Accueil Chronique de concert Philippe Katerine (featuring Lomepal)
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Chronique de Concert

Philippe Katerine (featuring Lomepal)

Philippe Katerine (featuring Lomepal) en concert

Le Silo - Marseille 13 décembre 2019

Critique écrite le par

Bonjour. Vendredi 13 décembre 2019 je suis allée au concert de Philippe Katerine et je suis mandatée pour écrire une chronique. Je ne me sens pas d'écrire ça hors l'abyssal contexte me reliant à Philippe sinon à son œuvre, excusez donc la digression des quelques vingt années nous séparant dudit concert : Philippe et moi c'est une histoire d'amour avec sa genèse, sa crise des sept ans surmontée, et le quotidien qui s'est installé depuis une vingtaine d'années. Pourtant, loin de moi l'idée d'être amoureuse du gars. Il est tout simplement mon "meilleur ami imaginaire". Partageant mes rêves, mes élans musicaux et ma façon de voir le monde. Une petite interview sur Youtube et je retrouve le smile, comme quand j'appelle un vieux pote.



La genèse, ce sont trois albums qui ont changé ma vie. D'abord sur une K7 repiquée, "Mes mauvaises fréquentations", que je conseille à tous les néophytes ou les sceptiques : à écouter entre Nice et Monaco, l'été, vitres ouvertes si pas de décapotable. Mise à part la chanson "Copenhague" que l'on réservera pour l'hiver, au coin du feu, si possible après une rupture. Puis arriva le dyptique "L'homme à trois mains" et "Les créatures". J'avais opté pour les disques compacts cette fois-ci. A écouter dans le noir, sur son lit, comme quand j'ai pris cette deuxième claque. Cette fois-ci mon pote me racontait la vie, des scènes, des ambiances, je devenais accro à son style, à ses mélodies cf. le magistral "Gare Montparnasse", une ritournelle qui me revient souvent, "Jésus-Christ mon amour" dont rien que le titre est un manifeste katerinien. Katerine était en train dans mon cœur de détrôner Gainsbourg, poète, auteur-compositeur. Et le voilà qui écrit un album pour la sublime Anna Karina, quel génie ! Katerine qui fait chanter les femmes, Katerine et le cinéma (cf. son film "Peau de cochon", sublime scène avec notre autre ami Dominique A, plus toutes ses interprétations en que comédien de "Peindre ou faire l'amour" au récent "Le grand bain" en passant par "Je suis un no man's land" dont la scène avec la fan qui le poursuit résonne bien chez moi il va sans dire, bref autre chose que les nanars gainsbouriens). Puis vint pour moi l'album de la crise : "Huitième ciel". Pourtant bien critiqué j'y voyais une version trop mainstream de ce que j'aimais, trop arrangé, trop lisse, trop référencé (cf. "Barbecue à l'Elysée"). Petit bémol pour "Où je vais la nuit" qui plane au-dessus du lot. Heureusement en ces temps troublés il y eut quelques belles collabs avec les Herbalisers et la superbe chanson "Serge" : Katerine tombe sur Gainsbourg qui va acheter des clopes : Comment l'aborder ? Que lui dire ? Cette chanson illustre parfaitement les gouffres de questions m'habitant quand il m'est donné d'envisager l'éventualité d'une rencontre avec Philippe dans le monde réel. Enfin, c'est le tournant "Robots après tout" (une référence à l'excellent "Human After All" des Daft Punk). Bon j'avoue ne m'être jamais remise de ce changement de façon de chanter. J'aimais beaucoup la chanson "78-2008", étant moi-même née en 78, je m'accrochais à elle pour voir au-dessus de celui qui allait devenir le sempiternel "Louxor j'adore". Je sentais bien que la chose était en train de m'échapper. Pourtant j'allais voir mon premier concert de Philippe cet été-là, à Sumène en Cévennes, cadre idyllique pour une première rencontre. Nous pogotâmes sur "Louxor j'adore" et consort et bien que n'ayant pu me rendre comme prévu en backstage je garde un souvenir ému de ce premier concert.



Au fil des ans, Katerine devint un incontournable pour beaucoup, marqués par Louxor que l'on matraquait en soirée (je préférais pour ma part me déchainer sur "Borderline" que je trouvais extrême, à la limite, une drogue pour décoller). Cette même année l'homme que j'aimais m'offrit "Doublez-votre mémoire", le journal graphique de Philippe, puis il me largua après dix ans de vie commune. Grâce à cet ouvrage je me rapprochais un plus de Philippe et découvrais sa vie, ses talents en dessin aussi, puisque son talent narratif lui, n'était plus à démontrer. C'était aussi l'époque des 52 reprises dans l'espace dont je retiens le louable "Partir un jour", chaque semaine à attendre la reprise pépite de Philippe, de Francis et ses peintres. Se succédèrent quelques albums qui ne m'émurent plus même si Philippe faisait dorénavant pour toujours partie de mon univers mental. Il apparaissait maintenant régulièrement en rêve, mon ami, nous nous disputions parfois.



