Chronique de Concert
Gaëtan Roussel
Je pense à toi tu restes autour tout le temps
Face aux étoiles comme sous le vent
Tu restes autour je pense à toi tout le temps"
Lorsque les premières paroles de "Face aux étoiles" jaillissent dans le clair-obscur de la salle marseillaise Le Moulin, on devine déjà que les morceaux du second album solo de Gaëtan Roussel se déclinent sur les thèmes de la poésie et du voyage des mots qui s'entrechoquent dans un rythme joyeux et abouti. Les questions fusent au rythme des morceaux issus du nouvel album "Orpailleur", dans les bacs depuis le 30 septembre 2013 : l'étrange force de cette énergie qui nous unit et nous relie, le pouvoir de l'action, l'espérance et la résistance, et puis bien sûr les cicatrices qui marquent nos vies.
Gaëtan Roussel signe ici un album mature qui restitue des variations lumineuses, expressives et multiples. Il est question ce soir de folk endiablé, d'enchanteresse hip-hop, de reggae cuivré, d'électro fluide et évidemment de rock puissant et incisif. L'organique ne s'oppose pas au synthétique, au contraire, chaque morceau pose son atmosphère et apporte à l'ensemble une résonance particulière unique.
Toujours entouré de Julien Delfaud (Woodkid, Keren Ann), de Pierre-Dominique Burgaud (Alain Chamfort) et de Benjamin Lebeau (The Shoes), Gaëtan Roussel choisit de poursuivre et d'intensifier un travail déjà primé aux Victoires de la Musique. Evidemment, il est question aussi d'une voix particulière, qui, lorsqu'elle s'attarde sur un murmure et se fait plus grave et veloutée, nous rappelle que le "Bleu Pétrole" reste l'une des couleurs les plus marquantes de ces dernières années. Résurgence du passé dès les premières notes des complices Gainsbourg-Bashung sur le magnifique et poignant "J'envisage", le public se trouble, l'émotion est palpable.
Une mention spéciale pour "Les belles choses", ce morceau qui rend hommage au très beau film de Zabou Breitman et dont les notes jouées à la guitare s'envolent tout en délicatesse et en légèreté. Un voile léger et aérien sur lequel des images et des lumières multicolores sont projetées, s'installe entre le public et l'auteur-compositeur, dont parfois l'ombre chinoise énigmatique se profile.
Accompagné de choristes, batterie, percu, bass, guitare et clavier, l'ensemble gagne en puissance notamment sur "Clap hands" où l'énergie déferle pour envahir tout l'espace en saccades électriques. Rafale d'applaudissements, invitation à bouger au rythme des riffs qui s'enchaînent, des battements de cœur qui s'accélèrent, C'est au fil des morceaux qui suivent que l'empreinte rock marquera ce second opus. Un rock incandescent qui embrasera le public sur la très réussie reprise de "Road to nowhere" des Talking Heads.
Je contemple à nouveau les multiples visages représentés sur l'album Orpailleur. Cet emboîtement à la "poupée russe" inscrit chaque morceau dans un univers jamais répétitif et marque la différence. Je pense aux couleurs complémentaires d'un tableau de Matisse. Gaëtan Roussel, c'est le Fauve du rock français : artiste iconoclaste, il nous a livré ce soir un set à la fois joyeux, puissant, émouvant et très réussi !
Set list :
Face aux étoiles
Eolienne
Le chant de l'orpailleur
Dis-moi encore que tu m'aimes
Poésie
We will be strong
Cha Cha Cha
Matrice
Clap hands
Par dessus tes épaules
J'envisage (Alain Bashung)
Inside Outside
Do you want to dance
Help myself (nous ne faisons que passer)
Les belles choses
La simplicité
Road to nowhere (Talking Heads)
La barbarie
Splash macadam en 1ère partie
Critique écrite le 15 mars 2014 par Calie Cotto
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