Accueil Chronique album : shame - Drunk Tank Pink, par Pierre Andrieu
Jeudi 25 avril 2024 : 6240 concerts, 27085 chroniques de concert, 5412 critiques d'album.

Critique d'album

shame : "Drunk Tank Pink"

shame :

Pop - Rock / PostPunk

Critique écrite le 17 janvier 2021 par Pierre Andrieu


Publié le 15 janvier 2021, trois ans pile après un coup d'essai très réussi nommé "Songs Of Praise" et exactement le même jour que le nouvel album des Sleaford Mods, "Spare Ribs", "Drunk Tank Pink" de shame prouve que le quintet londonien a bien fait de prendre son temps pour publier ce magistral brûlot de post punk bruitiste. On constate également que les musiciens anglais en général, en plus d'être clairement doués pour le punk, sont les rois pour assurer leur promo en temps de pandémie (c'est à dire sans live) : pour saluer la sortie de leur disques respectifs, le chanteur des Sleaford Mods, Jason Williamson, a invité celui de shame, Charlie Steen, dans son hilarant show DIY en vidéo ("Late Night With Jason", à voir ici) pour échanger quelques insultes de bon aloi à propos de leurs classements dans les meilleures ventes de disques. Donc, même en période de confinement de merde, 2021 commence très bien rayon musique punk (un jubilatoire Viagra Boys flambant neuf vient lui aussi d'atterrir dans les bacs !), et ce même si la sinistre période actuelle sert de toile de fond au disque de Sleaford Mods (composé en 2020) et semble avoir provoqué l'humeur un peu morose des potes de Steen, même si le disque a été composé et enregistré (dans le mythique studio de La Frette, en banlieue de Paris) avant mars 2020. Suite à un gros buzz et à des tournées incessantes dans le monde entier (au programme : shows incendiaires chaque soir !), shame a subi un gros contre coup à base de déprime post concerts dans des salles extatiques suivis de fêtes ininterrompues. Quand on monte trop haut, la redescente est douloureuse : on se retrouve seul comme un con chez soi à des années lumière du cirque du rock 'n roll, avec rien à faire de particulier ! En clair obscur avec ses ambiances dissonantes et ses accès de rage puis de spleen, "Drunk Tank Pink" pourrait sembler être un disque de gueule de bois au premier abord. Après plusieurs écoutes, il apparaît surtout comme une œuvre transpirant une réelle envie d'évolution et de changement, l'excellent et rafraîchissant "Songs Of Praise" ayant l'air bien loin. Pas de panique, ce nouvel opus produit par James Ford (Arctic Monkeys etc.) comporte son lot de morceaux de bravoure post punk marqués au fer rouge par l'intense acidité de Mark E. Smith & Co. On pense là au titre inaugural, "Alphabet", qui tranche admirablement dans le lard et se situe d'emblée dans la confrontation sonique. Juste après, toujours en s'inscrivant dans la lignée vocale du chanteur de The Fall, cité à l'instant, "Nigel Hitter" voit le combo basé à Londres mettre pas mal de funk blanc et rigide à la Talking Heads/Gang Of Four dans son post punk de feu. Une réussite qui donne envie de tout briser en mille morceaux chez soi, un peu comme à la fin d'une conférence de presse de Jean Castex annonçant de nouvelles restrictions des libertés. La suite du disque est une enfilade de réussites : "Born In Luton" se révèle à la fois rageur, surprenant dans ses cassures de rythme et d'une hargne à peine croyable, "Water in the well" a toutes les caractéristiques du tube ultra tendu avec riff tranchant comme un couperet et chœurs presque bucoliques, le sombre et prenant "Snow Day" bénéficie d'une voix ultra grave qui tétanise l'auditeur, "Human, for a minute" dévoile une fragilité insoupçonnée, quant à "March Day", "Harsh Degrees" et "Great Dog", ils font, eux, figure de hits punk totalement hystériques. Prenant fin avec le long et trippant "Station Wagon", "Drunk Tank Pink" est un disque à la fois austère, agressif, dissonant et urgent qui administre à l'auditeur une série de gifles, tour à tour sonores ou émotionnelles, dont il aura du mal à se remettre. Jusqu'à la prochaine écoute où il replongera avec plaisir, entre deux " infidélités " en compagnie des Sleaford Mods ou des Viagra Boys ?



shame sera en concert au Bataclan (Paris) le 3 novembre 2021 et en tournée en France (Eurocks... ), dates et billets ici...



A lire, une interview de Shame à propos de son premier album Songs Of Praise, en un clic ici...



Liens : shamebanduk.bandcamp.com, www.facebook.com/shamebanduk, twitter.com/shamebanduk, shame.world, www.instagram.com/shame...



Liste des titres de "Drunk Tank Pink" :
1 "Alphabet" 2:52
2 "Nigel Hitter" 3:24
3 "Born in Luton" 4:49
4 "March Day" 3:12
5 "Water in the Well" 3:07
6 "Snow Day" 5:20
7 "Human, For a Minute" 4:34
8 "Great Dog" 2:00
9 "6/1" 2:39
10 "Harsh Degrees" 3:09
11 "Station Wagon" 6:35



15 janvier 2021 (Dead Oceans - PIAS France)
Vignette Pierre Andrieu

 Critique écrite le 17 janvier 2021 par Pierre Andrieu
 Envoyer un message à Pierre Andrieu

shame : les chroniques d'albums

Shame : Songs Of Praise

Shame : Songs Of Praise par Pierre Andrieu
19/01/2018
Après avoir pris une monumentale gifle lors du concert de Shame au festival Europavox début juillet 2017, on s'était précipité à la fin pour acheter l'album de ce jeune groupe britannique produisant un post punk furibard à souhait... Et, flop, on... La suite