Accueil Chronique de concert Cascadeur - The Bewitched Hands
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Chronique de Concert

Cascadeur - The Bewitched Hands

Cascadeur - The Bewitched Hands en concert

Cargo de Nuit - Arles 12 Novembre 2010

Critique écrite le par

Soirée "artistes CQFD" au Cargo de Nuit à Arles ce 12 Novembre 2010. Cascadeur en première et The Bewitched Hands en seconde partie (deux groupes lauréats du concours "Ceux Qu'il Faut Découvrir" des Inrockuptibles).

Je dois avouer que, même si j'en ai beaucoup entendu parler (et toujours en bien), je ne connais pas grand chose de l'univers musical du premier. Il faut dire que ce qu'on m'a raconté ou ce que j'ai lu ne me font pas super envie : une tête masquée, des claviers et une voix androgyne, ce n'est pas nécessairement ma tasse de thé (d'ailleurs, je n'en bois pas, du thé). Pourtant, je dois avouer maintenant que je l'ai vu que ce Cascadeur a une certaine classe, et que ce qui pourrait paraître complètement artificiel (je ne suis malgré tout pas convaincu par le port du casque sur scène) est à prendre comme un tout, un ensemble, qui du costume à l'habillage vidéo servent l'univers musical de ce mystérieux casse cou. Bon... Casse cou... Faut pas exagérer non plus. Ne surtout pas s'attendre à un show avec un mec qui saute d'une échelle dans un seau rempli d'eau. Les seules cascades auxquelles on aura eu droit sont une descente de l'escalier du Cargo avec un porte voix dans la main, le mime d'un marcheur avec les doigts (en chantant en même temps, tout de même) et une sortie de scène avec une lampe de poche. Pas que je sois déçu par ce manque d'acrobaties, mais je tenais quand même à signaler que les acrobaties sont ici plus vocales que physiques.



Après son entrée par l'escalier qui descend du balcon du Cargo, Cascadeur commence son set par un instrumental. Le décors est presque entièrement planté lors de cette introduction : un piano mélancolique (deux claviers en réalité), une musique électronique planante, un énergumène déguisé en aviateur russe (ou en cosmonaute ?), un écran sur lequel sont projetés des films ou des effets de lumières (qui se reflètent sur le chanteur). Il ne manque qu'une chose sur ce premier titre, mais pas des moindres : la voix de Cascadeur que l'on aura le plaisir d'entendre sur tous les autres morceaux. Cette voix si particulière. Une voix à la Antony (d'Antony and the Johnsons), une voix androgyne et douce qui fait qu'on est happé quand il commence à chanter. Les "artifices" visuels se transforment en accompagnements aussi importants sur scène que les bruitages et autres instruments détournés dont Cascadeur use en essayant de ne pas abuser.



Le centre de l'univers de Cascadeur reste malgré tout cette voix, et ce son de piano qui se marient à merveille. Outre Antony, cet univers m'évoque des morceaux comme celui composé par Ennio Moriconne pour À l'aube du cinquième jour, voir même certains morceaux de Keith Jarret (les morceaux les plus lents du Köln Concert). Il me fait penser aussi à certains titres de Sébastien Schuller (que j'ai eu la chance de voir dans cette même salle il y a déjà cinq ans), en beaucoup plus minimaliste ici, et... sans atteindre les sommets des morceaux magistraux de Happiness .



Si on peut penser, au début du concert que ce casque d'aviateur sert à lutter contre ce qui pourrait être de la timidité, on réalise quand il le remplace par un masque de catcheur mexicain que ce n'est vraisemblablement pas le cas. Que c'est plutôt le casque qui rend timide, puisqu'après la très belle Walker (première chanson après le changement de tête), Cascadeur semble se détendre, parle avec le public, le fait participer en répétant des mots qui s'affichent sur l'écran et se permet même quelques petites blagues (qui, à ma grande surprise, fonctionnent). Même si je ne suis pas aussi conquis que certains de mes voisins de soirée, je dois reconnaître que ce Cascadeur sait y faire, et que c'est plutôt une belle découverte. Il conclut par un "vous avez de la chance, après moi, il y a les Bewitched Hands, personnellement, j'aime mieux ce qu'ils font eux que ce que je fais moi" provocant un rire général, et qui permet de penser qu'il n'est définitivement pas si timide que ça, et pourrait aisément laisser tomber le masque.