Un jour je revenais de chez ma mamie et j'entendis Philippe entonner sur France Bleu "Le grand sommeil" (un chef d'œuvre de la chanson française), quand Etienne Daho l'eut rejoint je pleurais quelques larmes de joie en quittant Montélimar. Depuis, je n'attends plus grand chose que cette voix de fausset, j'essaie d'être humble dans mes attentes, la passion n'a lieu qu'au début et il fallait se résigner, ça faisait un moment que ça durait. Quelques hits sympas: "Sexy cool" sur l'album Magnum qui met la pêche et fait bouger ton boul. Il y a deux printemps Katerine est annoncé pour une lecture dans le cadre du festival "Oh ! Les beaux jours". Je ne prends pas de place, tous mes potes y vont, marre de ce succès. Et puis marre que tous les gens qui m'en parlent le trouvent drôle et second degré. Le premier degré est très présent dans l'œuvre de Katerine, et la gravité, et la mélancolie, et la poésie, et l'intensité, alors j'en ai marre je n'ai pas envie d'aller le voir avec des gens qui le considèrent comme un clown. Donc je n'ai pas de place. Mais en me réveillant de ma sieste je sursaute, ne suis-je pas folle ? Katerine est au Mucem et moi là à trainer en pyjama ? Je saute dans mes baskets et traverse la ville en courant (en prenant soin d'emporter un cadeau et mon vieux bouquin "Doublez-votre mémoire"). J'arrive à la dédicace, quelques personnes seulement. Philippe me signe amicalement le livre, plus les deux nouveautés que je viens d'acquérir : "Ce que je sais de l'amour", "Ce que je sais de la mort", pas mal ! Il m'offre la place pour la lecture et nous nous tapons la bise, il est exactement comme d'habitude (dans mes rêves) et donc c'est hyper cool comme moment. Puis il pleut et la lecture est annulée, le public est offusqué : n'aurait-on pas pu nous déplacer dans l'amphithéâtre du Mucem ? Ah ! Marseille quand il pleut ! 



Ce qui nous amène enfin, à ce concert du 13 décembre, une amie m'a offert la place pour mon anniversaire donc je ne me mangerais pas le cerveau à savoir si oui ou non je dois y aller. Puis un autre ami me propose la chronique : alors là je suis tellement honorée ! Ce nouvel album "Confessions" (référence à Rousseau ?) je n'y adhère que modérément. D'abord je trouve le visuel pourri. Une bite à la place du nez est très dérangeante, donc très efficace aussi si c'est l'effet recherché. Puis j'ai écouté quelques-fois les morceaux franchement les chanteurs choisis pour les duos ne sont pas mes préférés (Angèle, Lomepal) sinon vraiment pas mon genre. Par contre j'ai vu quelques extraits en trio que je trouve beaucoup mieux que sur l'album (Philippe ; Anne Shirley la choriste et Gabriel le guitariste) c'est très beau et percutant (mon petit garçon et moi on chante souvent "Stone avec toi", mention spéciale à la chanson "Bonhomme" qui est bouleversante vue dans l'extrait d'une émission de Ruquier), intime, on entend bien le propos. Bon j'arrive au concert en mode sportif, j'ai mis une jupe rouge ambiance majorette style vedettes (ces filles qui accompagnaient Philippe un temps) et des baskets, Philippe arrive en jogging on est encore raccord : c'est parti.



On va pouvoir bouger dans le son, Philippe parle de "coït musical". Ça commence avec "Stone avec toi", puis ça enchaine sur "Louxor j'adore", les morceaux dépotent bien, ça groove, il y a du son, c'est très percussif et électro. J'essaie de lancer un pogo mais le gros à côté de moi me lance un coup de coude invalidant dans le nichon. En plus il fait que me souffler à l'oreille que ce type (Philippe Katerine) est une imposture, je lui promets que l'on pourra reparler de ça à un autre moment et qu'en son temps aussi Gainsbourg faisait parler les gens dans le même sens. Puis vient le moment du medley : alors là j'ai bien peur qu'on touche le fond, mais tout le monde est content. Ça danse, ça smile, bon, j'avoue, je ris pas mal aussi. Franchement "Bonjour je suis la reine d'Angleterre et je vous chie à la raie" sur album je vois pas trop à quoi rime cette phrase mais là c'est jouissif (d'ailleurs Philippe nous demande peu après si on s'est déjà branlé en faisant caca, c'est très dérangeant et cocasse s'il en est). Pourtant, pour revenir au medley (excusez-moi les gens qui ont travaillé dur sur ce set), je trouve ça affligeant. C'est quoi le concept ? Je crois que c'est tronquer les morceaux, en les enchaînant comme on mélange les restes du frigo un dimanche soir de déprime. Le public s'éclate il y a "Des bisous", "La moustache", "Marine Le Pen" et la très attendue "Banane".



