) : c'est un vrai groupe de cadors, du rock saignant et sans mauvaise graisse (genre solos divers et frime inutile) bref, ils sont VRAIMENT bons.
Ils le prouvent encore avec Scummy, balade calme au début qui s'énerve très rapidement, de même que la jouissive Fake Tales of San Francisco, qui retourne la salle et qui se finit hélas dans un certain brouhaha où l'on ne discerne plus grand chose (quelque chose a du partir en couille sur la table du son...). Autre tube en puissance, From the Ritz... qui sonne comme du surf rock joué par les White Stripes, le genre de truc qui assomme la concurrence (mais quel est donc l'abruti de producteur qui a signé James Blunt, aussi ?).
Pas toujours au point pour les enchaînements, le chanteur lit longuement un papier (playlist ou petit mot de fan, je ne sais pas), s'excuse, nous donne rendez-vous l'été prochain (avec plaisir mec, on se revoit sans fautes aux Eurockéennes !), et la première partie s'achève sur A certain Romance... croient les naïfs. Car pour avoir lu une autre chronique sur ce site je suis déjà au courant : il n'y aura pas de rappel, c'est comme ça, une heure c'est apparemment leur maximum, à tous ces groupes anglais à la mode.
C'est dommage, d'autant qu'il y avait le potentiel de faire un bon quart d'heure de bonus, aussi bien avec l'album (la jolie Riot Van, puis la monstrueuse Knock a door run) qu'avec les "inédites" comme Choo Choo. Mais enfin pour un premier concert, c'était assez énorme, il faut bien en garder un peu sous la pédale ! Au fond on ne repartira même pas frustré de ces 58 minutes avec les Artic Monkeys. D'ailleurs le public des premiers rangs est littéralement trempé, c'est bien la preuve que cette petite heure d'aérobic un dimanche soir a fait du bien à tout le monde ! Allez, il est 22 heures, au lit les enfants, demain y'a école, non mais.
Photos Pirlouiiiit qui comme certains c'est fait piégé par l'horaire inhabituel du concert (premiere partie 19h30, et a presque tout raté)
Critique écrite le 15 mai 2006 par Philippe
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