Chronique de Concert
Emilie Simon + Medi and The Medicine Show
Je ne vais pas faire genre je l'ai connue avant qu'elle le devienne (connue), car peu de temps avant d'aller la voir je n'étais même pas certain de vraiment savoir qui elle était. D'elle, je ne connaissais (depuis peu) que son dernier album Végétal, sorti récemment, et qui je l'avoue m'a bien plu (et pourtant il est considéré par certains comme décevant). Je me retrouve donc au concert par envie et curiosité de voir ce que tout cela peut bien donner sur scène, mais aussi parce que je suis décidément trop gentil (c'est bien connu).
Plein de monde donc sur le Cour Ju, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas vu une aussi grande queue pour un concert (Louise Attaque peut être). Bonheur d'être accrédité presse à l'Espace Julien, on ne fait pas la queue. C'est donc dans une salle guère remplie (mais avec déjà un bel attroupement devant la scène, bande de pervers va) que je pénètre quelques minutes avant que Medi and The Medicine Show ne commence.
Le dis Medi est seul sur scène avec sa guitare sèche et joue des morceaux rock entraînants (la seule référence qui m'est venue à l'esprit c'est John Butler Trio - visiblement je ne suis pas le seul - mais en même temps c'est peut être l'une des rares du genre que je connaisse), communique pas mal avec le public, le feeling passe pas mal, ce qui est assez rare pour une première partie dans ce genre de concert. Il me semble d'ailleurs avoir lu quelque part qu'il accompagnait Emilie fut un temps. En tout cas c'est agréable comme première partie, pas super original mais tantôt posé, tantôt plus énergique. Le garçon a un talent indéniable, une bonne voix et assure avec une remarquable efficacité son show seul sur scène face au public. Jolie présence, toutefois ternie par un problème de son qui l'obligera à terminer son set la guitare débranchée avant de s'éclipser un peu brusquement.
Le chemin pour ravitailler est ardu tant la salle s'est considérablement remplie entre temps. Il fait désormais une chaleur moite qui a au moins le mérite de nous plonger dans une ambiance végétale...
Viens donc le tour d'Emilie Simon, divine créature dotée d'un charme et d'un charisme assez impressionnant. Timide et intimidante à la fois. J'étais assez curieux de voir ce que ce genre de musique pouvait donner sur scène, moi qui ne suis pas trop familier de tout ce qui touche à l' électro. Miss Simon est accompagnée sur scène par son groupe pour le moins original, composé d'un percussionniste, d'un gars aux machines, d'un guitariste et d'un violoncelliste. Tout deux paraissant bien classiques en comparaison des deux premiers cités tant ils utilisent des instruments peu conventionnels, machines bizarres et clignotantes pour le premier (dont un panneau sonore à capteur de position assez intriguant), vasque d'eau et autres tubes pour le second qui n'hésite pas non plus à aller marteler les cordes du piano d'Emilie quand celle-ci y officie.
La chanteuse, elle, prend tantôt la guitare, tantôt le piano au grés des morceaux. Parfois, aucun des deux lui permettant un plus grand dynamisme sur scène armé de son bras électronique qui n'a pas l'air de servir à grand-chose mais qui ajoute au charme de sa tenue élégante et envoûtante.
Je m'attendais à m'ennuyer un peu, vu le style assez calme des disques, mais la présence de ces nombreux instruments et le peps de la chanteuse captivent, on s'amuse a regarder tous les objets utilisés aux fils des morceaux, à scruter la scène avec curiosité ou à se laisser envoûter par le charme de cet ange tout de noir vêtu. Les morceaux calmes sonnent parfois un peu mous, le public un poil bobo trentenaire n'étant guère "agité" (ça remue bien vaguement la tête mais pas de quoi se décrocher une vertèbre), mais rapidement compensé par une alternance avec d'autres morceaux plus rock. Je reconnais certaines musiques de Végétal (Alicia ou la magnifique et très "Elfmanienne" Sweet Blossom), on me souffle que certains (mais peu) sont tirés du premier album ou de la BO de La marche de l'empereur.
Les morceaux s'enchaînent donc entre dynamisme et moment plus posés quand Emilie passe au piano. Arrive la fameuse reprise de I wanna be your dog, d'abord calmement pour le refrain puis plus rock et pétaradante. Le concert déjà plutôt long se termine sous une grande ovation et le groupe ne tarde pas à revenir pour jouer quelques morceaux de rab. Nouvelle ovation soutenue et nouveau rappel cette fois en compagnie de Medi qui l'accompagne à la guitare pour un joli moment plein de complicité. Jamais deux sans trois pour un ultime rappel pas forcement prévu mais fortement réclamé par le public. Et puisque c'est la dernière date de la tournée autant se faire plaisir. Emilie Simon achève donc son long set par deux reprises (Come as you are et True Colors) seule avec son piano. J'avoue, je suis complètement sous le charme de la dame.
Pas très fan du genre musicalement parlant, la délicieuse Emilie et son groupe ont pourtant réussi à me conquérir, sans être exceptionnel, le show est sincère, beau, captivant et surtout éclectique aussi bien musicalement qu'au niveau des situations, offrant une bénéfique originalité, on n'a pas l'impression de voir 1h30 du même concert et on se prend à attendre avec impatience de voir à quelle sauce on va être mangé sur le morceau suivant.
Le concert se termine ainsi sur des ultimes au revoirs et remerciements, elle parait tellement sincère et émue, ça fait plaisir, le public semble conquis... Voilà une bien jolie manière de passer un doux vendredi soir de début d'été. Partie neutre, j'en sors content, sans avoir vu le concert de ma vie, j'ai passé un moment bien agréable et je n'avais plus été autant charmé par une chanteuse depuis Roxy Epoxy.
Critique écrite le 30 mai 2006 par Zhou
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