Chronique de Concert
La Cité du Rock : Patrice de Benedetti, Bachir Al Acid, Karaoke Orchestar (+ Momo Solo, Mure, Glitch, Kriegelstein...)
Cité des Arts de la Rue, Marseille 19 décembre 2021
Critique écrite le 22 décembre 2021 par Philippe
Petit rappel de la timeline "Covid fucks Phocea Rocks !" ? Septembre 2020, pandémie année 1, on est à la 2e vague et pas encore de vaccin dispo : pas de Rue du Rock #8, tout le monde est triste mais personne n'est étonné - et puis on est sûr que l'année d'après tout ira bien ! Mais... septembre 2021, rebelote : malgré les 2 ou 3 vagues et variants écoulés depuis, malgré la vaccination massive, les conditions sanitaires exigées sont toujours aussi drastiques et ingérables pour préserver l'esprit de notre cher festival. Et donc, toujours pas de Rue du Rock #8 en vue !
Germe alors chez les petit.e.s agité.e.s de Phocea Rocks l'idée d'un plus petit événement, quand même, pour marquer le coup en 2021, utiliser l'argent public qui nous a été confié, ne pas baisser les bras 2 ans de suite, réorganiser des concerts ne serait-ce que pour faire au moins un peu avancer notre liste d'attente de groupes volontaires, (se) faire plaisir ... Et le tout dans un contexte où on puisse, par exemple, demander un pass sanitaire sans avoir à faire la police nous-même... 19 décembre 2021 : le montage de l'événement a été un peu chaotique (pour les gens impliqués) mais on y est : @ la Cité des Arts de la Rue, Marseille 13015, il y aura bien un festival : La Cité du Rock, première du nom, yeeha ! Et il fait super beau (et pas encore super froid, en tout cas pas à l'ouverture...).
Pour le coup je n'ai rien eu à faire dans l'organisation et me pointe donc comme une petite fleur des prés naïve, uniquement inscrit pour tenir un bar pendant une heure en fin de soirée ! Il est vrai que le gros du public n'étant pas encore arrivé - et le soleil brillant encore, l'heure n'est pas aux boissons chaudes, j'ai le temps de bien découvrir cet étonnant site post-industriel (et même l'incroyable garage Sud Side, grâce à une vieille connaissance qui nous en fait très gentiment la visite), et de retrouver avec joie des quantités de têtes connues, certaines n'étant croisées qu'en concerts.
J'ai pu également profiter de la fin du spectacle de Momo Solo (ex chanteur des regrettées Grosse-Papilles), spectacle donné devant une belle petite bande de kids bien rigolants et participants pendant, et surtout bien contents après - je le sais, l'un d'entre eux est le mien et l'autre, mon filleul. Good job et belle entrée en matière dans les locaux de Lézart-A-Parts, remplis de bestioles en ferraille amusantes qu'il a fallu, paraît-il, déplacer en urgence ce matin-même !
J'ai aussi et surtout pu voir l'intégralité du spectacle de Patrice de Benedetti, 'Vous êtes ici', donné dans la Rue Intérieure (c'est à dire un peu dehors, quand même). Comme dans le spectacle précédente 'Jean, Solo pour un monument aux morts', il y a un sujet apparent, et un fil conducteur familial. Dans le précédent, "guerre et papa", dans celui-ci, "émigration et frangin". Résumé en 2 mots comme ça, c'est évidemment trivial... Car dans la réalité ces thématiques apparaissent peu à peu, au fil d'un texte qui n'est jamais vraiment décousu, et qui sait parfaitement, malgré les digressions, où il va nous amener... et plutôt très loin !
Car ici le propos, commencé dans la déconnade footballistique (on suit la logorrhée d'un "fatigué" comme Marseille en compte tant dans ses supporters), vire d'abord doucement au un peu moins drôle, puis au vraiment grinçant, voire au tragique, et enfin au poignant... Puisqu'au final il sera question de misère et de rêves de gloire, de dangereuse émigration pour tenter sa chance au delà de la mer (qu'il faut d'abord traverser), et des aléas du monde où l'on (y) arrive... Ou pas...
Mais je ne vais pas en dire beaucoup plus sinon que l'artiste, tantôt déclamant, tantôt porté par une voix off, fait un spectacle de foot-danse-baston à peu près total, performance physique qui consiste notamment à se cogner partout, à tomber souvent et à se relever toujours, parfois comme soulevé par cette main invisible, autoritaire et exigeante, celle de la grosse voix, sans doute. Jusqu'à se, et nous mettre K.O... Et finir à nouveau par un post-scriptum familial, le temps qu'on ravale cette boule dans notre gorge devant... une canette de coca écrasée. Magnifique, une fois de plus, artiste à suivre partout où il ira !
