Chronique de Concert
Nicolas Dick
À évènement exceptionnel, souvenirs exceptionnels. Pour célébrer les forever 18 ans de notre camarade pinguin, on a fait appel à Nicolas Dick qu'on ne présente plus mais quand même : membre fondateur de Kill the Thrill à la chute du mur de Berlin, cette formation indus noise aux penchants cliniques pour l'atmosphérique et la mélancolie, tutoyant les cieux bruitistes dans la cosmogonie Killing Joke , Young Gods , Treponem Pal , Einstürzende Neubauten .
Nicolas Dick s'est également illustré par des collaborations et créations variées, à la guitare, à la voix ou aux samples, performant dans les caves, festivals, musées, galeries d'art, nefs d'églises. Rien d'étonnant donc à ce qu'il vienne hanter un salon syndicaliste.
Après une mise en place précise de son arsenal sonore, il nous invite à venir demi-cercler entre les deux enceintes perchées pour une expérience stereo optimale. Devant un public hypnotisé, Nicolas Dick nous délivre deux sets nomades, voyages jusqu'aux-boutistes dans les méandres du son, entre lap steel guitar et une collection de boites à musique, samplers, pédales et consoles, pour une expérience unique, entre résonnances brutales et rêverie immersive dans nos propres tréfonds cathodiques.
Un alliage d'orfèvre de textures bruitistes ou mélodiques, s'égarant entre dissonnance et délicatesse, notes égrenées ou infrasons primaux remplissant l'espace de bruissements fugaces. Une Chape de platine recouvrant nos tympans conquis.
Même la pause bière-clope-fortune cookie ne dissipera pas la narcose. Déjà, entre chien et loup, un trait d'or barrant l'horizon orageux préfigurait l'ambiance. Après deux ans de silence radio, Nicolas Dick distille comme une évidence et sans mot dire son atmosphère sonore unique, entre transe et méditation, comme un vagabondage en apnée ou en apesanteur, un espace-temps sur le fil que même les voisins n'oseront pas perturber.
Mister Nico Dick , reviens vite hanter nos clubs et n'oublie pas la sage parole du cookie chinois : saisis les opportunités et rebranche ton univers au nôtre.
Le weekend aura démarré dans un train fantôme, puis dans un wagon-bar à causer porte-hélicoptère amphibie, enclenché son rythme de croisière à Port De Bouc, avec des dockers gênois antimilitaristes et la transe occitane de De La Crau , et bouclé la boucle dans le réacteur d'une téléportation sonore à la faveur du si talentueux Nicolas Dick . J'attends avec impatience la prochaine escale.
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Critique écrite le 15 novembre 2021 par odliz
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