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Interview du groupe January Sons

Interview du groupe January Sons en concert

Le 6mic / Aix-en-Provence Mai 2022

Interview réalisée le 05 mai 2022 par Lb Photographie



Les January Sons, combo marseillais jouant une indie folk inspirée dans un format original sans basse ni batterie, sont de retour avec Ocean of Days. Après The arrogance of Youth et ses arrangements de corde omniprésents, ce deuxième EP revient sur une formule plus intimiste. Percussions, guitares acoustiques et électriques, mandoline et quelques nappes de clavier constituent ici les seuls ingrédients d'une recette qui ne change pas pour autant. Avec January Sons le goût d'une esthétique néo-romantique affirmée, de voix marquantes et de l'importance des mélodies reste le même. Des titres accrocheurs, des refrains catchy et des arrangements aux petits oignons, la formule a fait ses preuves et fonctionne une fois de plus.



Ici, les morceaux sont plus dépouillés, bruts mais pas moins efficaces, plaçant le groupe sur la carte de ceux sur qui il va falloir compter. Gonflés à bloc par une release party qui va leur donner l'occasion de jouer ces nouveaux morceaux pour la première fois et un single que Rolling Stone a placé dans sa playlist hebdomadaire, Hervé, Mathieu et Julien ont accepté de répondre à quelques questions. L'occasion d'évoquer pêle-mêle leurs influences, leur travail et ce principe d'égalité qui revient en filigrane, autant dans la création (le chant est partagé) que dans les instruments (chacun joue de tout). La marque d'un groupe sincère, humble et attachant.




Est-ce que vous pourriez pour commencer m'expliquer l'origine de cette formule à trois, sans basse ni vraie batterie puisqu'on est plutôt sur des percussions ?
Hervé (chant lead, guitares, synthés) : En fait au départ le principe c'est : pas de cymbales et pas de basse ! C'est un concept qui est venu assez naturellement. On a commencé à écrire des chansons en 2016 avec Julien. On le faisait chacun de notre côté pour nos groupes respectifs et on s'est dit qu'on allait voir ce que ça allait donner. Et il y a eu une vraie alchimie qui s'est faite. Puis on a eu l'opportunité de faire la 1ère partie de Temperance Movement. Donc il a fallu monter une formule live en un mois et c'est là que Bobby (aka Mathieu, percussions, chœur, guitare) est arrivé. On voulait conserver une formule originale, sans trop savoir au départ, et très vite est venu cette idée, une scission entre musique folk et côté tribal au sens très percussif, sans s'embêter avec des cymbales. Et en fait la contrainte a permis la créativité.
Mathieu : une contrainte matérielle forte puisqu'en plus on avait une place très restreinte sur la scène pour notre première partie de Temperance. Pas de quoi installer une batterie complète de toute façon !
Hervé : Très vite et très naturellement c'est devenu une entité de groupe et de création. Et c'est resté.
Julien (chant lead, guitares, synthés) : on avait dans les contraintes de départ, même si on ne savait pas exactement où on allait, l'idée de mettre les voix en avant, parce qu'on était tous les deux chanteur lead. On voulait aussi mettre les harmonies en avant et avoir ce côté groupe mais dans une formation qui ne serait pas classique. Et effectivement éviter l'écueil du power trio guitare / basse / batterie tu vois !
Mathieu : bon mais plus ça va et plus on a de merdier. Maintenant c'est encore pire qu'un groupe classique !
Hervé : on a franchi un cap qu'il ne fallait pas franchir, on a des synthés sur scène (rires).



