Accueil Chronique de concert Batuc'Azul (Carnaval d'Eyragues)
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Chronique de Concert

Batuc'Azul (Carnaval d'Eyragues)

Batuc'Azul (Carnaval d'Eyragues) en concert

Centre village, Eyragues 25 mars 2023

Critique écrite le par

Depuis quand n'avions nous pas revu la pétaradante fanfare Batuc'Azul ? A en croire Concertandco, depuis 12 ans ! Alors de se trouver par un bel après-midi printanier à Eyragues dans les Boucheudurhône, presque par hasard, pour voir le groupe ambiancer son dernier Carnaval de la saison, voilà qui tombait on-ne-peut-mieux !


Batuc', batucada donc : groupe de percussion brésiliennes selon leur auto-définition, style de musique dérivé de la samba selon Wikipedia. Azul, car elle est bleue, c'est manifeste, avec souvent des redingotes taillées dans des bleus de travail (à moins que ce ne soit le contraire ?), et plus généralement des costumes d'inspiration, euh, steam/cyber/avatar/destroy/diadelosmuertos ? Rayer les mentions inutiles...


Car si de loin, on perçoit depuis toujours une belle harmonie apparente dans l'habillement qui semble être uniforme, ce n'est que pour masquer la parfaite anarchie créative qu'on découvre de plus près - à chacun son chapeau bricolé, son accessoire unique, son détournement vestimentaire ! Bref, la batucada de Saint-Rémy-de-Provence(-et-de-Janeiro), ne manque pas d'élégance, ni pour l'oeil ni pour l'oreille...


Question posée néanmoins à notre ami de trente ans, qui joue dedans depuis environ quinze (on a bien dit qu'on était là presque par hasard, hein ...), comment on fait pour vous retrouver ? Après tout, la chose est mobile, et son horaire provençal et donc potentiellement aléatoire. Mais pas de crainte à avoir selon lui : en ville ou dans un village, vous leur faites envoyer le bouzin n'importe où sur la voie publique et vous les retrouverez sans peine à l'oreille. Et en effet !


Mais venons-en au fait : pas tout ça, mais comment on chronique une batucada, déjà ? Quand on écoute à peu près que du rock, qu'on a donc une ignorance crasse de toute la musique sud-américaine en dehors de quelques clichés à base de plumes multicolores dans le paf et autres bonnets péruviens ? Bonne question ; aucune idée ! Pour ça il vous faudrait un spécialiste, sans doute. Désolé, si ça se trouve, certains de leurs morceaux sont des classiques absolus en la matière et hélas, ce n'est pas ici que vous l'apprendrez - faudra aller les voir !


Du coup à la place, on précisera par exemple qu'il y a dedans des dames et des messieurs, à relative parité sauf erreur, un fonctionnement a priori assez démocratique (ce n'est pas toujours la même personne qui dirige !). Que ça tape, ça gratte, ça cogne, ça siffle, ça frotte, ça ratatatame et ça tchiclicliclique, tout en se dandinant négligemment, avec généralement un demi-sourire flegmatique au visage, du genre sûr.e de son effet !


Que ça sonne sud-américain sambaïesque oui, mais pas que, car c'est parfois aussi plus mid-tempo, funky, groovy... En tout cas, c'est du genre carré et professionnel, qui en a secoué d'autres, des tafanàris, et des plus coincés que le vôtre (après tout, on les a bien vus une fois au milieu des costards à la Chambre de Commerce et d'Industrie !). Et surtout globalement, que ça sonne tout le temps et fort, et bien... A vous en mettre la patate en bas et la banane en haut !


A noter également, la remarquable souplesse de cet équipage - 17 musicien.ne.s qui s'étirent ou se compactent à l'envi selon les lieux de passage parfois très étroits : ce qui crée le ralentissement au final, c'est le public devant ou derrière, et aussi les pépés et les mémés qui sortent sur leur perron voir quel est cet aimable tintamarre.


Dans le groupe, on joue bien sûr sur des arrêts intempestifs du son (ruptures, breaks, ponts, comment dit-on ça en brésilien saint-rémois ?), et parfois de l'image en se figeant les baguettes en l'air, ou bien en cabriolant quelques instants. Histoire de ne pas relâcher la pression !


Entre le notable défilé qui les précède (car il y a aussi un groupe médiéval moins bruyant qui ouvre le carnaval, ainsi que de la marmaille déguisée, assurément l'école primaire eyraguaise, qui virevolte autour d'un joli char fait-main), et les badauds qui les suivent, notre comptage de la manifestation, lui, sera par contre précis et formel.


Et précisément donc, 100 personnes selon la police et 1 800 selon les organisateurs ! (et la vérité entre les deux, bien sûr ...) Et le tout fait deux fois le tour du centre-village, enfin deux fois d'affilée je veux dire, le temps que tous les spectateurs volontaires, curieux et autres piliers de bars locaux aient pu entendre et secouer un peu leur couenne au passage ou au repassage de la batuc'...


Le tout converge finalement vers la place centrale où, selon la tradition, sera brûlé un Caramantran après un procès expéditif et inéquitable (mais bien plus calmement qu'à Marseille la semaine précédente !), pendant que nous rafraichirons notre ami Eric, qui a bien payé de sa personne ! Car être batuqueiro, c'est aussi une bonne façon de faire de l'exercice physique et sans doute pour lui, de garder depuis toutes ces années la ligne légendaire que nous lui envions tous...


Une partie de la batuc' termine cette bien belle prestation en se mêlant - consanguinité amicale oblige - aux médiévaux qui ouvraient la marche. Alors certes au milieu d'une foule plus allumée la nuit venue, ou au milieu d'un cortège anti-réformes bien allumé, l'effet d'une telle batucada serait sans doute décuplé et le public notoirement plus déchaîné...


Mais on a encore passé un bien bel aprème avec la Batuc'Azul, largement aussi fun et pro que toutes celles qu'on a précisément pu voir à Marseille dans les cortèges récemment... Et qui, tout en ayant fait l'objet d'un turnover régulier au fil des ans, a gardé son bel enthousiasme et son efficacité : gageons qu'on aura pas à attendre 12 ans avant notre prochaine rencontre !


Pour finir, quelques mots sur l'étoilage de cette chronique. 5 étoiles, est-ce que ça veut dire que c'est l'un des meilleurs concerts de ma vie, qui par chance en a connu des somptueux, magiques, époustouflants, bouleversants ? Non certes, mais c'est qu'il faut raisonner par catégorie. Et ce samedi aprème-là à Eyragues, la Batuc'Azul était assurément le meilleur groupe disponible dans le cosmos pour animer le carnaval !


Alors répétons donc notre conseil éternel et non périssable - comme elle manifestement : pour tous vos mariages, enterrements, bar-mitzhvahs, pince-fesse, fêtes des jardins et carnavals donc, ayez le réflexe Batuc'Azul !


> Réponse le 31 mars 2023, par Marine Kartalian

Super batuc. Belle énergie et joyeuse communion entre ses musicien-nes !  Réagir


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