Chronique de Concert
Barrence Whitfield and the Savages
Barrence Whitfield vient donc promouvoir son dernier album, le bien nommé Dig Thy Savage Soul (très recommandé pour les néophytes). On peut considérer que le chanteur est un des derniers représentants d'un Rythm'n'Blues originel, tel que le pratiquaient les artistes noirs des label Stax ou Atlantic dans les 60's.
Rien de bien nouveau mais le groupe fait partie de ces musiciens, qui, à l'instar des Fleshtones (ou même des Cramps et des Ramones jadis) font toujours le même disque mais dont le style est inimitable et immédiatement reconnaissable. Et c'est avant tout un très bon groupe de scène.
On rentre tout de suite dans le vif du sujet avec le rock'n'roll classique My Baby don't come home. Barrence Whitfield en impose tout de suite : c'est un excellent chanteur, un hurleur soul dans la lignée des Little Richard, Solomon Burke ou autres Don Convay. Son chant habité n'est pas non plus si éloigné que ça de celui de Captain Beefheart.
Le jeu de scène des quatre Savages est peu démonstratif, mais ce sont des instrumentistes redoutablement efficaces, toujours en place. Peter Greenberg, guitariste de son état, qui officia jadis dans le légendaire combo garage de Boston les Lyres s'avère aussi bon dans les parties rythmiques que dans les chorus de guitares dignes d'un Chuck Berry, qu'il envoie quasiment sur tous les titres.
Le saxophoniste ténor Tom Quatrulli a un jeu puissant mais jamais envahissant. La section rythmique, assurée par Phil Lenker à la basse et Andy Jody à la batterie, est implacable. Il y a une parfaite symbiose entre ces musiciens et le chanteur qui jouent ensemble depuis de longues années. Pendant une bonne heure et demie, on passe du Rock'n'Roll frénétique au Garage en passant par le Rythm'n'blues mid-tempo gorgé de soul. Cet irrésistible mélange va pousser certaines demoiselles au look fifties à esquisser une savante chorégraphie devant la scène et on se surprend, malgré soi, à bouger et à se déhancher.
Bref, tout ça est joué avec une telle chaleur et une telle sincérité que le public ne résiste pas à cette musique. Le groupe nous gratifie ensuite d'un rappel en reprenant, entre autres, le standart Ramblin' Rose, joué à la manière des MC5 (encore une preuve de leur bon goût). On quitte le Poste peu après, ravis d'avoir assisté à un concert où l'on a pu écouter une musique réellement authentique, à cent lieues des artifices de la hype.
Critique écrite le 21 octobre 2013 par Phil2Guy
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