Chronique de Concert
Têtes Raides (Tournée 30 ans de Ginette)
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 19 janvier 2022
Critique écrite le 16 février 2022 par Pierre Andrieu
19 janvier 2022, en pleine pénurie de concerts, La Coopé reçoit les vétérans de la chanson punk des Têtes Raides à l'occasion de leur tournée (reportée trois fois depuis 2020) pour célébrer les 30 ans de Ginette. Si la grande salle est en configuration 100% assise et masquée, elle est remplie à ras bord de fans qui n'ont pas oublié les jours de gloire de leur groupe préféré, qui s'avère rapidement être toujours "Not dead but bien raide".
Le Tour de France 2022 du combo emmené par le fringant Christian Olivier coïncide avec la sortie d'un nouvel album nommé "Bing Bang Boum" et la réédition de tout le catalogue des auteurs de l'inoxydable et fédératrice chanson "Ginette". L'étape clermontoise de cette série de concerts commence de manière un peu abrupte avec la troupe, d'aspect un peu sévère au premier abord, arrivant sous une sirène d'alarme. Puis, le combo au grand complet (visiblement il y a eu quelques péripéties dans le line up avant ce retour à la version des années 2000) se lance dans une set list bien foutue mélangeant les nouveaux titres ("En avant", "Je ne veux pas"... ) et les incunables ("Je chante", "Gino", "St Vincent"... ), avec en bonus une reprise de Boris Vian, "Je voudrais pas crever".
Le charisme, la voix enflammée de stentor à la Jacques Brel et l'humour de Monsieur Olivier apparaissent au grand jour dès les premiers morceaux. L'homme, que l'on n'avait pas vu sur scène depuis le Printemps de Bourges 2004, n'a rien perdu de ses qualités : il sait toujours tenir une scène de main de maître et n'hésite pas à faire le con avec un gamin du premier rang pour détendre l'atmosphère. Cela donne donc rapidement une ambiance plutôt festive et enthousiaste avec un public qui n'hésite pas à se lever fréquemment et à chanter à tue tête. Avant, bien sûr, que tout la salle se mettent debout et que l'espace situé devant la scène soit envahi pour communier sur le très attendu "Ginette", une chanson française populaire qui rend immanquablement heureux. Jouée, comme toujours, sous une unique lampe à incandescence maltraitée par le chanteur, ce titre à part transporte en quelques secondes dans une ambiance flonflons, titis parisiens et bal animé par un accordéon de feu. Inutile de préciser que ça fait du bien, par les temps qui courent, un moment de communion partagé par toute une salle.
S'il y a bien quelques passages un peu trop "reggae world festif" à notre goût, la majeure partie du show est assez réjouissante, voire enthousiasmante. Et puis en rappel, l'énormissime, bien rock 'n roll et réconfortant "L'iditenté" (initialement enregistré avec Bertrand Cantat et Noir Désir) vient confirmer sa pertinence en 2022. Ce morceau d'une puissance rare arrive à synthétiser tout ce qu'on aime dans notre beau pays : la grande tradition de la chanson à textes, l'élan du rock made in France et un souffle poétique engagé. Oui, il est bon de savoir que dans l'Hexagone on n'est pas tous des supporters de Zemmour, Pétain et Le Pen, et qu'on peut être fier d'être Français sans vouloir traiter les étrangers comme des chiens galeux.
Photos : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
Critique écrite le 16 février 2022 par Pierre Andrieu
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