Chronique de Concert
Blur + Jupiter & Okwess International
Zénith de Paris en ébullition totale pour le grand retour des Anglais de Blur, venus dérouler avec envie et joie de jouer une set list de rêve présentant le dernier album du groupe, The Magic Whip et la farandole de méga tubes signés par Damon Albarn, Graham Coxon & co.
Après une première partie 100% afro assurée par la transe congolaise de Jupiter & Okwess International (qui déploie une musique très remuante, hyper dansante et très colorée... ), les superstars attendues comme des messies arrivent sur les planches du Zénith, chauffé à blanc et affichant complet. En showman accompli, Damon Albarn se la joue pile électrique incontrôlable, saute partout, harangue la foule et arrose copieusement les premiers rangs avec moult bouteilles d'eau. Petit détail qui peut accessoirement intéresser les gens, il n'oublie pas de vocaliser superbement avec son inimitable voix traînante et son accent cockney. Si cet homme s'ennuie à faire ce qu'il fait et si ça ne l'intéresse pas de jouer avec ses amis de longue date, c'est le meilleur acteur du monde ! Car là, on dirait bien qu'il prend un pied incroyable à faire le zozo sur scène en courant partout et en faisant le show.
Ses camarades de jeu - Graham Coxon, Alex James et Dave Rowntree - ont l'air aussi en forme et enjoués que lui, tout est donc parfait pour le grand décollage vers la planète Brit Pop. Blur a vraiment bien fait les choses puisque contrairement à Paul McCartney (qui s'est présenté sur scène au Stade de France avec trop peu de musiciens), quatre cuivres et quatre choristes soutiennent la troupe de base, qui est également agrémentée d'un " claviers ". Et pour couronner le tout, la scénographie est très réussie : appétissantes glaces figurant sur la pochette du récent disque, plus des projections amusantes et des boules à facettes qui pètent bien. C'est classe, quoi. Comme le répertoire choisi pour cette soirée : on commence avec le percutant titre Go Out avant d'avoir affaire à de nombreux titres calmes et mélancoliques (pas forcément consensuels mais très bien foutus), un ou deux tubes (Lonesome Street, Coffe and Cigarettes, chanté par Coxon) puis de se diriger vers une infernale montée en puissance avec force hit singles à partager entre amis et à hurler en chœur. En clair, grâce à la force de ses chansons, Blur arrive à offrir un show pointu et aventureux en tournant dans des zéniths, un exploit ! Le public, chaud bouillant, est attentif sur les passages alambiqués et grimpe aux rideaux sur les morceaux les plus connus.
Même s'il est joué en version ralentie, le génial Beetlebum met tout le monde en joie, Tender en version country rock à la Neil Young & Crazy Horse est chanté par la salle entière, Parklife constitue un grand moment et l'ultra rock 'n roll Song 2, une excellente séance de jouissance collective. On se sent clairement "Heavy Metal" dans des moments comme ça... Et on n'est pas le seul, le zénith sautant au plafond comme un seul homme ! Tout le public est aux anges et il reste encore plein de morceaux incroyables à savourer, comme les plus intimistes et très finement ciselés To the End, This Is a Low et The Universal, qui clôt le concert en beauté. Bien sûr, Blur n'omet pas de jouer Girls & Boys, sa traditionnelle ode discoïde à faire l'amour avec la Terre entière (" Girls who are boys / Who like boys to be girls / Who do boys like they're girls / Who do girls like they're boys / Always should be someone you really love "), ce qui donne de très fortes envies de mélange des corps. Comme la totalité de ce concert foutrement excitant d'ailleurs !
Photos : Manu Wino manuwino.com/2015/06/16/blur-paris-le-zenith-15-juin-2015/
Critique écrite le 16 juin 2015 par Pierre Andrieu
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