Chronique de Concert
Alain Chamfort
Une fois n'est pas coutume un peu de chanson française avec le discret Alain Chamfort que je n'avais encore jamais vu... S'il a joué au Pasino, à Aix, en début d'année, il semble que ses récentes tournées évitaient Marseille, c'est donc un événement attendu que son passage à l'Espace Julien, ce soir en configuration places assises. Les sièges étant non numérotés, les premiers seront les mieux placés, avec une bonne idée de la salle que de passer l'album "Peace Beyond Passion" (1996 déjà) de Me'Shell Ndegeocello (que j'adore) pour patienter.
Comme au Silo la ponctualité est de mise et c'est donc à 20h30 pétantes que le dandy et ses musiciens commencent le concert avec un "Puis-Je Vous Offrir ?" (2015) emballant. Tout en sobriété, il nous dit simplement "Bonsoir, je suis Alain Chamfort" suivi de ses élégants "Le Grand Retour" (2003) et "Paradis" (1981), un des titres joués au piano avec son groupe.
Le grand public ne le sait peut-être pas mais son dernier album, qui est un peu passé inaperçu, ne date que dans l'an dernier. Il s'en amuse mais il y a des fans qui le connaissaient, brandissent leur cd probablement pour une dédicace après le show. Il va proposer trois morceaux de ce dernier disque éponyme en précisant que c'est un triptyque sur une histoire d'amour avec la rencontre, la monotonie du couple, l'infidélité, soit dans l'ordre "Deux Poignards Bleus", "Ensemble" et "Concours de circonstances" que je découvre avec plaisir.
Après ce sera des tubes bien familiers de son répertoire avec "Bons baisers d'ici" (1983), l'entêtant "Bambou" et "Chasseur d'ivoire" (1981), qui seront l'occasion de parler de sa belle collaboration avec Gainsbourg "avant qu'il ne devienne trop Gainsbarre". Chamfort rappelle qu'il n'écrit que la musique de ses titres, et fait les louanges de son parolier attitré, Jacques Duvall avant d'enchainer avec "La fièvre dans le sang" (1986), "Clara veut la lune" (1993) ou le très beau "Traces de toi" en mode Brian Ferry, toujours très classe.
Puis d'autres morceaux de l'an dernier que je découvre comme "Argentine" et "Les paroles dans le vide" qui me fait même dire que sans être des tubes potentiels ces morceaux auraient pu avoir une toute autre exposition vu leur qualité. Il donnera ensuite une petite explication sur sa façon de travailler avec Duvall pour "L'ennemi dans la glace" (1993) où le racisme est traité de manière très subtile, particulièrement applaudi lorsqu'il explique que l'"ennemi dans la glace c'est nous mêmes".
C'est maintenant l'heure de danser avec "Souris puisque c'est grave" (1990) et bien sûr l'intemporel "Manureva" (1979), le seul morceau qui fera se lever une salle un peu trop sage, l'ambiance sera alors toute autre et la version disco vraiment excellente. Il y aura deux rappels et le premier commence avec un titre génial assez méconnu,"Sinatra" (2003), peut être la meilleure de son répertoire récent, celle que j'espérais vraiment entendre, même si j'aurais également des petites perles 90's malheureusement pas jouées comme "L'amour Samplé" et "Qu'est-ce que t'as fait d'mes idées noires ?".
Il y eut ensuite l'acclamé "Joy" du dernier disque et au dernier rappel l'émouvant "Géant" (1979) qui sera repris a capella pour le public ravi. Alain Chamfort aura un mot pour les techniciens notamment à la lumière (avec de beaux effets étoilés) et la direction artistique de l'homme de l'ombre Frederic Lo, en plus de remercier ses musiciens plus tôt dans la soirée.
Au final un beau moment de finesse et de générosité, autant pour les fans les plus assidus que ceux venus pour les gros tubes, sans temps mort et de belles (re)découvertes...
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Critique écrite le 06 novembre 2016 par Sami
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> Réponse le 18 mars 2017, par Marie-Jeanne Segura
Chamfort fait partie des grands comme Souchon, Voulzy, Chédid, chacun dans son style, Chamfort, c'est fin et profond comme lui et son regard, comme ses musiques et les textes, c'est beaucoup.. Chamfort !!! Réagir
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