Chronique de Concert
Sly Johnson
Voir ses apparitions généreuses dans l'émission éphémère d'Alain Chabat pendant le mondial donnait envie de revoir des années après les délires beatbox des regrettés Saian Supa Crew.
La plus grosse déconvenue aurait été en Janvier où son concert à l'Artplexe (le cinéma qui organise parfois des concerts jazzy et assimilés), où, souffrant, il annula le concert au dernier moment.
Bonne nouvelle qu'il soit reprogrammé rapidement lors de sa tournée suivante, dans un contexte plus intimiste parfait pour son groove contagieux, évidement complet.
Les sourires sont des deux cotés de la scène, et la complicité est imminente, avec ses vocalises a capella très ludiques sur Marseille, qu'il enregistre, double, amplifie avec les voix du public.
Il chante plus qu'il ne parle y compris pour moquer gentiment les quelques retardataires, "helloooo, you are a little late" devant une assemblée hilare.
Mais grosse tuile au bout de deux morceaux, un problème technique récurrent sur son sampler devra interrompre le set pendant de longues minutes, mais avec quelques pirouettes ("on va dompter la machine, on va lui faire un 49.3 dans sa gueule") la reprise ne sera que plus belle.
Il est accompagné du guitariste Anthony Jambon et du bassiste Laurent Salzard, tous les deux très bons pour retranscrire les petits bijoux de "55.4", l'album le plus récent du francilien signé l'an passé sur le prestigieux label anglais BBE.
Pour les morceaux les plus dansants comme "Trust Me", impossible de rester assis malgré la petite taille et les tables des lieux.
Il n'est pas avare en anecdotes, 30 ans de musique déjà, et fera un clin d'appuyé à ses débuts avec le collectif atypique avec lequel beaucoup l'ont découvert, avec quelques punchlines de "Raz de marée" dans une ambiance déjà bouillante.
Des moments plus introspectifs comme "Alive" en hommage à son père permettent de savourer une voix et une attitude ultra sensible, un régal pour qui aiment la soul la plus classe.
Beaucoup d'improvisations ensuite et une longue interlude très drôle pour votre chroniqueur, initiée par mon t-shirt Wu Tang où il chantonnera, samplera, scratchera mon prénom ("Samiiiii") pendant plusieurs minutes avec malice, avant d'entonner un "Shimmy Shimmy Ya" de ODB.
En blaguant juste après le concert, je lui glisse un "heureusement que j'avais pas amené un t shirt Celine Dion" auquel il répond "ah oui j'aurais été mal" avec un grand sourire.
Une certaine Sara aura droit à un plaisir similaire avec une digression sonore de son prénom qui se terminera en relecture du "my baby just cares for me" de Nina Simone avant un rappel bien funky avec énormément de citations.
En vrac, "rappers delight", "gimme the night", "billie jean" avec une instru épatante qui fera à nouveau faire danser tous les happy few du soir.
Dommage que les impératifs du lieu (couvre feu 22h pour le voisinage) ne permettraient pas un concert plus long car on a absolument pas vu le temps passer, un grand merci à la salle et au trio.
Critique écrite le 19 mars 2023 par Sami
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