Accueil Chronique de concert Garden Blues Festival : Mariotti Brothers + Michael Jones
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Chronique de Concert

Garden Blues Festival : Mariotti Brothers + Michael Jones

La Barasse - Marseille 15 Juin 2006

Critique écrite le par

Ce soir, le jardin de la Barasse ressemble à une cours d'école préparée pour un spectacle de fin d'année. Il y a les stands des sandwichs, de boissons, de gateaux faits maison, une vente de billets de tombola et, bien sûr, la scène. Celle-ci est déjà occupée par les 2 sets d'instruments, et derrière elle se dresse un impressionnant mat métallique fleuri de projecteurs. Il y a des gens de tous âges, des gens du quartier. En attendant ils se sont assis à la périphérie du jardin, un peu comme le font les adolescents dans les boums au moment des slows. Seuls les habitués, les prévoyants, se sont installés sur leurs chaises pliantes au milieu de la cour.

Il est presque 21h00, les poursuites motorisées commencent à bouger, comme pour marquer un signe d'impatience. Le maître de cérémonie monte sur scène suivi des élus locaux "sans lesquels cette manifestation n'aurait pas lieu" et "les prix des places ne seraient pas si bas". Ce soir il ne dira pas sa traditionnelle formule "Amis du blues bonsoir" qui au bout de 16 ans a eu raison des nerfs des régisseurs, mais rappellera la disparition, il y a 10 ans, de Marcel Dadi.

Les Mariotti Brothers entrent en scène, ou en selle devrais-je dire, sur the wild bunch de Morricone (une déclinaison des Walkiries à la sauce far-west). Jeans, Chapeau Texan, Chemise Wrangler, et bottes, Philippe et Laurent arborent la tenue du parfait cowboy pour nous livrer une musique country. S'ils chantent tous les deux à tour de rôle ou en choeur, le premier joue exclusivement de la guitare électrique utilisant une technique d'hybrid picking, tandis que le second épaule guitare folk et violon. Pour les accompagner, un bassiste très sérieux devant son pupitre de partitions qu'il suit des yeux comme un prompteur (on apprendra à sa décharge à la fin de la prestation que celui-ci est un nouveau venu dans le groupe),un batteur au jeu assez épuré, et un troisième guitariste. Ce dernier très discret, suit d'un regard bienveillant le show des 2 frères qui se livrent à un numéro de duettistes assez bon enfant au centre de la scène : lorsque le premier vient soulever le chapeau du second, celui -ci répond en lui agitant les jambes pour le faire danser comme le King, ou bien encore ils s'imitent en train de jouer...
Au bout de quelques compositions de leur dernier album real life et d'une reprise d'un compositeur "pas très connu" (Bod Rubloff ?), tels les acadiens tout le monde est entré dans la danse, battant du pieds de façons quasi incontrôlée les pavés du jardin au rythme de country boys. Les compositions sont courtes et énergiques juste ponctuées d'un "merci" voire d'un "thank you". Les deux frères se lancent dans des solos sous forme de question-réponse à la guitare et au violon, tandis que le dernier six-cordistes abandonne sa guitare folk pour se livrer à un inventaire des techniques country, assis derrière sa steel pedal, ou debout aux manches d'une Télécaster et d'une Lespaul, passant du solo bien rock au bottleneck sur Wild wild woman, au fingerpicking sur Lonesome driving man...
Une petite parenthèse classique avec le solo de violon du morceau half tempo country, morceau au travers duquel les Mariotti Brothers rappellent le chemin musical qui les a amené jusqu'à la musique country. Puis retour à un titre plus pêchu Lonesome driving man où le batteur y met un peu plus d'entrain.
Après une heure de prestation pour 15 titres menée au trot, au galop mais jamais au pas, le temps des présentations est venu et pour moi celui d'apprendre que le troisième guitariste n'est autre que le daddy des 2 frères.
Les Mariotti Brothers quittent la scène, sous les applaudissements du public, tels deux lonesome cowboys accompagnant le soleil derrière les collines du Garlaban .



