Chronique de Concert
Pomme (Les Failles Tour)

La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 20 février 2020
Critique écrite le 24 février 2020 par Pierre Andrieu

Un show qui débute avec la très réussie "Anxiété", une chanson où elle parle avec franchise et poésie d'un problème que beaucoup de gens connaissent, et ce en utilisant un vocoder (une manière de faire s'exprimer l'anxiété elle-même, comme la tournure du texte) et une orchestration électro R&B très bien foutue. Ce qu'on remarque instantanément c'est la qualité du morceau, des mots qui le portent et de la voix de Pomme, une artiste qui arrive à toucher en un clin d'il sur scène, donc, mais aussi sur disque grâce aux nombreux points forts de ses compositions. Qui sont à la fois intimes, personnelles, gothiques (cette fascination pour la mort et le suicide) et qui s'inscrivent dans la grande tradition de la chanson française (Edith Piaf, Barbara, Françoise Hardy), tout en intégrant une bonne dose de folk music (on pense aux figures tutélaires du genre Leonard Cohen et Bob Dylan, ou plus proche de nous, à Alela Diane) et de touches actuelles électronico R&B (elle reprend Billie Eilish sur scène). Après le premier titre, accueilli triomphalement par un public à la fois très enthousiaste, respectueux et volontaire pour participer (aux churs juvéniles, encouragés par un "Vous pouvez chanter, même faux, venez comme vous êtes, ici c'est comme chez McDo !"), Pomme enchaîne les titres forts accompagnée par un bon duo de musiciennes (percus, synthés, basse) ou en solo à la guitare et à l'autoharpe... C'est souvent folk, parfois pop, et toujours classe.

Dans la grande majorité des cas, le petit quelques chose d'adolescent dans les paroles s'avère bouleversant, évitant le côté "culcul" ou immature. En se focalisant sur son deuxième disque superbement co réalisé par le précieux Albin de la Simone et en ne gardant que le meilleur de son premier album, parfois trop lisse et consensuel, la chanteuse d'origine lyonnaise séduit en parlant beaucoup d'amour, de mort et de nature avec sa voix d'elfe pouvant être profonde et grave ou tutoyer les aigus qui font se serrer le cur. Le tout avec un petit accent et un ton qui évoquent Barbara et Piaf. C'est très beau et cela explique sans doute le succès fulgurant de la jeune artiste, qui possède un nombre impressionnant de tubes dans son répertoire : "Pourquoi la mort te fait peur" (avec son pont génial qui fait " ils ont trouvé des enfants sauvages "), "Je sais pas danser" (magistral !), "Les oiseaux" (joué à l'autoharpe et très marqué par la grande Edith citée plus haut), "Les Séquoias" (une chanson d'apparence toute "simple" qui donne la chair de poule), "La lumière", La lavande, "Les oiseaux" et caetera. Au milieu du set, place à deux reprises, "Bad Guy", une adaptation couillue en version folk et en français du méga tube de Billie Eilish et un extrait de la BO du "Voyage de Chihiro", en japonais s'il vous plaît. Le titre est introduit par un drolatique " après 40 minutes à parler de la mort, c'est bien de se détendre !", qui, comme ses petits discours sur les éventuels... rots provoqués par ce qu'elle boit sur scène, prouve l'humour de Pomme.

Celle qui va jouer devant 70 000 personnes avant l'immense (par la popularité, hein) Céline Dion aux Vieilles Charrues en juillet 2020, conclut son concert à La Coopé par des rappels absolument divins, avec les beaux à pleurer "Grandiose", "Soleil Soleil" et "Une minute", puis avec son énorme et addictif tube hyper sensible, "On brûlera". Pendant l'interprétation en solo à l'autoharpe de cette chanson d'amour absolu allant jusqu'à la mort, un ange passe dans la salle. Et l'on sent nos yeux s'embuer subrepticement, comme ceux de la plupart des 1500 personnes présentes...
Photos : Enzo Habrial - Clfd Capture enzohabrial.com, www.facebook.com/clfd.capture, www.instagram.com/clfd_capture...

Critique écrite le 24 février 2020 par Pierre Andrieu
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