Accueil Chronique de concert Hugo Kant + Monsieur Grandin
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Chronique de Concert

Hugo Kant + Monsieur Grandin

Hugo Kant + Monsieur Grandin en concert

Molotov - Marseille 25 Octobre 2013

Critique écrite le par

Alors le Molotov, c'est d'abord un décor à découvrir ! Un bar tout de rouge et noir vêtu, doux mélange de Pub et de Bar Underground (et des toilettes au méga top ... Si, si, ça à l'air con, mais moi je les adore !!) La salle de concert, elle, est carrelée en damiers façon jeu de dames géant, avec un plafond soutenu par de gros piliers noirs. Mélange d'affiches militantes et d'inspirations mi Pancho Villa, mi Che Guevara ... Tabourets hauts et tables tonneaux : Tout un décorum en juste décalage et parfait pour une bonne petite soirée musicale, à découvrir et à consommer sans modération !!



Ça déconne dans un esprit très bon enfant sur scène pendant la mise en place de Mr.Grandin and The Patchwork Band, avec ordinateur aux couleurs de leur album The Electric Horseman And The Dancing Movie et rétroprojecteur en place. Et attention : Passage aux toilettes pour nettoyage des petites quenottes pour tout le monde après le catering (et je vous jure que c'est vrai ;) !!)



Les images en noir et blanc commencent. Ils se mettent en place et on commence avec du tonitruant. Un sampler mélangeant piano, cuivres et percussions. Le public encore resté côté bar entre, attiré par cette musique hyper physique et une grosse voix qui annonce : "Once upon a time ..." Complètement déphasé. J'adore !!



Violon et saxo amènent une mélodie très énigmatique et même presque inquiétante, avec cette présence des cordes de Mathilde Gaboriau qui donne un univers qui me rappelle Le Chapelier Fou ... Stéphane Grandin officiant en alchimiste au dessus de ses machines, accompagné par la course folle et éperdue de la silhouette du drôle de petit personnage qui apparait derrière lui sur l'écran, toute enchevêtrée dans les ronces.



Après cette intro plus que prometteuse, il nous lance un "Bonsoir" simple, efficace, et une seconde jeune femme vient les rejoindre. Le décor devient plus urbain. Le saxo (joué par un Julien Buros en tee-shirt et queue de pie, s'il vous plait), est remplacé par un sax soprano. Et l'ajout de cette voix féminine chaude et un peu lascive modifie leur univers, qui devient moins énigmatique, mais plus sourdement envahissant. Nell Mess chante les yeux clos, le corps emporté par les ondulations de la musique, très "habitée" dans l'attitude et dans l'interprétation. Avec de petites notes distillées dans des quasi silences que j'aime beaucoup. En fait, c'est sa voix qui fait la mélodie, sur une musique qui interpelle physiquement parlant. Et puis c'est comme un second coeur se met à battre à l'intérieur de nous, au rythme de ses "Tic Tac ...", sur des images comme déchirées et toujours en noir et blanc.



Sur The Black Ribbon, la musique se fait un peu plus arabisante. On part pour un voyage à travers le désert, à grand renfort de sax et de therémine ... L'ombre devient lumière et vis et versa, comme pour accompagner une armée invisible qui marche sur nous et que rien ne peut arrêter. On est littéralement envahis pas cette musique puissante et envoûtante à la fois. Tout cela est très cinématographique en fait.



On redescend un peu sur terre et Stéphane remercie "Vénus de Toulouse" pour l'aide apportée à ce projet de Mr.Grandin. Puis on retrouve l'esprit inquiétant de l'intro de tout à l'heure. Ses doigts parcourent la console, comme s'il composait devant nous, avec tous ces éléments qui vont sortir en onomatopées de la machine. Et puis, à chaque retour de notre chanteuse, le paysage musical change radicalement, sa présence rendant l'ensemble plus doux, moins physique et plus poétique peut-être ...