Si je ne connais par grand chose à propos de Cascadeur, il n'en est pas de même au sujet des Bewitched Hands (anciennement On The Top Of Our Heads). Depuis un peu plus de deux ans en effet, un ami rémois virtuel me bassine avec ce groupe, me lance des "il faut que tu écoutes ce titre d'eux", des "c'est le meilleur groupe du monde". Pendant environ un an, avant de les voir et de les entendre de mes yeux et oreilles, je me suis dit que cet ami (salut Bertrand!) avait sans doute un peut trop côtoyer de marseillais et qu'il en faisait sans doute un chouïa trop à propos des Bewitched Hands. Et puis voilà, le 4 juillet 2009, dans une ambiance assez étrange, j'ai vu Les Bewitched Hands en concert. L'ambiance était étrange du fait d'une organisation assez approximative (un mini festival dans un village du Vaucluse). Le groupe devait jouer à 23 h après trois autres, et ils n'ont joué qu'à 2 h du matin. Grace à la lenteur des changements de plateaux et à l'impossibilité de faire une balance pour chacun des groupes, les Bewitched Hands sont monté sur scène ce jour là "légèrement" énervés, et avec une rage non dissimulée. Ils ont su enflammer les derniers spectateurs de cette nuit et graver dans nos mémoires le souvenir d'un concert à la folie inoubliable.



Du coup, je guettais la sortie de leur album (Birds & Drums, paru le mois dernier), du coup j'attendais impatiemment qu'ils reviennent jouer dans le sud, du coup, j'avais peur d'être déçu par les deux (l'album et leur concert). Autant le dire tout de suite, je n'ai pas été déçu. Et si The Bewitched Hands n'est pas "le meilleur groupe du monde", c'est en tout cas celui qui fait exactement la musique que j'aime et que j'ai envie d'entendre en ce moment. Des guitares endiablées, de la pop, du rock, du folk psychédélique lumineux et enthousiasmant, des mélodies entêtantes et des harmonies vocales sublimes, The Bewitched Hands, c'est tout ça à la fois. L'énergie avec laquelle ils jouent (et qui n'était certainement pas seulement due à de l'énervement il y a un peu plus d'un an à Sainte-Cécile les Vignes) est communicative et donne envie de bouger les mains au dessus de nos tête et le cul en dessous de nos pieds. (Cette énergie, généralement si difficile à garder en studio est d'ailleurs intégralement gravée sur Birds & Drums).



Bien sûr, il y aura toujours quelques pisses froids qui ne se laisseront pas emporter par la musique exaltante des Bewitched Hands, qui auront la comparaison facile avec d'autres groupe tentés par le style "chorale pop", ou s'attarderont sur de petites fautes d'accent sur certains mots anglais... Mais il faudrait avoir les oreilles plâtrées et de la merde dans les yeux ou être complètement blasé pour ne pas adhérer aux chansons de ces enfants terribles et ne pas les trouver beaux comme des dieux. La beauté de leurs compositions et la générosité de leur performance donnent en effet aux six membres de ce groupe une noblesse et une grâce esthétique visuelle et auditive rarement égalée.



Leur concert commence (comme l'album) avec des guitares à la Brian Jonestown Massacre, introduction de Happy With you , déclaration de joie à laquelle succède la très électrique et harmonique Underware. Les Bewitched Hands ont ensuite joué la plupart des chansons de Birds & Drums, de la chanson titre à Work en passant par le single Sea et la déjantée 2 4 Get, délices mélangeant des harmonies vocales dignes de celles des Beatles, des riffs de guitares sortis des 70s, et des hurlements d'un Daniel Johnson soudainement devenu mélodique. Benjamin Pinard chante en transperçant la salle du regard, Anthonin Ternant danse et chante sur scène et dans la fosse. Leurs guitares virevoltent (surtout celles d'Anthonin qui le font littéralement) et les quatre autres (Sebastien Adam - guitare & clavier, Nicolas Karst - basse, Baptiste Lebeau - batterie, et Mariane Mérillon -clavier, percussions et choeurs) assurent une rythmique et des mélodies de grande classe. Ils nous ont offert deux nouvelles chansons (I don't Know et I Love You - je ne suis pas sûr des titres), et une "très" ancienne (I'm in Slim) sur laquelle on trouvait déjà tout ce qui fait des Bewitched Hands un groupe à part.



Même si j'en attendais beaucoup, ce concert fut donc, au contraire d'être décevant, un pur moment de bonheur musical, le prolongement parfait de leur excellent album, la joie de vivre sur scène en plus. Après un concert comme celui là, Il ne reste plus qu'à attendre qu'ils reviennent jouer dans le coin ou sortent vite un autre album. T'avais raison Bertrand : The Bewitched Hands est peut-être bien le meilleur groupe du monde. C.Q.F.D.



Cascadeur : www.myspace.com/cascadeur
The Bewitched Hands : www.myspace.com/handsbewitched

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