Chronique de Concert
Gaëtan Roussel + Docile
20h, les lumières s'éteignent. Docile, petit clin d'œil malicieux sous forme d'anagramme de son nom et prénom, fait son entrée. Ce nom de scène ne doit rien au hasard. C'est en fait un trompe-l'œil qui s'amuse des apparences pour mieux les dépasser. Il n'y a qu'à se laisser imprégner par les paroles de ses chansons, résolument engagées, pour comprendre que Docile est une artiste de son temps : fière, émancipée et rebelle. Sa chanson Féminité (et titre éponyme de l'album) est en quelque sorte le porte-étendard du combat qu'elle mène.
Elle y défend la femme contre des clichés et stéréotypes dépassés. Les morceaux sont égrenés avec douceur et sans fard, leur rythme est une ode aux poèmes lyriques. Gracieuse, tour à tour aguicheuse avec une pointe de retenue, sensuelle et spirituelle, elle joue de ces contradictions pour sublimer la Femme. Drague assumée avec le public qui se laisse bercer par une musique chaude prenant de l'ampleur.
Marc Lapeyre, son guitariste, l'accompagne de sons pré-enregistrés et lui apporte par ses notes de guitare bien léchées une musicalité suave et profonde pour donner du coffre à la scène. Docile a besoin de nous, de son public qui apprend à la connaître. Elle veut notre peau mais en réseau et avec entrain. L'artiste se lâche progressivement et se découvre devant cette salle qui fait partie de sa vie, de sa ville Marseille, et fière d'en être.
C'est une chanteuse à la rencontre de rencontres. Docile chante l'amour et parle d'histoires de vies d'ici et maintenant. Elle se rend compte et nous donne à se rendre compte qu'il n'y a pas de hasard quand il s'agit de de se croiser, tôt ou tard, et de partager. Beau moment de grâce tout en douceur et de poésie. Elle dit merci au public, définitivement conquis par cette belle rencontre.
Set list :
Intro
La drague
T'imagines même pas
Féminité
Tu mens
Réseaux
Rencontres
21 heures pétantes ! Paul Pavillon entre seul sur scène. Toutes lumières éteintes. Seule une lampe torche à la main le guide. Il entame le morceau Est-ce que tu sais ? La voix de Gaëtan Roussel résonne dans la salle alors qu'il n'est pas sur scène. Il est dans la fosse, se frayant un passage au milieu du public, lampe torche à la main et dirige la lumière sur ses autres musiciens qui prennent place un par un sur la scène.
Paul Pavillon à la guitare, Julia Jérosme aux chœurs et aux claviers, Nico Musset à la batterie et Bastien Burget à la basse font partie de la fine équipe qui s'apprête à mettre le feu dans la salle. Quelle belle introduction qui laisse présager de la communion artistique à venir !
De la rythmique, de la batterie, des lignes de basse et des claviers, sans oublier le public ! Tous les ingrédients sont là pour que l'alchimie opère sous la baguette du maestro. La puissance de la musique jaillit en écho à la voix envoûtante de Gaëtan qui nous raconte son rêve, celui de voir le public marseillais danser. Il nous parle les yeux fermés et nous emporte dans son rêve pour qu'il devienne réalité.
Et Marseille est dans la place ! Gourmande et fan, elle chaloupe et se déhanche dès les premières notes égrenées. Elle chante sa joie d'être là avec Gaëtan. Lui dit qu'il se sent bien et qu'il faut Marcher jusqu'à demain. Ça tombe bien, elle est prête à aller jusqu'au bout de la nuit avec lui. Malicieux et un brin provocateur, il réussit le tour de force de l'embarquer pour Les nuits parisiennes à Marseille (?!).
Qu'importe, sous un ciel d'étoiles improvisé par les flashs des portables allumés à l'unisson pour la bonne cause, le public a basculé dans une course à perdre haleine pour continuer à dire qu'il l'aime. Sans peur des Matins difficiles, il sait ce qui le pousse et qui fait qu'il va de l'avant. Il y a l'hommage à son amie Vanessa, qui n'est pas là pour pousser la chansonnette avec lui, mais dont le public partage ce parti pris d'être en union avec ce qui l'entoure afin de prendre le temps de regarder les choses telles qu'elles pourraient l'être.
Belle et rien que pour lui, la salle marseillaise n'a pas accepté par erreur cette invitation ! Elle est là et bien là à lui chanter en chœur toute sa déraison du sud. Car, ça on le sait bien qu'à Marseille, on n'a pas toute sa raison ! Gaëtan a beau jeu de l'emmener au vent, elle lui murmure que son amour est éternel et pas artificiel. Et ce n'est pas sa vieille copine Léa qui pourra dire le contraire, elle qui n'est même pas de la région PACA.
Sans prendre le temps de s'arrêter, elle sent bien que ce n'est pas encore "Time to get away". Elle attendra que la mer remonte et que la lune redescende pour se jeter à son cou. Les morceaux de son immense répertoire passent en revue pour le grand plaisir du public qui entend littéralement battre son cœur et trouve son bonheur à travers l'histoire de ce rendez-vous.
Le final est endiablé, les musiciens laissent libre cours à leur virtuosité. On a coutume de dire que toutes les bonnes choses ont une fin, mais le spectacle à peine fini, on peut te le dire Gaëtan, tu nous manques déjà !
Set List :
Est-ce que tu sais
Je me jette à ton cou
Si l'on marchait jusqu'à demain
Les nuits parisiennes
Dis-moi encore
Les matins difficiles
Il y a
Ton invitation
Léa
J'entends des voix
Matrice
J'envisage
Cracher nos souhaits
La colère
Clap hands
Chaque jour
J't'emmène au vent
Charme fou
Tu ne savais pas
Help myself
Critique écrite le 26 octobre 2022 par Janfi
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