Petite frayeur à cause d'un faux départ. Mais tout rentre très vite dans l'ordre, la musique reprend et une seule envie me vient : fermer les yeux et me laisser emporter par elle. Retour dans la forêt de Brocéliande et de la voix d'Ornella qui se balade au milieu de tout cela, comme avançant à pas feutrés. Un nouveau drôle de petit personnage apparait sur l'écran et se charge de l'intro d'un morceau qui va s'avérer être fort ludique et principalement basé sur un duo clavier/alto, pour glisser et se transformer en un autre, clavier/saxo. La voix se mêle et s'entremêle ... Un véritable petit bonheur que ce Mister Children !



Avant dernier morceau et une question existentielle se pose : Y-a-t'il des cowboys à Marseille ? Un vague parfum de saloon et de cavalcade de chevaux montent. Mais le western tourne au désarticulé : c'est le moment inquiétant du film, celui où l'on ne sait plus qui est le gentil, ni qui est le méchant. L'intensité monte en puissance de plus en plus, jusqu'au hurlement finale, où l'ombre de la chanteuse se mêle à celle de l'Electric Horseman derrière elle. Dernier morceaux d'inspiration très Wax Tailor. Un au revoir très simple et passage de relai à Hugo Kant.



Un très beau set et une très très bonne découverte pour moi que ce Monsieur Grandin ... Artiste à suivre.

Stéphane Grandin : Machines
Ornella Mesple-Somps aka Nell Mess : Chant
Mathilde Gaboriau : Violon Alto
Julien Buros : Saxophone & Sax Soprano

Setlist
1 - Intro
2 - Le Repenti
3 - Devil's Plight
4 - Seven Doors
5 - The Black Ribbon
6 - Make More
7 - The Womble's Whack
8 - Kieng Tiriga
9 - Lundum Bi
10 - Cameo
11 - Price Of Sanity
12 - Mister Children
13 - Raccogliera
14 - Soul Attention

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L'attente est franchement longuette entre le départ de Mr.Grandin et l'arrivée du trio de Hugo Kant... Mais quand la batterie de Loïc se met à tonner, on a juste l'impression d'être les victimes d'un tremblement de terre ! Il démarre à fond, casque vissé sur les oreilles, pour une musique qui commence comme en pointillés, avant que la flûte de Quentin ne vienne la rejoindre. Lui, les pieds postés en tout bord de scène et laissant son corps se faire porter par la musique.



Alexandre, de son côté, se balade pour venir jouer juste à côté de la batterie. Dans la salle, on se rapproche un peu plus près et les corps se mettent aussi à osciller, se laissant emporter par la vague. Sur scène, tout le monde se retrouve autour de Loïc. C'est puissant et intense. Avec même un Quentin qui se met à sauter sur place, tout en continuant à jouer (et ça, il faut le faire avec un instrument à vent tout de même !!)



Le public se laisse porter par la flûte qui l'enchante et qui se dédouble au gré de la musique. Une voix off se mêle à tout cela ... C'est assez fascinant en fait. On est là devant trois musiciens, avec trois concentrations différentes, trois bulles qui se rencontrent et se superposent. Et le lien, c'est ce charmeur de serpent qui traverse ces univers différents et qui les unit, nous laissant nous, spectateurs, face à une musique qui se déroule comme un film.



Tout le monde danse sur place à présent, gagné par le son. Leur univers laisse définitivement la part belle à l'imagination de chacun, qui se met à galoper joyeusement pour apposer à la musique les images qui lui viennent. Les morceaux sont construits pour faire monter à chaque fois l'intensité à son maximum, tout en jouant sur les nuances. Quentin est déjà en nage, alors que le Set n'en est même pas à la moitié. Ça se déchaine côté batterie ... Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est vibrant ce soir ! On a même droit à une petite animation Dance Floor, avec Alexandre qui réussi une belle petite choré, tout en jouant. C'est très enlevé et définitivement festif, avec un public ravi, qui laisse parler son corps sourires aux lèvres. Festival de batterie, Quentin qui saute comme un marsupilami tout devant : en un mot, ils mettent carrément le feu au Molotov !



