Chronique de Concert
Ifriqiyya Electrique
Ifriqiyya Electrique est assez bien décrit dans la rubrique presse de son site internet :
" pour avoir une idée de ce qu'est le groupe Ifriqiyya Electrique, il faut imaginer cette tradition roots électrifiée par deux vadrouilleurs de l'underground post-punk européen les bassistes Gianna Greco et François R. Cambuzat, également réunis en duo au sein du Putan Club. Mélange dark de transe saharienne et d'électro indus, leur rencontre ovni avec les musiciens du cru ne caresse pas l'oreille dans le sens du poil... "
Comme je n'avais pas lu cela avant de m'y rendre, c'était parfaitement estomaquant. Il n'y avait pas grand monde dans la salle ce soir là au Makeda, mais c'était quand même rigolo. Surtout que c'était très très fort, et dans une esthétique monumentale. C'est par exemple la musique que je choisirais si je tournais des scènes d'un film dans lequel des dizaines d'esclaves eunuques à crêtes rouges soulevaient d'immenses colonnes doriques dans la poussière brulante du désert, sous le regard d'acier d'un empereur en toge.
Il y a donc des chanteuses capables de délivrer des chants traditionnels soufis (ou inspirés de, je ne sais pas au juste). Et aussi de jouer des moroccos (percussions gnawas) et du tambourin, et une bassiste italienne bien dark et un français en imperméable noir de méchant de série B. Enfin, une bande enregistrée qui contient essentiellement des rythmiques de boites à rythmes fabriquées dans les années 90, surtout des grosses caisses bien abondantes.
La bande est très présente, et elle est quasiment en continu, avec les espaces calculés entre les morceaux et tout. C'est super bien calé et ça donne une sensation de play-back, que ce qui est fait sur scène est décoratif, relativement à ce qu'on entend au total. Décoratif, ou plutôt visuel. Ça pourrait être plus considéré comme une performance que comme un concert de musique. D'autant plus que, musicalement, c'est pas mal bourrin quand même (ce qui n'est pas pareil que minimal, ou répétitif, ou violent..)
Finalement, alors que le projet se réclame du soufisme, c'est à dire d'une démarche visant à atteindre à la spiritualité au travers d'une attention à la sensualité, j'ai quand même eu l'impression que la dominante réelle de l'affaire était conceptuelle. En ce sens c'est un peu à rapprocher du fétichisme je trouve : on pourra d'ailleurs envisager le choix des costume à la lumière de cette dernière hypothèse.
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Critique écrite le 24 mars 2022 par Agent Massy
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