J'ai encore pu gratter quelques moments de flânage amicaux ensuite pour s'en remettre, notamment sous le joli et immense préau situé au coin du site, avec sa vue incroyable, entendant la pop de Mure de loin... Le temps de raccompagner au bus mon Amoureuse qui était encore un peu trop en réparation malléolaire pour faire un festival entier dans ce rude univers cyber-punk... Et c'est juste après que j'ai été rattrapé par la patrouille Phocea Rocks, en passant une tête au bar "vin chaud / vins / softs"... Où j'ai été directement booké pour environ les trois heures suivantes, à bosser avec de vaillant.e.s collègues, tentant de contenir la foule toujours plus frigorifiée et donc, toujours plus attirée par la grosse gamelle sentant bon le vin, l'anis et l'orange !
C'est peu dire qu'on s'est battus pour en sortir un max, du vin chaud, Odliz, Emma, Jord et moi-même ! Mes seules sorties avant la nuit tombée ont donc été pour des missions annexes, me permettant à peine d'apercevoir, sur une durée encore exprimable en secondes, les Glitch (déjà vu l'été dernier heureusement), les Kriegelstein (qui auraient sans doute été ma révélation du jour, d'après cette courte impression et ce qu'on m'en a dit après). Et constater avec un immense bonheur qu'il y avait en tout cas bien du monde, et des gens heureux devant les scènes, et aussi partout dans la Cité des Arts de la Rue !
J'ai quand même vu un peu plus de Bachir Al Acid, la tête d'affiche du jour (surtout après avoir lâchement délégué mon poste inattendu au bar "bières" du dehors, où je ne m'en sortais pas vraiment, désolé Cooki...). Autant le début de leur performance m'avait paru un peu louche, autant le fil que j'ai pu reprendre sur leur finale hypnotique, à la lumière des braseros (soit les 2 derniers titres, que j'ai vraiment vus) m'a vraiment scotché par le son, l'attitude, les compositions, l'ambiance. Pas frileux, les mecs, ni au sens propre ni au sens figuré ! A revoir en entier à l'occasion, mais manifestement c'était bien la fin idéale, et assez torride pour une performance en plein air hivernal, ponctuée par le passage de véhicules improbables et lumineux, sans doute sortis des entrailles de Generik Vapeur...
Et comme du vin avait finalement pu être retrouvé après notre longue enquête collective locale... Rebelote-vin-chaud pour la fin de la journée, à l'intérieur et au son du splendide Karaoke Orchestar ! Là j'ai pu participer quelques minutes à l'oeil, mais beaucoup plus à l'oreille, et j'ai adoré le concept : une batterie, une guitare et un accordéon, plusieurs centaines de chansons en stock et hop, "C'est Toi la Star !" mais pas devant un écran à la con : sur scène avec un vrai groupe ! Et qui sonnait aussi joliment sur, au hasard, Lou Reed que Paolo Conte. Le tout à un volume sonore idéal pour pouvoir soit les écouter, soit prendre le temps d'un premier debrief / dernier verre avec les copains-copines.
Parfaite façon de finir cette belle journée donc, ayant officiellement versé les 2 derniers godets (hyper-chargés) du cul de la gamelle de vin chaud moi-même... Avant un retour pas si compliqué en transports en commun, en compagnie notamment de la Très Vaillante Présidente de Phocea Rocks. Et tou.te.s ravi.e.s, totalement, absolument, par la mine vaguement frigorifiée (joues souvent rosies au "glühwein" tout de même), mais la mine quand même absolument réjouie, avec laquelle les gens ressortaient de la Cité des Arts de la Rue ! Très fier d'en avoir été, cette fois encore !
PS : Chronique à suivre dans la réponse par ici, et à compléter par qui veut ... lancez-vous !
Plus de photos et vidéos par Pirlouiiiit par ici
Critique écrite le 22 décembre 2021 par Philippe
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> Réponse le 23 décembre 2021
(ceci est une réponse / complément à la chronique de Philippe, à lire avant donc Une bien belle après midi en effet avec des belles découvertes musicales même pour certaines personnes de l'organisation (comme moi). Philippe ayant parfaitement planté le décor j'irai droit au but en complétant sur les groupes qu'il n'a pas vu Momo Solo : un régal de retrouver la voix et la gouaille du chanteur des Grosses Papilles pour un set en acoustique vrai, interactif et participatif, plein de super trouvailles scéniques et textuelles. Patrice de Benedetti : Philippe à tout dit. Un nouveau spectacle d'une intensité rare (comme le précédent). Poignant, inquiétant, remuant, touchant, émouvant. Pris comme ça m'arrive de l'être en concerts, j'ai failli pleurer à 2 reprises. Quel homme... La suite | Réagir
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Soirée electro minimale a la machine ce 5 octobre avec peu de monde mais une écoute de ce qu il se passait sur scène très agréable...
Patrice de Benedetti nous envoie un set de poésies chansons parlées chuchotées des plus émouvantes. Un synthé à 3 balles reposant sur un banc ; 2 doigts pour des mélodies des plus minimalistes et du texte. Voilà... La suite