C'est bizarre que vous disiez ça parce qu'à l'écoute d'Ocean of Days, je trouve qu'on est plus à l'os, plus dans l'épure que votre 1er EP où il y avait des arrangements de corde sur tous les morceaux !
Mathieu : on avait tellement envie d'en mettre sur le 1er, c'était notre côté folk. Et on avait l'occasion de les mettre. On était hyper tentés et on y est allé généreusement.
Hervé : on a fait les choses un peu à l'envers. C'est-à-dire qu'on a fait les chansons telles qu'on les jouait en live. Et on a eu après l'opportunité de placer des cordes avec une violoniste de talent, Camille, et du coup, vu qu'on a proposé ça à la fin, ça a rajouté une espèce de fraicheur et une excitation qui a relancé l'enregistrement.
Mathieu : comme un jouet qui sublime le truc.
Hervé : et pour le 2ème on est parti sur une base différente puisqu'on a chacun écrit des choses de notre côté, et on a partagé des bribes de chanson quand on se rencontrait. Ça a donné une autre texture. On a fait confiance aussi aux chansons. Il y avait ce côté plus épuré, l'idée de se rapprocher de ce que moi j'appelle de la new wave même si c'est pas de la new wave au sens où on l'entend en général. Il y a des textures de clavier plus présentes et on a des morceaux plus aérés, là où le 1er était plus dense.



En même temps, et c'est ça qui est intéressant, on reconnait votre son. Il y a une vraie identité musicale de groupe...
Hervé : l'identité elle se fait de nature, par la formule. Le trio, le concept.
Julien : et les voix puisqu'on se partage les lead avec Hervé. Et on avait encore une fois l'envie de mettre nos deux voix plus à égalité dans les chœurs. C'est pour ça que quand Hervé chante en lead on m'entend vraiment bien derrière dans le mix. Et inversement. Et Bobby qui rajoute la sienne pour les chœurs, une cerise sur le gâteau !
Mathieu : à deux c'est un intervalle, à trois c'est un accord du coup !
Hervé et Julien en chœur : ouais, pas mal ! C'est lui le musicien du groupe ! (rires)

Pourquoi est-ce que vous êtes restés sur le format EP, vous avez pris votre temps depuis 2016, on aurait pu espérer un album, non ?
Mathieu : attends, on a enregistré en 2018 le 1er EP, et il est sorti en 2020 !
Julien : on met un peu de temps à se mettre en marche !
Mathieu : et puis c'est aussi une volonté, parce que 6 titres par 6 titres on peut proposer des esthétiques différentes.
Hervé : en gros l'album, beaucoup de gens vont te dire que ça ne se fait plus. Bon, nous on n'écoute que des albums et on écoute des albums qui ont une cohérence du début à la fin parce que c'est comme ça qu'on envisage la musique. Mais maintenant la tendance est plutôt de sortir des morceaux à l'unité, avec des vidéos et d'essayer d'accompagner chacun d'un univers autour et moins dans un ensemble. Donc du coup l'EP se prête plus à ça. Il y a aussi des questions logistiques et de temps. Se concentrer sur un nombre limité de chansons, ne pas en sortir 4 de plus qui seront du remplissage, c'est privilégier la qualité.
Mathieu : et puis c'est plus adapté à un groupe émergent au final ! L'album c'est quelque chose qu'on attend d'un artiste qu'on aime et qu'on suit. Nous il faut qu'on commence par capter l'attention des gens. Ce qui n'est pas facile puisqu'aujourd'hui une écoute se fait plus par morceaux, par playlists.
Julien : finalement, 10 chansons, les composer c'est presque le problème mineur en fait si tu compares à l'aspect financier et à la question du temps.



Surtout que vous avez chacun des groupes ou des projets parallèles également. Comment est-ce que vous le gérez par rapport à January Sons ?
Julien : oui, moi je joue dans Lekᴓ et Brother Junior. Mais pour l'instant il n'y a pas d'interférences, parce que ce sont des univers assez différents.
Hervé : complètement. Moi je sais que dans Ashbay, qui est un projet parallèle, la fois où ça a interféré c'est quand j'ai proposé une chanson pour January Sons dans laquelle je croyais. Ils m'ont tout de suite dit elle est très bien, mais c'est ton univers, c'est trop personnel. Et ils avaient tout à fait raison. Quand on se met à écrire...
Mathieu : ... c'est dans un état d'esprit bien particulier.
Hervé : ne serait-ce qu'avec nos contraintes techniques !
Julien : pour le 1er EP on avait 10 titres et on en a gardé 6 pour partir sur un set de presque 45mn. Et à partir de là, dès que j'ai une idée, je garde juste l'idée première, très brute, je ne fais pas la chanson. Et je viens ensuite avec mes 15/20 idées et on travaille ensemble, on confronte chacun les siennes.
Mathieu : ça passe dans la moulinette du groupe.
Julien : on a une idée assez précise de ce qu'on veut atteindre avec January Sons.