Le temps pour moi de passer au saloon boire un coca, avant qu'à 22h30 le "gallois français d'adoption" Michael Jones, petites lunettes rondes et complet noir entre à son tour sur scène.

Le début du set est sobre et intimiste : Michael Jones, seul, assis, une guitare folk à la main, est rejoint par un "copain" marseillais harmoniciste. Le jeu de guitare est posé et assuré, le son de l'ampli chaleureux laisse échapper les bruits des glissés sur les cordes. Second titre et premier changement de guitare. En fait on découvrira au fur et à mesure de sa prestation, qu'il est sur scène comme un chirurgien en salle d'opération, sur chaque morceau son assistant s'empresse de lui porter l'instrument adéquat. Pour celui-ci, c'est une guitare à résonateur (pour vous faire une idée repensez à la pochette de Brothers in arms de Dire Straits). Transposé pour être accompagné à l'harmonica, J'aime les autres, d'habitude joué avec un orchestre symphonique, est une interprétation exclusive pour le Garde'n Blues...Ou plutôt une répétition : affichant une décontraction qui ne le rend que plus sympathique, Michael Jones se perd sur le morceau et préfère le reprendre du début. Petite attente pour le morceau suivant en raison de piles défectueuses pour son électro-acoustique, prétexte à une nouvelle note d'humour . Sur ce titre aux ambiances celtes, interrompu cette fois par la venue d'un moustique imprévu, les autres instrumentistes prennent discrètement place dans l'ombre. Michel Deshays à la batterie place quelque coups de tom bass alors que Jacky Mascarer derrière ses claviers enrichit l'espace sonore de ses nappes. C'est sur le blues suivant "composé par un autre copain de Marseille" que Claude Le Peron, au manche de sa 5 cordes, vient compléter la formation. Contestant qu' "on ne peut (paraît-il) pas faire de blues en français à Marseille" Michael Jones interprète Je commence demain sur lequel le public, dont le dynamisme est comparé à celui de l'équipe de France face à la Suisse, est invité à chanter des "You-ou-ou". Le frère que j'ai choisi dans une veine plus variété vient terminer la "partie assise" du concert.
Pour entamer la seconde partie, non pas "couchée" comme l'ont réclamée quelques admiratrices,Michael Jones lance un Hey mister au riff principal rappellant presque Aerosmith et qui lui permet de s'illustrer avec un très bon solo. S'en suit un P'tit blues peinard et Dans la fumée plutôt variété et servi cette fois d'un solo de guitare de Jacky Mascarer, ce dernier prennant la place de leader vocal sur le titre suivant.
La superbe reprise qui suit, Say it ain't so, Joe, ne figurera finalement pas sur son album de duos en raison d'une discorde avec sa maison de disques : "les maisons de disques, ceux qui refusent les télépéages et vendent les disques trop chers". A ce moment précis Michael Jones m'est définitivement sympathique.
Lorsqu'il plaque les premiers accords de quand la musique est bonne le public répond du tac-o-tac par "j'ai trop saigné sur les Gibson", mais même s'il répète ce jeu de question-réponse, il ne jouera pas le titre attendu mais un blues. Se revendiquant défenseur des "cafconc'", tremplin pour jeunes artistes, il reprend boogie man, et évoquant ces infortunes auprès des filles qui "ne font pas le slow" ou "garde le sac de leur copine", lors de bal populaires, il interprète un morceau de country sur l'Irlande.
A nouveau seul, puis rejoint par ses instrumentistes pour faire le choeurs, il chante Je te donne en duo avec le public. Puis au grand complet le groupe interprète Un dernier blues pour toi et Marcher dans Memphis, pour terminer par deux standards du rock Got My Mojo Working de Muddy Waters, et I feel fine des Beatles.



00h10 Presque contraint de quitter la scène, Michael Jones aura fait une très bonne prestation tant musicale qu'humaine, qui aura ravi ses fans et fait passer un très bon moment aux autres dont je fais partie.

Photos de Dimitri

 Critique écrite le 20 juin 2006 par Fred


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