Chronique de Concert
Uli Wolters (3x Maya Deren)
Après une journée passée à finir mes dernières chroniques en cours (Serket & the Cicadas au Café Julien, Henri Florens au Rouge Belle de Mai) je finis par décoller de mon ordi pour aller rejoindre Svet et les enfants à la Samaritaine où ils ont trouvé refuge en sortant du préau des Accoules. Car où ce week end fait parti des 10 jours où il pleut à Marseille (j'éxagère à peine). De là nous déclinons à moitié une offre de soirée raclette car nous avons prévu d'aller à la Meson pour le ciné concert de Uli et Christophe.
Et ce d'autant plus que nous avons vu que le sujet est Maya Deren (née Eleanora Derenkovskaïa, Kiev, 1917 - NewYork, 1961). Ukraine - New York. Si on ajoute à cela que la dernière fois que nous avons vu un ciné concert à la Meson avec Uli c'était sur le film Blacksmith, le 15 octobre 2009, quelques heures avant que, comme je l'écrivais alors, ma vie ne soit irréversiblement modifiée (puisque Svet a donné naissance à Luciiie). Bref, nous profitons d'une accalmie pour remonter la Canebière.
Nous entrons parmi les premiers dans la salle. Comme à chaque fois un petit coup d'oeil là où Lucie n'avait pas pu se retenir ... ça suffit avec les souvenirs. Nous entrons et nous avons faim. Cyril fait un peu la grimace. Aïoli, pates au roquefort ... c'est vrai que je regrette un peu les débuts de la cuisine de Denise où elle proposait quasi systématiquement des hotdogs. On commande a boire, et pendant que la salle se remplit et que les derniers réglages se font nous mangeons.
Je reprends des bouts de la présentation de la soirée pour vous poser l'ambiance " [...] mettre en musique l'univers onirique de la cinéaste, chorégraphe, activiste et ethnologue américaine d'origine ukrainienne Maya Deren [...]. Figure de proue de la scène d'avant-garde américaine et artiste complète, [...]approche unique et originale de la cinématographie, [...] court-métrages [...] qui ont établi un langage d'inspiration surréaliste et par moments psychanalytique dont l'influence est évidente encore de nos jours."
Gilles présentera la soirée comme il le fait d'habitude, avec de grands gestes pour montrer (le retour de) l'écran, et aussi pour nous annoncer que finalement il n'y aura que Uli Wolters, Christophe Isselée étant positif au Covid ...Dommage. Au programme 3 films de la réalisatrice, tournés dans les années 40, bluffant de modernité !
Que ce soir le premier, où elle rampe sur la table d'un banquet avant de se retrouver sur une plage où elle volera un pion d'échec qui s'était échappé après avoir ramassé des cailloux, le second avec sa pelote de fil, très dansé avec ses passages en boucle discrète à vous en ficher le tournis ou le dernier avec cette clé perdue / trouvée et là aussi ces boucles et personnages interchangés dont se dégage quelque chose de très Lynchien (genre Mullholland Drive ou Lost Highway).
Le tout, vous l'avez compris accompagné par Uli tantôt au clavier, tantôt au saxo (courbe ou droit), à la flute ou au xylophone. Si au début j'ai eu un doute sur les pauses dans le films, je finirai par me rendre à l'évidence que c'est du à l'ordi de Uli qui rame un peu. Cela dit les images et la réalisation sont tellement belles, et les séquences suffisamment courtes qu'on n'y prettera pas trop attention.
De temps en temps je me retourne pour voir la tête des enfants. Ils trouvent cela amusant (notamment le danseur sauteur avec lequel ils me trouvaient visiblement des points communs) par moments mais globalement un peu inquiétant. Inquiétant, onirique. Ce n'est pas tous les jours qu'ils sont amenés à voir des films pareils. Moi non plus d'ailleurs. Comme il nous l'expliquera à la fin, tous ces films ont été fait avec ses connaissances (dont Anaïs Nin qui apparait dans le dernier), de façon très décontractée comme on le verra dans l'interlude "Maya at work".
Résolument en avance sur son temps, morte très jeune (44 ans) elle a inspiré beaucoup de monde (dont David Lynch en effet). Anthropologue à ses heures perdues aussi, elle a visiblement aussi fait quelques documentaires sur le voodoo qui doivent valoir le coup d'oeil. En tout cas un grand merci pour cette découverte en musique, et au plaisir de la revoir à l'occasion avec Christophe à la guitare.
Sur le chemin du retour, toujours pluvieux, en direction de la raclette dont nous allions rejoindre les convives, quelques questions de Alice "mais pourquoi elle a volé les pions ?" "en fait je n'ai pas vraiment compris ?" ... Elle n'a pas compris mais ne s'est pas ennuyée pour autant. Et puis ce ne sera pas la seule chose qu'elle ne comprendra pas. Je lui ai d'ailleurs parlé des films de David Lynch qu'elle ne comprendra pas plus que moi quand elle sera plus grande ...
Set list :
- Meshes Of The Afternoon (1943) - durée 14 minutes
- At Land (1944) - durée 15 minutes
- Interlude - Maya at work
- Ritual In Transfigured Time (1946) - durée 15 minutes
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Critique écrite le 05 décembre 2022 par Pirlouiiiit
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