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Chronique de Concert

Zone Libre - Gomm

Zone Libre - Gomm en concert

Poste à Galène 18 mai 2007

Critique écrite le par

Grosse affiche ce soir, malgré un week-end prolongé et divers concerts tentants à Marseille, c'est du moins ici qu'il faut être pour qui aime le rock un peu déviant, créatif et déjanté à la française. Je ne connais pas encore le disque de Zone Libre mais ne suis pas particulièrement inquiet, le groupe contenant de vrais morceaux de ce qui a été, est et restera le plus grand groupe de rock français, des confidentiels mais fulgurants Sloy et même du trio que formait Yann Tiersen à la grande époque... ça ne peut certes pas être mauvais ! Et puis je dois avouer qu'en tant que guitariste du dimanche j'idolâtre juste un tout petit peu totalement l'auteur supposé du riff des Ecorchés...

Quant à Gomm, à part une malheureuse expérience tardive où je n'avais pas pu rester aux Eurockéennes - mais a-t'on idée aussi d'être programmé à 4 heures du matin, je vous le demande ...? - je suis juste à peu près totalement fanatique de leur musique... On est un peu plus de 70 personnes à l'intérieur, 800 000 marseillais parfaitement inconscients de ce qui se trame ici sont ailleurs, alors que ceci est potentiellement notre concert de l'année. Tant pis pour eux. Ce soir c'est décidé, on perdra 3 dixièmes à chaque oreille s'il le faut, mais pas une miette.


Zone Libre : Apocalypse Now...



Le trio a eu l'excellente idée d'une configuration scénique idéale pour l'échange et la communion : tous trois en demi-cercle, le batteur Cyril Bilbeaud au centre (de la scène comme du projet semble-t-il), le guitariste "classique" (ici) Serge Teyssot-Gay à gauche, et le plus expérimental (ici) Marc Sens à droite. On comprend assez vite qu'on ne va pas trop rigoler : accrochez-vous, c'est du lourd. Aucun titre de chanson dans ma chronique (sauf à la fin) puisque je ne connaissais pas - sans filet donc. Même pas peur !



Pas de titres - mais pour quelles chansons d'abord ?. Pas de micros pour les voix - mais pour quel chanteur d'abord ? Non, ce soir c'est Zone Libre comme son nom l'indique, pour les trois musiciens, habituellement de bons soldats loyaux et même souvent effacés dans des formations dont il ne sont pas les stars, et qui sont ici déchaînés, en roue libre, fabuleux, tous trois devant la scène, sans chercher à se piquer la vedette et se la piquant pourtant sans cesse, se passant le premier rôle en fonction des titres et de leurs phases. Il y a par contre avec eux de malheureuses guitares et une pauvre batterie qui vont vraisemblablement passer un sale quart d'heure.



Ca joue donc très fort et violent, d'entrée c'est l'apocalype maintenant, sur un mode qui semble parfois un peu improvisé, mais extrêmement construit - les musiciens se regardent et s'écoutent, chacun bâtissant une nappe de son sur ce que font les autres. Serge tricote des miaulements dans les aigus, fracasse du riff dans les graves, en dansant pied nus "autour de sa guitare" (difficile à décrire autrement, c'est l'impression que j'ai ressenti), tel une version diabolique de l'angélique Nosfell, en moins souple et en beaucoup plus méchant...



De l'autre côté, le filiforme Marc ne joue "que" bizarrement : très peu de riffs. Plutôt en petits pickings secs, ou bien en frappant sa guitare avec une baguette de batterie, (ce qui donne immanquablement un son à la Thurston Moore, sonique et chaotique tout à la fois, disons chaotiquement sonique). Soit encore en la caressant avec un archet, ce qui donne tout aussi sûrement des notes comme chantées par une voix humaine hurlante, on pense à Sigur Rôs, le genre de trucs qui vous filent la chair de poule.



Et enfin, en maître d'orchestren, les très élégant Cyril, en costume KraftWerk époque Man/Maschine (chemise rouge sang/pantalon noir tiré à quatre épingles - ouf, je viens enfin de trouver à qui il me faisait penser) fracasse sa batterie ou, au contraire, titille délicatement de petites cymbales qu'il est le seul à entendre. Le trio formant une alchimie assez étonnante ou, encore une fois, jamais l'un ne prend longtemps le pas sur l'autre, alors que les trois jouent très souvent à fond les ballons.