Et pour les paroles, comment ça se passe ? Chacun écrit pour son morceau ?
Hervé : en général, le chant lead écrit le texte qu'il va interpréter. Parce que c'est plus aisé de chanter quelque chose que tu vas incarner ! Pour pouvoir s'imprégner d'un univers dans l'interprétation.
Julien : un peu comme Lennon et Mc Cartney ! (rires) Mais en même temps on se complète vraiment. Regarde, moi ce que j'aime bien avec le 1er EP c'est qu'on ne se rappelle plus qui a apporté quoi. C'était plus un patchwork qu'avec Ocean of Days, mais pour les raisons d'organisation dont on parlait tout à l'heure et la façon dont on l'a conçu.



La plaisanterie sur les Beatles me permet de rebondir sur vos inspirations. Si je vous dis Arcade Fire par exemple, est-ce que c'est flatteur, gênant ?
Julien : moi j'ai découvert Arcade Fire après avoir enregistré, grâce à Hervé ! Je n'arrivais pas à entrer dedans mais il m'a conseillé des morceaux et je me suis pris la claque. Donc oui, c'est évident, ils ont été tellement importants. J'écoute Sigur RÒs, il y a eu aussi avec Dove, tout un ensemble de groupes qui ont amené des Coldplay et plein de choses comme ça.
Hervé : Arcade Fire, indéniablement, dans la musique indé ils ont réussi à amener des éléments d'enregistrement, de structure, d'arrangements qui ont été tellement repris qu'ils sont devenus des classiques. Pour moi c'est un groupe beaucoup plus précurseur que ce qu'il n'y parait. Il y a REM aussi.



C'est vrai qu'il y a pas mal de choses complètement digérées, mais ce qui reste à la fin ce sont quand même des morceaux qu'on imagine autant repris en chœur dans des stades que joués simplement à la guitare acoustique !
Mathieu : c'est ça le truc, il faut que la chanson marche avec rien.
Hervé : c'est exactement ça. Le principe de base c'est essayer d'avoir belle structure pour pouvoir, comme tu disais, la jouer seul avec une guitare. Et avec January Sons on n'a pas eu peur de se confronter avec des chansons un peu fleuves, au sens populaire, avec des refrains, des chœurs, enrobées et en même temps ce côté qu'on indé veut garder. Mais ce n'est pas évident de se confronter à ça parce que la limite est très mince avec le côté commercial, très pompeux, U2 quoi. Mais c'est nous. On aime des trucs très populaires comme des trucs indés impinables. Et Arcade Fire et REM en sont pour moi les parfait exemples, ils réussissent à avoir une intégrité artistique tout en proposant quelque chose qui soit accessible à tout le monde.
Julien : Et Biffy Clyro. C'est le bon exemple de mec qui vogue entre trop pompeux et en même temps très indé.
Mathieu : et Saint Liam aussi
Hervé : Oasis, je ne sais pas s'il y en a beaucoup dans notre musique, mais on aime aimer ce truc que les gens n'aiment pas ! Wonderwall plein de gens vont te dire que c'est de la merde. OK, mais vas-y écris le en même temps !



On laisse le groupe se diriger vers un catering bien mérité avant d'attaquer les choses sérieuses. Et, comme un clin d'œil, Julien et Mathieu entreront tout à l'heure sur scène avec pour l'un un T-shirt Oasis, pour l'autre un T-shirt Beatles. Sauf que les frères Gallagher s'affichent sur celui des Beatles et Lennon et McCartney sur celui Oasis ! January Sons ou l'art de ne pas se prendre pour ce qu'on n'est pas...






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