No Jazz nous offre une espèce d'impro Jazz, sur laquelle vient se plaquer la flûte. Puis c'est la clarinette qui vient s'en mêler. La guitare et son écho viennent les rejoindre, avec une construction très subtile pour un rendu d'une richesse incroyable. Regards complices entre eux sur scène et partage surtout : "On ne l'a jamais fait, mais si vous voulez, essayez de chanter ce truc stupide ... Kilié Kilié Kilié Oh Kilié !" L'énergie déployée sur scène est fabuleuse et le public ne peut qu'avoir effectivement envie de participer à tout cela !



Quentin recharge un peu les batteries, un genoux à terre. Les morceaux sont très longs ce soir. Avec June, la musique se fait un peu plus orientale et son intensité de plus en plus grande. Les vibrations montent depuis la scène jusqu'à l'intérieur de nous. A devenir même entêtante. Et lorsqu'on croit que c'est terminé, cela repart de plus belle. C'est un peu comme un voyage extraordinaire à travers des contrées inexplorées et fait de mille et une inspirations.



Et c'est reparti pour Ping, un remix de Anouchka, et sa petite musique de piano déglinguée, bientôt remplacée par un rythme Electro de possédé. La piste de danse qui s'est formée dans la salle, elle aussi s'électrise, avec même un tour complet sur lui-même d'Alexandre avant le retour de la petite musique du début. J'adore vraiment la construction de ce morceau.



Mais on ne l'arrête plus le Quentin ! Et après un petit tour par le Rap de Does It Matter, on repart sur du plus dansant avec This Old Tune. Ils virevoltent littéralement sur scène et Quentin est complètement survolté. Il nous remercie d'être venus ce soir au Molotov et présente les musiciens, qui ont bien sûr droit à leur petit solo. Sans l'oublier lui, qui ne se présente pas, mais qui y va tout de même de ses deux solo : un au clavier, l'autre à la flûte. Et je peux vous dire que celle-ci elle va durer, durer ... Surtout grâce aux fadas devant qui la continuent même tous seuls, alors qu'ils ont quitté la scène !! Tant et si bien qu'ils en reviennent tous les trois pour une excellente petite impro au clavier (oui, oui, trois pour un seul clavier !)



Il ne semble donc pas question pour le public de les laisser partir ainsi. Ils se réinstallent donc pour "Une dernière qu'on fait pas souvent, en sol mineur" (oui, nous avons droit à cette importante précision ;) !) Alexandre ne part d'ailleurs pas sur le bon accord et se fait chambrer. Et puis le chant d'une cantatrice monte en ligne de fond. Quentin descend au milieu de la salle, avant de terminer sa danse, sur et devant la scène ... Bref, une ambiance de folie, mais aussi l'heure qui tourne irrémédiablement. Déjà plus d'une heure du mat' et une autre qui nous attend pour rentrer faire un gros dodo, alors je le reconnais (et c'est rarissime) : mais je lâche l'affaire et je laisse nos fous dansants aller jusqu'au bout de la nuit avec le trio de Hugo Kant, qui semble infatigable ce soir !!



Quentin Le Roux : Keyboard, Clarinette & Flûte traversière
Alexandre Morrier : Guitare & Basse
Loïc Marmet : Batterie

Setlist
1 - Dark Night Dreams
2 - The Chord Cracker
3 - In The Woods
4 - Thou Shalt Not Kill
5 - No Jazz
6 - Morning Broadway
7 - June
8 - Ranjia
9 - Ping
10 - Leave Me Alone
11 - Does It Matter
12 - This Old Tune
-------------------------
13 - Delirium
14 - Hittin' The Bottle
15 - Impro



Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte

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