Le son explose, c'est fatiguant (il faut dire que je suis près des baffles). Voilà où nous en sommes : beaucoup de bruit, beaucoup de lumière, une scéno agrémentée de doigts géants en plastique, c'est beaucoup, c'est du lourd et ça envoie. C'est la première fois que je viens au Silo, une salle de concert sponsorisée par la Caisse d'Epargne me laisse perplexe. Je pense aux gens des balcons, je trouve ça étrange aussi, ces gens qui ont choisi de ne pas danser et d'être loin, comme dans un théâtre à l'italienne, entendent-ils mieux le texte ? Nous ici dans la fosse entendons peu le propos. Même quand Philippe me fait le plaisir d'entonner l'excellente "Excuse-moi" je suis extrêmement heureuse, chante et me trémousse mais me dit que les arrangements ne permettent pas de saisir nettement les mots.



Heureusement nous pouvons finir ce marathon du tube avec mon très attendu "Sexy cool", pas tronqué il me semble, avec la magnifique Anne Shirley qui s'impose de sa beauté plastique et de sa présence envoutante, la chorégraphie originale quant à elle n'est pas reprise. Un peu de répit ensuite : l'ensemble des musiciens enfile des lunettes agrémentées de nez-bite, j'ai déjà dit ce que j'en pensais. C'est dommage tant de beauté masquée (non mais Anne Shirley!!!). Puis changement de vêtement Philippe enfile un costume assez classique et tout katerinien : veste et pantalon bleu ciel sur sous-pull, ça s'apaise. Voilà-t-il pas qu'il convoque Lomepal et entonne "88 pour cent", franchement je n'y tiens pas, ok le propos est juste mais peu étoffé et la mélodie pauvre. Il chante aussi "Bonhomme" mais j'ai du mal à me sentir touchée bien que cette chanson soit bouleversante. J'avoue je trouve ça long, j'aurai besoin que ça s'apaise, je cherche la musique, j'entends mal l'excellent guitariste Gabriel.



Quelques moments resteront pourtant. Entre deux mains au cul du gars qui prend ça pour une vaste fumisterie (et veut me débaucher pour aller faire des babys à la Plaine) :
- un solo à la flute à bec (autre passion commune) mais je ne sais plus sur quel morceau,
- et le final en toge sur l'excellent "Moment parfait" extrait de l'album "Le film". C'est fini, deux heures de set, belle performance ! Je parle un peu avec le jeune Gabriel, le guitariste qui m'explique qu'il a comme beaucoup découvert Katerine avec "Louxor j'adore" quand il était au lycée. Puis, vague salut à Philippe Eveno, première partie que j'ai ratée. Je suis très déçue ne pas avoir entendu ce guitariste, collaborateur de longue date de Philippe, je ne sais pas ce qu'il a joué, je n'avais pas percuté que c'était lui et je m'en suis malheureusement dispensée, pauvre con que je suis.



Je rencontre aussi Antoine au merchandising, il me parle du docu-fiction que Katerine a imaginé sur lui, je me promets de visionner "Antoine, Antoine, Antoine" ça a l'air chouette. Je discute avec pas mal de gens, un groupe de nanas venues de Gap ambiance institutrices, elles ont beaucoup aimé. Laurent mon pote qui ne connaissait pas se dit "agréablement surpris", tout le monde a la banane. Et moi je pars aider une copine de qui les clefs du casier sont restées dans la poche du mufle bourré qui l'accompagnait et qui est rentré chez lui en plein concert. Retour à pieds, on évite les rats à travers la nuit, il est une heure, il n'y a plus de tram. Pendant ce temps Philippe roule vers Paris, la nuit, couchettes et fiesta avec le band et une petite crève qu'il nous a subtilement cachée pendant le concert. Demain c'est la Cigale qui vous attend, "Monsieur Katerine".

Moogarnoux, pour vous servir.


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