Ca vrombit même entre les morceaux, il y a toujours une fin de vibration de corde qui traîne ou un bruit blanc, un peu comme sur notre oeuvre solo fétiche de Serge (voir plus loin). Mais si Zone Libre, c'est d'abord d'énormes plages noisy ou post-rock (au sens le plus Mogwaïéen du terme), c'est aussi des passages franchement metal, fut-il expérimental (j'ai pensé à Isis notamment), même du trash metal avec soli miaulants et virtuoses sur fonds de riffs en plomb liquide formés de deux accords. Grand kiff quoi !



Et puis Zone Libre C'est parfois des trucs étranges et lents, avec des effets de sons et des vibrations qu'on devine extrêmement travaillées (il n'y a qu'à voir la batterie de pédales posées sur la scène). C'est parfois des bizarreries sonores furibardes et folles, qui font penser à du Mike Patton grand style, quand il jouait avec les barges bruitistes des Melvins par exemple. 50 minutes de ce concert passent en l'espace d'un souffle, celui que personne n'a eu le temps de reprendre. 50 minutes en apesanteur. une claque. Une classe.



Set-List de Zone Libre (d'après leur papier)
Six Bastos
Dernière Chose
Erection
Voyageur
Point de Vue
Actualité
Odeur
Seaux d'essence
Chair de naissance
Mort Technique


Gomm : Sauvage et Beau !

Ici aussi, excellente configuration scénique où la batterie sur un côté est également composée du chanteur, grand gaillard chevelu à la barbe drue (un petit côté Sammy de Scoubidou peut-être ?) tandis que le clavier de l'autre est composé de la chanteuse, petite chose blonde assez ravissante dans sa robe jaune. Entre les deux, deux guitaristes/bassistes. La même cravate noire pour tout le monde, la même chemise pour les trois garçons - ces gens-là ont compris que le rock était aussi une affaire de sobriété et d'élégance, mais pas que.



Car ce n'est pourtant pas pour faire les beaux qu'ils sont là. Ces gens dont le premier disque n'a pas quitté notre iPod pendant 2 ans ont en effet la fâcheuse habitude de faire un putain de rock que d'aucuns diraient expérimental, et que nous dirons juste jouissif à crever. Et ce n'est pas parce que le deuxième album sonne encore un peu plus expérimental que le premier que, par exemple, Words ne va pas être une tuerie sur scène - la petite Marie étant déjà déchaînée, elle entraîne tout le monde avec elle !



Le public des deux premiers rangs (je n'ai pas reculé davantage) est à fond ! Difficile de résister au duo orgue/guitare de Why cant' I relieve you, relayé par les choérgraphies cocasses de la chanteuses (qui n'a pas encore l'air d'une folle, ça ne va pas tarder), au rythme disco-noisy infernal de No disappointment où les deux voix crient à tour de rôle ou en même temps, juste avant que les guitaristes interviennent pour déclencher une véritable orgie sonique.



Celle-ci se poursuit d'ailleurs avec un titre sobrement appelé Blondie ("pour les fans de Black Sabbath et de Blondie", en effet ça sonne comme une reprise de Call Me de celle-ci, massacrée par ceux-là !). Le tout sur fond de lumières stroboscopiques, de néons malicieux et autre boule à facette qui donne une existence futile à la discothèque dont j'ai toujours rêvé sans jamais la trouver. Plus lourd, Into Perfection qui m'avait rendu fou dès ma première écoute il y a deux ans - ça n'a pas changé depuis, c'est évidemment pire chanté par une jolie fille hilare et surexcitée.



Plus introspective et angoissante, voici Rejoice (I can't give up my obsessions, I want to make it true !), plus funky ensuite voilà Don't take a chance qui prend toute sa dimension (en largeur comme en longueur - 7'50" !) sur scène, avec un pont interminable et lancinant à la fois ! Et pour enchaîner dans la douleur (consentante), Good Sides où l'on se retrouve à headbanger sur le ryhtme détraqué de la batterie et des riffs de guitare.



Gomm était en concert dans votre ville, rendez-vous compte ! Vous auriez pu entendre une version française de Sonic Youth avec le mélancolique et superbe titre Fiction, beau à en chialer. Vous auriez pu danser tel un Cloclo sous acide au son de I Feel Off (j'en ai assez / Get out !, quand la chanteuse, c'était à prévoir, pète les plombs et hurle avec un regard de folle furieuse !). Mais c'est trop tard, le groupe nous quitte déjà sur It's not Easy / To be your friends, deux chansons pour le prix d'une comme leur titre l'indique, avec leurs longs ponts étranges et bruitistes (où l'on sent l'attention des non-Gommophiles diminuer un peu...). Pour les autres, nous les fans, du plaisir à l'état pur !



