Chronique de Concert
Stranded Horse
Le concert débute par une lumineuse version de Transmission de Joy Division, (je savais l'homme amateur d'un certain rock indé anglo saxon puisqu'il avait repris magistralement sur son précédent album What différence does it makes des Smiths). L'acoustique du lieu est parfaite. Cette musique assure une synthèse réussie entre la musique mandingue et le folk anglo-saxon sans artifices et de manière très personnelle.
Cette filiation est d'ailleurs implicitement revendiquée avec une reprise de My name is carnival de Jackson C.Frank (qui, même si elle est réussie, n'a pas le caractère poignant de l'originale). La musique de Stranded Horse sonne finalement un peu comme le meilleur folk anglais du début des années 70. Les deux musiciens jouent la majeure partie de Luxe, troisième et très bel album de la formation, écrit justement à Dakar avec Boubacar Cisshhoko.
Yann chante alternativement en anglais et en français (curieusement sa voix est plus claire sur les chansons en français et plus nasillarde sur celles en anglais). Il joue de la formikora, instrument qu'il a lui-même fabriqué, une kora chromatique à leviers de harpe en kéno, érable et formica, nous explique-t-il. Yann Tambour est assez disert sur la façon dont s'est faite sa collaboration avec Boubacar Cisshhoko et comment l'album a été conçu.
Il se saisit sur certains titres d'une guitare folk ; son jeu en figer picking se marie très bien avec les arpèges virevoltants de la kora de son comparse. Les morceaux s'étirent souvent en parties instrumentales où les parties de Kora de Boubacar sont davantage mises en valeur, son jeu est précis et d'une grand dextérité mais il n'y a pas ici de virtuosité vaine et le son cet instrument ensorcelle véritablement.
On succombe assez facilement à ce folk solaire à la fois entrainant et contemplatif. Un entracte plus tard et une seconde partie aussi réussie que la première, tout le monde s'est accordé à dire que le duo a donné un très beau concert, sobre, sans ostentation aucune. Et c'est vraiment réjouissant de pouvoir écouter en live une musique aussi belle, vitale et personnelle que celle de Stranded Horse, totalement éloignée des diktats de la hype.
Critique écrite le 23 mars 2016 par Phil2guy
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