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Chronique de Concert

Paco de Lucia

Paco de Lucia en concert

Paris, Zénith 16 Novembre 2010

Critique écrite le par




Autant le dire d'emblée, je ne connais rien au Flamenco ! Cette musique est un mystère, mais un mystère qui m'intrigue depuis de longues années. Comme beaucoup, j'ai été marqué par des rythmes flamencos aux détours de plusieurs films, lors de séjours en Espagne ou durant ces soirées qui peuvent vous emmener faire le tour du monde et qui vous échoue une heure ou deux en Espagne au détour âpres de nombreux verres dans de nombreux bars.

Marqué par ces quelques impressions fugitives, j'ai essayé maintes fois de m'attaquer au Flamenco en débarquant à la Fnac plein de bonnes intentions ou en surfant sur le net jusqu'à m'y perdre mais en retombant invariablement sur les Gipsys Kings.

Clairement le Flamenco n'est pas une musique. C'est bien plus que cela. C'est une culture (la danse, le chant, la musique, l'attitude y sont tous aussi important), c'est aussi un état d'esprit, mais cela reste surtout un océan immense de références dont on ne sait jamais par laquelle commencer ou comment l'appréhender.

Après plusieurs essais discographiques infructueux au travers desquels je ne retrouvais jamais l'intensité des morceaux qui m'avaient fasciné dans les films ou sur scène, j'avais clairement lâché prise. J'avais fini par me dire que comme le jazz il ne fallait rien provoquer, qu'un jour la porte d'entrée vers cette musique s'ouvrirait à moi comme une évidence.

Le temps a passé mais cette porte ne s'est pas ouverte.
Pourtant une réminiscence de cette volonté de découvrir le Flamenco a ressurgit lorsque j'ai appris que Paco de Lucia passait en concert à Paris pour sa tournée d'adieu.

Comme pour le flamenco, je ne connaissais pas grand-chose de Paco de Lucia, si ce n'est que son patronyme est invariablement associé à cette musique comme la famille Windsor l'est au trône d'Angleterre, mais aussi sa réputation, qui fait de lui le meilleur guitariste du monde.

Il faut d'ailleurs grandement se méfier de cet titre alambiqué de meilleur guitariste du monde. Il ne veut rien dire et a été attribué à toute une série de guitaristes dans laquelle se côtois le meilleure et le pire. Dans le désordre on peut citer Hendrix, MarK Knopfler, Joe Satriani, Angus Young, Jimmy Page, l'horrible Steve Vai, Eric Clapton, David Gilmour, Stevie Ray Vaughan, Bref la liste est longue et ne ressemble pas à grand chose

Apres qu'une micro session de révision sur Youtube, ou une vidéo datant des années 70 de son grand succès "entre dos aguas", ait fini de convaincre, je me décidai à inviter ma femme pour voir le Maestro Paco de Lucia en concert le 16 novembre dernier au Zénith.

C'est un zénith archi comble qui fit une ovation au moment ou l'artiste entra sur scène , seul avec sa guitare. Il s'assit et se mit à jouer. Des les premiers instants, on est comme fasciné par la rapidité, la fluidité de son jeu. Les arpèges les plus complexes coulent comme une source d'eau fraiche à l'abri de toute volonté d'esbroufe démonstrative. Cet homme est fait littéralement corps avec la musique qui s'échappe de sa guitare. Il flotte en apesanteur avec les notes de sa musique .C'est une symbiose parfaite.
Apres deux morceaux il est rejoint par 3 hommes qui s'asseyent et se mettent à ponctuer sa musique avec un jeu de percussion ou s'entremêle applaudissement, battements de pieds et castagnettes.
La musique se densifie petit à petit avec l'arrivée d'autres musiciens (un harmoniciste, un batteur et autre guitariste) jusqu'au moment ou sur le pont culminant d'une envolée deux chanteurs andalous se mettent à éructer cette manière typique de crier une douleur ou leur solitude.
On en reste bouche bée !!

La fusée musicale dans laquelle nous voyageons atteint des sommets et semble se mettre en orbite lorsque tout d'un coup l'un des percussionniste se lève et se met à danser de manière sidérante .
Sa danse est à la fois un instrument de musique puisque ses battements de pieds ponctue la musique mais c'est surtout son attitude sauvage , pleine de fierté et de grandiloquence qui achève le public totalement médusé, presque en état de choc

Après une heure et quinze minutes les musiciens se lèvent et quittent la scène. C'est uniquement la fin de la première partie.

Ils reviennent 15 minutes plus tard et reprennent le voyage là ou il l'avait arrêté , c'est-à-dire en orbite de la planète flamenco andalouse.Il ne s'agit plus maintenant que d'un gigantesque bœuf entre musiciens virtuoses ou chaque morceau fait la part belle pendant quelques instants à chacun d'entre eux. L'âme du flamenco semble se confondre avec celle du jazz puisqu'il ne s'agit plus maintenant que d'un énorme dialogue musical entre musicien virtuoses.

Tout cela s'achève après un rappel et une ovation triomphale et méritée de la part du public.

Si la première partie fut fabuleuse, la seconde fut parfois un peu éprouvante. Il ne faut pas abuser des bonnes choses et ces dialogues entre virtuoses peuvent faire courir de risque d'une indigestion.
Sur la deuxième partie, nous n'en sommes pas passé très loin malgré le talent évident des protagonistes.

Par ailleurs le mois de novembre cumulé à la salle du zénith sont deux éléments qui se conjuguent mal avec la musique de Paco de Lucia. On aurait aimé l'entendre dans une arène, sur une plage à la belle étoile dans la chaleur de l'été ou dans une salle comme la cigale ou l'intimité et la chaleur aurait transfiguré ce concert.

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