Le groupe revient bien vite en rappel avec la formidable-ach-wunderbar "Mein Name ist Karl-Heinz Muckle", jouée en une version encore plus pète-sec que sur disque (à la réflexion, elle ouvrait l'album, c'est donc plutôt elle qui nous a rendu dingos dès la première écoute !). Et le tout se finit sur l'apocalypse funky de I Need, son orgue teigneux, ses vrombissements telluriques et ses riffs noisy, dans un final de fin du monde, toutes armes dehors. C'est donc aphone et sourd qu'on accueille avec ravissement, après 1 h 15 de tempête, la fin de ce set phénoménal, qui a tenu toutes les promesses à peine entr-aperçues la dernière fois !



La fin du concert sera l'occasion, vue la petite salle et les artistes pas bégueules, de bavarder un peu avec un guitariste et le sonorisateur de Gomm (ayant avoué ne pas bien connaître les titres de leurs chansons, les rascals m'ont accusé d'avoir téléchargé leurs disques ... bande d'ingrats !), fort sympathiques à part ça !



Et aussi, c'était inespéré et même pas prémédité, d'une conversation avec Serge T-G, où j'ai eu l'occasion de lui dire (ça a du le changer des gens qui lui parlent... d'un autre groupe dont je n'ai pas prononcé le nom, c'est fait exprès), de lui dire donc, tout le bien que LiveinMarseille pensait de On croit qu'on s'en est sorti, son extraordinaire album solo de slam-rock littéraire, adaptation des textes bouleversants de Georges Hyvernaud, que nous recommandons donc chaudement pour finir !

Set-List de Gomm
Words
Why Can't I relieve you
No disapppointment
Blondie
Into Perfection
Rejoice
Don't take a chance
Good Sides
Fiction
I Feel off
It's not so easy
To be Your Friend
---------
Karl-Heinz Muckle
Feed Me (pas jouée sous prétexte de corde de basse pétée)
---------
I Need

Photos Pirlouiiiit completement subjugué par Zone Libre

Bonus vidéo :

et une petite de Gomm ici

> Réponse le 21 mai 2007, par The Possmitt

Merci au trois compéres de Zone libre, un moment inoubliable pour un concert hors-norme qui me fait dire que la scene rock francaise n'as pas dis son dernier mot et a bien une GROSSE looonnnnguuueeeuuurrr d'avance sur les produits préfabriqué...c'est ca quand on a du talent...ca m'as redonné du courage pour ma revolution...et puis quelle alchimie!!...j'en redemande...à voir et à ecouter sans limite...merci les gars...(et le cd, non mais quel cd!!!)  Réagir

> Réponse le 22 mai 2007, par grady tripp

Quel trio de folie qui nous a était donné de voir ce 18 mai au poste à Galène, Zone Libre a été grand. Tout d'abord le son qui vous laisse direct sur le cul, un uppercut, vous avez rien vu venir et bang, vous êtes dans les cordes. Ensuite la classe scénique difficile à décrire, autant de concentration, d'attention pour la musique, et non pas pour la pause. Ca fait du bien dans une scène française ou seul compte aujourd'hui d'avoir la bonne chemise, le bon éclairage, la bonne guitare de la bonne couleur, le tout avec la bonne mèche de cheveux qui va avec. Ici, point de tout cela, sous une lumière blanche et sobre, on est là pour la musique, que pour la musique et rien que pour la musique. Et on a pris une grosse leçon de musique justement. La puissance évocatrice que développent ces...  La suite | Réagir

> Réponse le 22 mai 2007, par Philippe

tiens, marrant, deux réactions pas très Gomm... enfin ça contrebalance bien le taré fan du groupe (que je suis). vive la diversité !  Réagir

> Réponse le 24 mai 2007, par Yoan-Loic FAURE

Je suis totalement d'accord sur l'ambiance sonore qui se dégage de Zone Libre. J'y suis allé totalement par hasard pour voir ce que fait Serge Teyssot-Gay. La surprise est énorme. Du rock tès expérimental où chacun bidouille les sons de son instrument. En dehors de ce qui a déjà été écrit au-dessus, je retiendrai les recherches sonores du batteur qui ne reste pas confiné au rôle de construire le squelette rythmique du groupe; lui aussi crée des ambiances, en particulier avec des sortes de cloches qu'il a disposé sur une des caisses de sa batterie et qu'il secoue régulièrement pour en sortir un son oriental digne du film "Baraka". Expérimental oui, mais je n'ai pas dit ennuyeux, car la rythmique maîtrisée et les riffs sont là quand même pour nous renvoyer de l'énergie. Et il y en a...  La suite | Réagir


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